France

Reconnaissance de la Palestine : tensions politiques sur les drapeaux palestiniens.

Le ministre de l’Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau (LR) a enjoint les préfets de saisir la justice administrative si des mairies font flotter les couleurs palestiniennes. À Nantes, la maire Johanna Roland (PS) « installera le drapeau de la Palestine dans la Cour de l’Hôtel de Ville ».


Le débat sur le pavoisement des mairies avec des drapeaux palestiniens ce lundi divise la classe politique française. Cette fracture s’est à nouveau manifestée ce dimanche, à la veille de la reconnaissance attendue de l’État palestinien par Emmanuel Macron à l’ONU.

Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur démissionnaire (LR), a exhorté les préfets à saisir la justice administrative si des mairies choisissent de hisser les couleurs palestiniennes, faute de pouvoir demander aux forces de l’ordre de retirer le drapeau. Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a écrit au président de la République pour « autoriser » cette initiative. Dans sa correspondance, il souligne « un acte fort envers tous ceux qui sont attachés à la résolution du conflit israélo-palestinien ».

Le principe de neutralité des services publics est défendu par Bruno Retailleau, qui appelle à « ne pas importer le conflit du Proche-Orient ». Cependant, le patron du PS a déclaré dimanche sur BFMTV que « ce n’est pas le drapeau qu’il conteste […] c’est la décision prise par le chef de l’État » de reconnaître un État palestinien.

Pour Boris Vallaud, chef des députés PS, Bruno Retailleau « se trompe d’interprétation juridique ». Il rappelle qu’après les attaques meurtrières du Hamas le 7 octobre 2023, « des mairies ont hissé à juste raison le drapeau israélien », et précise qu’il y a aussi des drapeaux ukrainiens sur certains édifices.

« Un drapeau sur le fronton d’une mairie n’a jamais tué personne, alors qu’à l’inverse, à Gaza, l’armée israélienne tue tous les jours », a affirmé Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes, dimanche lors d’un rassemblement à Paris, dénonçant des polémiques « indécentes ». De son côté, Éric Coquerel, député LFI, a soutenu le pavoisement aux couleurs palestiniennes : « On est pour », a-t-il déclaré sur France 3.

À l’opposé, Philippe Ballard, député RN de l’Oise, a accusé sur France 3 les municipalités prévoyant d’arborer le drapeau palestinien de « communautarisme de bas étage ». « C’est illégal », a commenté sobrement son collègue, Jean-Philippe Tanguy, sur le plateau de Questions politiques (France Inter / FranceTV / Le Monde). François-Xavier Bellamy, vice-président des Républicains, a également demandé dimanche sur BFMTV que les maires hissant le drapeau palestinien « soient condamnés ».

Il reste à voir ce lundi quel symbole les maires afficheront sur le fronton de leur mairie. Certaines décisions sont déjà connues. À Nantes, la maire Johanna Roland (PS) « installera le drapeau de la Palestine dans la Cour de l’Hôtel de Ville ». Pour sa part, Renaud Muselier, président du parti macroniste Renaissance en Provence-Alpes-Côte d’Azur, a averti dans le Figaro qu’il déploierait une vingtaine de drapeaux français, en réaction à ce qu’il qualifie de « calculs politiques ».