France

Réforme des retraites : Emmanuel Macron exclut toute dissolution, remaniement ou référendum

Emmanuel Macron parviendra-t-il à calmer la rue ? Le président de la République va s’adresser aux Français mercredi à 13 heures en direct sur TF1 et France 2. Mais le chef de l’Etat n’annoncera ni dissolution de l’Assemblée nationale, ni un remaniement du gouvernement, et ne convoquera pas de référendum sur la réforme des retraites, notamment l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans.

Emmanuel Macron a commencé à consulter tous azimuts pour tenter de ressouder son camp et de rebondir. Mardi, le président Macron a reçu la cheffe du gouvernement, accompagnée de plusieurs ministres, dont Gérald Darmanin et Sébastien Lecornu, et les chefs de la majorité. Selon l’un de ces participants, il a demandé à ses troupes de faire « d’ici deux à trois semaines maximum » des « propositions » en vue d’un « changement de méthode et d’agenda des réformes ». Emmanuel Macron doit déjeuner avec Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, présidents de l’Assemblée et du Sénat, avant une réunion en soirée avec les parlementaires du camp présidentiel.

La cheffe du gouvernement enchaîne également les réunions. A l’Assemblée, elle devait rencontrer en fin de matinée chaque groupe de la majorité pour les remercier de leur « ténacité », avant un déjeuner à Matignon avec plusieurs ministres. « La Première ministre est la seule, et notre majorité est la seule, à pouvoir porter aujourd’hui un projet de gouvernement », a assuré le porte-parole du gouvernement Olivier Véran, la jugeant « confortée par le Parlement ».

La mobilisation se poursuit

Son second quinquennat apparaît déjà entravé après moins d’un an. Lundi, l’adoption de sa réforme phare s’est faite dans la douleur et le gouvernement d’Elisabeth Borne a échappé de peu à un renversement avec le rejet à neuf voix près d’une motion de censure transpartisane à l’Assemblée nationale.

Après de nouvelles manifestations spontanées souvent émaillées de tensions avec les forces de l’ordre lundi soir, la contestation se poursuit un peu partout en France. Près de 300 personnes ont été interpellées dans les différentes manifestations, dont 234 à Paris, selon une source policière. Outre la grève reconductible des éboueurs dans plusieurs villes dont Paris, le trafic routier était perturbé mardi matin en Bretagne par des blocages et l’accès à la centrale nucléaire du Bugey (Ain) bloquée.

Du côté des raffineries, plusieurs sites restent bloqués, dont à Vern-sur-Seiche en Ille-et-Vilaine (dépôt) ou encore au Havre (port et zone industrielle). Mais le gouvernement a fait évacuer le terminal pétrolier de Donges (Loire-Atlantique) dans la nuit de lundi à mardi et annoncé de premières réquisitions de personnels pétroliers à Fos-sur-Mer. Environ 8 % des stations-service sont à court d’essence ou de gazole en France.

La CGT Énergie a par ailleurs promis mardi de nouvelles « coupures ciblées ». « Rien n’entame la détermination des travailleurs », a prévenu la CGT, avant une nouvelle journée d’actions à l’appel de l’ensemble des syndicats prévue jeudi. Le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger s’est dit de son côté inquiet de la « colère » et des « violences » qui pourraient s’exprimer du fait de l’adoption d’une loi qui n’avait « pas de majorité à l’Assemblée nationale ».

Pression sur l’exécutif

Politiquement aussi la pression sur l’exécutif ne retombe pas, après l’utilisation décriée de l’arme constitutionnelle du 49.3 pour faire passer la réforme sans vote. Le rejet de la motion de censure à seulement neuf voix près, a redonné de l’énergie aux oppositions, de gauche, de droite et d’extrême droite. Malgré l’appel des dirigeants Les Républicains à ne pas provoquer la chute du gouvernement, 19 députés du groupe (sur 61) ont voté la censure. Ils ne seront pas exclus. « Je ne peux pas leur en vouloir », a déclaré mardi le président du groupe Olivier Marleix, tandis qu’Éric Ciotti concédait un « échec » pour son parti.

A gauche, le député LFI Alexis Corbière a appelé le président Macron à ne pas « refaire une espèce de 49.3 verbal » lors de son entretien télévisé. S’« il revient à la télé pour dire la même chose, « je m’en fiche de votre opinion, j’impose », la manif de jeudi sera encore plus forte », a-t-il prédit. Avec ses alliés de la Nupes, il compte notamment sur des recours devant le Conseil constitutionnel, également saisi « directement » par Élisabeth Borne. La gauche demande en outre un référendum d’initiative partagée (RIP), dont les Sages doivent examiner la recevabilité.

Le Rassemblement national a déposé mardi son recours devant le Conseil constitutionnel pour « que ce texte tombe dans les oubliettes de l’histoire et soit mis à la poubelle. »