France

« Reconnaître le mal causé aux enfants »… La directrice de « SFX », collège privé catholique, réagit aux accusations

C’est un nouveau scandale qui est en train d’éclater, dans la lignée de l’affaire Bétharram. Le collège privé catholique Saint-François-Xavier (SFX) à Ustaritz, au Pays basque, est l’objet ces derniers jours d’accusations édifiantes d’anciens élèves, qui y auraient été victimes de violence, voire d’agressions sexuelles pour certains d’entre eux. Cinq à six plaintes devraient prochainement être déposées.

Après avoir publié les témoignages de plusieurs anciens pensionnaires, 20 Minutes donne la parole ce mercredi à l’actuelle directrice du collège catholique, Pantxika Lopepe.

Quelle a été votre réaction à la lecture des premiers témoignages relatant une violence systémique au sein de l’établissement, notamment entre les années 1960 et 1990, ainsi qu’une violence sexuelle pour quelques cas ?

Ma réaction a été d’abord celle de la consternation et de la honte. J’ai une pensée pour les victimes, pour leur souffrance et les silences qu’elles ont portés trop longtemps. La libération de la parole ne devrait jamais céder à la loi du silence. C’est dans cet esprit que j’ai adressé un communiqué aux familles et publié une lettre ouverte sur le site du collège.

Aviez-vous, vous-même, entendu parler de dérives éducatives par le passé au sein de l’établissement ?

Avant ces révélations, je n’avais jamais entendu parler de dérives éducatives dans l’histoire de l’établissement.

Comment expliquez-vous que cela ait pu se produire ? On entend beaucoup que « c’était une autre époque » avec « une autre façon d’enseigner »… Pensez-vous également qu’il faille « recontextualiser » ces faits ?

Ce qui s’est produit appartient à un autre contexte. Il ne s’agit en aucun cas de protéger l’institution à tout prix mais bien de reconnaître le mal et les dégâts causés aux enfants d’hier, adultes d’aujourd’hui. Si recontextualisation il y a, c’est celle de notre époque, qui permet aujourd’hui d’accueillir et d’écouter ces paroles. Grâce au courage de certains, ces violences sont désormais nommées et reconnues. La justice a son temps, le nôtre est celui de l’écoute, de la mise en lumière et du souhait de réparation.

Avez-vous été contactée par d’anciens élèves ? Est-ce que vous encouragez les personnes qui ont pu être victimes à prendre la parole ?

J’ai été contactée par plusieurs anciens élèves. Je leur réponds individuellement et j’encourage toute personne concernée à nous contacter. J’ai eu par ailleurs l’occasion d’échanger lundi longuement avec deux anciens élèves et je salue tout ce qui peut contribuer à libérer la parole, à nettoyer les plaies ouvertes, à nommer et reconnaître ce qui a été vécu.

Notre dossier sur l’affaire Bétharram

Est-ce que ces faits sont abordés avec les élèves d’aujourd’hui ? Comment réagissent-ils à cette affaire ?

Dès la rentrée de février, les élèves ont été accueillis et rassurés sur ce qu’ils connaissent de leur collège aujourd’hui. Un temps de parole leur a été offert. On leur a rappelé qu’ils sont en sécurité parce que les adultes qui les entourent sont formés à la bientraitance éducative et œuvrent au quotidien pour un cadre respectueux. Il leur a été rappelé aussi que la coresponsabilité et la vigilance permettent d’identifier et d’éviter les violences, à quelque échelle que ce soit. Les nombreux espaces et temps existants au sein du collège pour s’exprimer leur ont été aussi rappelés. Tout cela s’inscrit dans le projet de l’établissement et, plus largement, dans celui de l’enseignement catholique, qui place la personne, sa dignité et son intégrité au cœur de sa mission éducative.