France

Réforme des retraites : A Nantes, les commerçants s’inquiètent d’un niveau de violence « jamais vu »

« Certains avaient des massues, d’autres des pelles… Ils ont tapé plusieurs minutes, jusqu’à ce que ça cède. » Jeudi, la manifestation contre la réforme des retraites a dégénéré à Nantes. En marge du défilé, des casseurs s’en sont pris à plusieurs boutiques du centre-ville, dont un magasin SFR qui a été attaqué et pillé. « Il y en a pour 150.000 euros de casse, indique ce vendredi Teddy Robert, le président de l’association de commerçants Plein Centre. Le franchisé et ses six collaborateurs sont traumatisés. Ils sont au chômage technique pour quinze jours. »

Cet événement est, selon les trois principaux représentants des commerçants de Nantes qui ont pris la parole conjointement ce vendredi, le symbole d’une « violence jamais vue » dans la Cité des ducs. « Depuis plusieurs semaines, ça monte petit à petit avec les feux de poubelle, les vitrines dégradées, et maintenant ces pillages et cette violence, s’inquiète Olivier Dardé, président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie 44, qui a connu le mouvement des « gilets jaunes » ou celui contre la Loi travail. Des serveurs ont été attaqués par des tirs de mortier, les collaborateurs ont la boule au ventre de venir bosser ! Nous respectons le droit de manifester et faisons bien la distinction avec l’intersyndicale qui respecte les commerces. Mais il faut dire stop à la violence car les commerçants sont déjà à l’agonie. »

Des annulations en chaîne

Les commerçants du centre-ville, qui font régulièrement part de leurs difficultés depuis plusieurs années, craignent que cette spirale n’engendre carrément « des dépôts de bilan ». Certaines boutiques, qui avaient notamment acheté des stocks en vue de la grande braderie finalement reportée en raison du contexte social, connaîtraient de gros problèmes de trésorerie. Les bars et restaurants, dont certains préfèrent baisser le rideau les jours de mobilisations, sont également victimes « d’annulations en chaîne », comme dans les hôtels. « Hier, j’ai fait 9 fois moins de chiffre qu’un jeudi classique, calcule Olivia Delezinier, du GNI hôtellerie-restauration. Je réfléchis déjà à mettre certains de mes employés au chômage partiel. »

Les associations demandent aux pouvoirs publics de les rassurer en vue de la nouvelle journée de mobilisation, mardi. Dans un communiqué publié jeudi soir, la maire de Nantes Johanna Rolland a condamné « avec la plus grande fermeté les violences inacceptables qui portent préjudice à la mobilisation citoyenne pour le retrait de la réforme des retraites ». L’opposition de droite, elle, propose « d’organiser durant ce printemps, une ou plusieurs journées Achetons Nantais pour soutenir nos commerçants ».