France

Réforme des retraites : Laurent Berger estime qu’utiliser le 49.3 serait « dangereux »

Laurent Berger met une nouvelle fois en garde le gouvernement sur le chemin à ne pas suivre pour faire passer la réforme des retraites. Ce dimanche, le secrétaire général de la CFDT avertit ainsi que recourir à l’article 49.3 pour faire adopter le texte serait « dangereux » et constituerait « une forme de vice démocratique ».

« Le débat n’a pas eu lieu à l’Assemblée nationale et il a été accéléré au Sénat, alors que ce dernier a l’habitude d’aller au bout des textes dans une ambiance sereine. Dans ce contexte, adopter cette réforme grâce au 49.3 est impossible », juge le leader syndical dans une interview au JDD.

Le texte adopté au Sénat

« Adopter via cette procédure hâtive une réforme à la fois très impactante pour la vie de dizaines de millions de gens, injuste de notre point de vue et mal bricolée, ce serait une forme de vice démocratique », poursuit-il. « Que la fin de l’histoire soit un 49.3, ça me paraît incroyable et dangereux ».

A l’inverse, « si le Parlement vote le texte, mais c’est loin d’être fait, il faudra en prendre acte », reconnaît-il, tout en estimant que « quoi qu’il en soit, le monde du travail en entier rejette cette réforme ». Le Sénat a d’ailleurs adopté le texte samedi soir par 195 voix contre 112. Le projet de loi doit maintenant aller en commission mixte paritaire (CPM) qui réunira mercredi 7 députés, 7 sénateurs, et autant de suppléants dans une salle à huis clos du Palais-Bourbon avec l’objectif de parvenir à un compromis sur les mesures qu’Assemblée et Sénat n’ont pas votées dans les mêmes termes.

« La détermination qui s’exprime dans la rue », après sept journées de mobilisation à l’appel de l’intersyndicale et avant une huitième mercredi, « est en train de se transformer en colère », avertit par ailleurs Laurent Berger, qui réitère l’appel des leaders syndicaux à l’organisation d’un référendum sur le recul de l’âge légal de la retraite à 64 ans. Pour lui, « la contestation du monde du travail est massive, profonde et durable », et « ce n’est pas parce que ce texte serait adopté que les gens vont se dire : « On passe à la séquence suivante ». Ça, c’est ce que les technos qui conseillent le gouvernement croient. Et ils se trompent ».

La violence pourrait être « une conséquence malheureuse »

Et « si la loi est adoptée sans tenir compte de l’expression du mouvement social, on ne se retrouvera pas, le lendemain matin, en train de discuter comme si de rien n’était ». « Je ne cautionne jamais la violence. Après, peut-être que ce sera une conséquence malheureuse face au mépris auquel nous nous heurtons. Il y a un ressentiment très profond dans le monde du travail », met-il en garde.