France

Réchauffement climatique : Serons-nous bientôt tous allergiques au pollen ?

Chaque année, à l’arrivée du printemps, un Français sur trois éternue, a le nez qui coule et la gorge qui gratte. A l’avenir, ces personnes allergiques au pollen seront de plus en plus nombreuses, et leurs symptômes davantage handicapants. Plusieurs études montrent en effet que le réchauffement climatique aggrave les risques d’allergie. En cause, plus particulièrement : la hausse des températures et l’augmentation de la concentration en dioxyde de carbone (CO2), gaz à effet de serre dont les émissions mondiales ont explosé à cause des activités humaines. Pollens plus allergisants, allergies davantage fréquentes et saison des pollens qui s’allonge : 20 Minutes fait le point sur ce tableau peu engageant.

Des pollens plus nombreux

« Quand on a une atmosphère enrichie en dioxyde de carbone, les plantes vont avoir une croissance plus forte et émettre davantage de pollens », explique Samuel Monnier, ingénieur et porte-parole du Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA). Le réchauffement climatique et l’augmentation des concentrations en dioxyde de carbone vont donc contribuer à augmenter le nombre de pollens dans l’air. « C’est surtout visible pour les arbres qui fleurissent à la fin de l’hiver et le début de printemps, comme les bouleaux. »

Une étude menée par le RNSA et l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (Onerc) montre qu’en trente ans, la quantité de pollens de bouleaux émis dans l’air a augmenté de 20 % en France. Une hausse d’autant plus problématique que les pollens de bouleaux sont particulièrement allergisants.

Des pollens plus allergisants

D’autres études scientifiques montrent que la hausse de la concentration en dioxyde de carbone rend les pollens plus allergisants. « On a comparé une même quantité de pollen avec une concentration atmosphérique en CO2 différente. Et on s’est rendu compte que la quantité d’allergènes était corrélée à la concentration en dioxyde de carbone », ajoute Isabella Annesi-Maesano, directrice de recherche à l’Inserm et professeure d’épidémiologie environnementale. Ces pollens vont donc davantage gêner les personnes allergiques, rendant leurs symptômes plus sévères. Les hommes et les femmes ayant des difficultés à respirer, par exemple, sont de plus en plus nombreux.

Des symptômes aggravés par la pollution

La pollution en ville exacerbe les symptômes chez les personnes allergiques au pollen, ces dernières étant davantage gênées pendant les pics de pollution. « Pour simplifier, la pollution abîme l’enveloppe extérieure des pollens, faisant sortir des particules plus fines, résume la professeure d’épidémiologie environnementale. Alors que le pollen s’arrêtait au niveau du nez, désormais, les particules vont être inhalées et se déplacer jusqu’au fond des bronches. »

Mais les polluants ne se contentent pas de fragiliser les voies respiratoires. Ils vont également « attaquer le grain de pollen qui va se fragiliser et se rompre plus facilement », d’après Samuel Monnier. La plante va donc libérer davantage de protéines allergisantes.

Des saisons de pollens plus longues

La saison des allergies est relativement stable pour l’instant, débutant à l’arrivée du printemps et se terminant en automne. Mais en raison de la hausse des températures, certaines espèces fleurissent dorénavant plus tôt. « Cette année, le noisetier a fleuri dès la fin décembre car on a eu des conditions météorologiques très favorables pour une floraison précoce », illustre par exemple l’ingénieur. Les personnes allergiques seront donc dorénavant gênées par leurs symptômes sur une période plus longue, de février à octobre.

De nouvelles plantes allergènes qui apparaissent

La hausse des températures a d’autres conséquences. En raison de la chaleur, certaines espèces se déplacent en altitude. « C’est notamment le cas de l’ambroisie, une espèce exotique envahissante qui vient d’Amérique du Nord et qui a un pollen très allergisant », explique Samuel Monnier. Pour l’instant très peu visible en altitude, cette plante a été repérée jusqu’à 1.000 mètres dans les Alpes. « Le chêne vert aussi, par exemple. Il était surtout présent en Méditerranée et se retrouve maintenant dans le nord du pays, gagnant du terrain. »