France

Réforme des retraites : A l’Assemblée nationale, le discours du « pyromane » Macron ulcère les oppositions

A l’Assemblée nationale,

Dans les couloirs du Palais-Bourbon, ce lundi, il n’y a presque pas un chat. Il est bientôt 13 heures, Emmanuel Macron s’apprête à parler aux Français lors d’un entretien aux journaux télévisés de TF1 et France 2. Trois jours après le rejet des motions de censure, et à la veille d’une nouvelle journée de mobilisation contre la réforme des retraites, les élus ne veulent pas rater une miette des explications du chef de l’Etat. « Pas le temps… », souffle en courant le député PS Boris Vallaud, refusant les micros tendus. Une bonne trentaine de minutes plus tard, les oppositions sont bien présentes pour fustiger les propos du président de la République. 20 Minutes vous résume ces critiques.

Macron, un « pyromane » pour la Nupes

Les premiers à se presser devant les journalistes sont les membres de la Nupes. Et c’est peu dire qu’ils n’ont pas apprécié ce qu’ils viennent d’entendre. « Le président est complètement déconnecté du pays. Il ne peut pas dissoudre le peuple, alors il le méprise. Il fait des comparaisons honteuses entre les mobilisations en France et celles du Brésil de Bolsonaro ou l’attaque du Capitole par les partisans de Trump, c’est un pompier pyromane », s’agace Jérôme Guedj, député PS de l’Essonne. « Son discours était sans âme, sans humanité, sans cap, abonde le communiste de Seine-Maritime Sébastien Jumel. On a affaire à un enfant gâté, qui joue avec la République et s’isole. Il risque d’amplifier la colère. J’appelle à une marée humaine, calme, demain [jeudi] pour emporter la réforme ».

La veille, Emmanuel Macron appelait son gouvernement et sa majorité à « apaiser » le pays et à « écouter les colères ». Mais pour les élus de gauche, ses propos du jour ne peuvent que renforcer le climat de tension et les mobilisations. « Il poursuit son passage en force, avec ce qui fait sa marque de fabrique : l’arrogance. Mais un président n’est pas là pour jeter des barils d’essence sur le feu comme il le fait. Il faut écouter le peuple qui s’exprime », avance Manuel Bompard, le patron de La France insoumise. « C’est un pyromane absolu. Il met le feu à ce pays, pousse les gens dans leurs retranchements, crée la colère. Demain, il viendra nous dire qu’il est l’ordre face au chaos, mais c’est lui qui crée le chaos », ajoute le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure.

Le « saucissonnage » des lois fustigé par LR

De l’autre côté de la salle, Prisca Thévenot, porte-parole du groupe Renaissance, défend la volonté de trouver du compromis au Parlement, comme l’a évoqué le chef de l’Etat. Car Emmanuel Macron a chargé Elisabeth Borne de « bâtir un programme de gouvernement » susceptible « d’élargir » la majorité relative à l’Assemblée. « Nous avons été élus pour être dans l’opposition, nous serons donc dans l’opposition », balaye Pierre-Henri Dumont, député LR du Pas-de-Calais. « Il y a un grand danger à signer un accord de gouvernement avec le président. S’il n’y a pas d’opposition non-populiste à l’Assemblée demain, nous aurons en 2027 Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen à l’Elysée ».

L’annonce du report du projet de loi immigration, qui sera finalement  scindé en « plusieurs textes » pour tenter d’obtenir des voix à gauche et à droite, n’a pas non plus été appréciée par les élus LR. « Si Emmanuel Macron pense qu’il pourra passer des textes en les saucissonnant ainsi, ça ne va pas bien se passer. Car cette stratégie de couper les textes, pour séduire la gauche, puis la droite, veut dire qu’à un certain moment, on sera tous cocus », tacle l’élu de Moselle Fabien Di Filippo.

Le RN appelle à la démission d’Elisabeth Borne

« Le prestidigitateur n’a plus de lapins à sortir du chapeau ». Marine Le Pen, elle non plus, n’épargne pas Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse post-JT au sein de l’Assemblée. Mais la présidente du groupe RN fait aussi siffler les oreilles d’Elisabeth Borne. « Elle sort pulvérisée de cette séquence. Si la Première ministre avait un peu de sens politique, elle partirait d’elle-même. Elle peut évidemment ne pas démissionner, mais son autorité est ruinée et son action future est illusoire », tacle l’élue d’Hénin-Beaumont.

L’ancienne candidate à la présidentielle prédit d’ailleurs un changement de gouvernement à venir. « J’enfile ma tenue de madame Irma, il y a de grandes chances qu’Emmanuel Macron procède à un remaniement, après des semaines de blocage et de violences, donnant crédit à ces blocages et ces violences », regrette-t-elle. Une option de nouveau écartée ce mercredi par le chef de l’Etat.