Rassemblement national : Attendu à Washington, Jordan Bardella tourne de plus en plus son parti vers Trump
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La nouvelle administration en place à la Maison-Blanche va-t-elle officiellement devenir un modèle pour le Rassemblement national ? Si la ligne du parti ne semble pas encore complètement fixée, la participation de Jordan Bardella à une grand-messe conservatrice, vendredi à Washington, apparaît comme un rapprochement avec le trumpisme. Le président du RN va même désormais jusqu’à reprendre les mots du vice-président américain en estimant que « la liberté d’expression » subit « une attaque sans précédent ».
A la Conférence d’action politique conservatrice, le CPAC, le patron de l’extrême droite française doit « identifier les points de convergence et de divergence avec les conservateurs américains », assure l’un de ses proches. « Il doit surtout rencontrer des gens dans la nouvelle administration américaine », poursuit-il, le RN s’étant au passage autoproclamé « le meilleur interlocuteur en France » de l’équipe Trump.
Marine Le Pen tente de « modérer les enthousiasmes »
Mais ce regard appuyé vers Washington ne fait pas l’unanimité. La victoire de Donald Trump ne doit pas être « interprétée comme un appel à un alignement », avait ainsi mis en garde il y a quinze jours Marine Le Pen lors d’un raout des extrêmes droite du Vieux continent. Elle avait encore entendu « modérer les enthousiasmes » des députés RN vis-à-vis de Donald Trump lors d’une réunion de leur groupe parlementaire la semaine dernière, selon l’un des participants.
Les mots qu’emploie Jordan Bardella à l’endroit du président américain sonnent pourtant particulièrement aimables. « Le courant d’idées que l’on porte s’exprime aux Etats-Unis : défendre les nôtres d’abord », relevait-il fin janvier en marge de vœux à la presse, en observant que « la stratégie de Trump, c’est réconcilier le vote populaire et l’élite économique : c’est celle qu’on doit avoir si on veut gagner ».
Le patron du RN explore d’ailleurs en économie, depuis plusieurs mois, un discours aux accents libéraux. « Nous ne sommes pas libéraux, nous ne sommes pas conservateurs », martèlent pourtant les lieutenants de Marine Le Pen, prônant « colbertisme » et « protection », deux valeurs qui induisent a priori une régulation.
La base semble pencher vers Trump
Une contradiction ? « Une répartition des rôles », corrige l’un des principaux conseillers de Marine Le Pen, qui rappelle la nécessité d’« élargir le spectre » de l’électorat, comprendre vers la droite « bourgeoise », longtemps acquise à l’UMP, LR, voire aux macronistes. « Trump est contre l’immigration, contre le wokisme et pour la vérité contre l’oligarchie : ces trois éléments le rendent sympathique » à nos électeurs, poursuit le même, alors que l’évocation du nom du président américain suscite désormais des applaudissements nourris dans les meetings du RN.
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Le voyage de vendredi à Washington pourrait donc permettre d’y voir plus clair sur la ligne politique qui prendra le dessus au RN ces prochaines semaines vis-à-vis de la Maison-Blanche.