France

Réforme des retraites : Face à la pénurie d’essence, les infirmiers alertent sur les risques pour les soins à domicile

Avec le blocage et les grèves qui affectent plusieurs raffineries françaises dans le cadre de la réforme des retraites, la pénurie de carburant touche de plus en plus de stations-service. Au niveau national, plus de 14,30 % d’entre elles seraient désormais touchées partiellement ou totalement, avec une plus forte incidence dans certaines régions comme PACA ou l’Occitanie. Sur ce territoire, les professionnels de santé commencent à entrevoir des difficultés à pouvoir remplir leur réservoir et assurer leurs visites à domicile.

« Nous avons déjà beaucoup de remontées nous indiquant des difficultés d’approvisionnement, avec tout ce que cela engendre comme stress. Les tournées sont déjà très chargées, si en plus on doit passer deux heures à faire la queue à la pompe pour s’entendre dire qu’il n’y a plus d’essence, ce n’est pas possible. Si on ne va pas voir certains patients, ils finiront aux urgences, déjà engorgées. Si on va chez eux ce n’est pas pour rien, ce sont des personnes fragiles et sur lesquelles cela peut avoir un impact immédiat », insiste Carole Lamotte, la présidente de l’Union régionale des professionnels de santé Infirmiers libéraux d’Occitanie.

Cette instance a lancé ce mercredi un questionnaire auprès des 15.000 professionnels de santé de la région. « En cinq minutes, nous avions 125 réponses qui font remonter de réelles difficultés, en particulier dans l’Hérault et la Haute-Garonne », poursuit cette responsable, qui en appelle aux autorités afin qu’elles déploient rapidement des stations-service réservées aux professionnels de santé.

Des arrêtés dans certains départements

Une décision qu’a prise dès lundi la préfecture du Gard, en publiant un arrêté limitant le volume d’achat de carburant mais surtout en ciblant seize stations-service destinées au ravitaillement des professions prioritaires. Tout comme la préfecture du Var, mardi, qui a instauré des files prioritaires sur cinq stations-service.

« Moi, hier, à 5 heures du matin, j’ai fait trois stations-service pour avoir du carburant et j’ai débuté ma tournée avec une heure de retard. Mon associé angoisse et se demande comment il va faire ce week-end. Nous assurons la continuité des soins, on va vers les plus fragiles, on a besoin de nos véhicules. On a déjà été confrontés aux pénuries en octobre, l’État doit anticiper ce genre de choses, on n’imaginerait pas que l’hélicoptère du Samu ne puisse plus voler faute de carburant », clashe Jean-François Bouscarain, infirmier libéral à Valergues, dans l’Hérault, par ailleurs président régional de la Fédération nationale des infirmiers.

Ce dernier demande à l’État de débloquer la situation en prenant des mesures immédiates pour l’accès aux pompes des professionnels de santé, mais aussi une réflexion plus globale sur ces questions pour anticiper les situations similaires à l’avenir.