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Ras-le-bol du Monopoly, ces fans de jeux de société sont à l’affût des dernières nouveautés

Se risquer à un jeu de société que l’on ne connaît pas, ça demande un peu de courage. Il faut, d’abord, en comprendre les règles, puis perdre, re-perdre, et re-re-perdre, jusqu’à en maîtriser tous les rouages. A quoi bon, quand on connaît par cœur les techniques pour gagner au Monopoly, à Risk ou à Attrap’Souris (J’avoue, j’ai promis que je le caserai, celui-là). Cyril, Maréva, Frank, Fabrice ou Thomas sont, eux, de véritables aventuriers des rayons Jeux de société. Il n’est pas question, pour ces passionnés, de se coltiner constamment des parties de Pictionnary, de Scrabble ou de Trivial Pursuit.

Alors que s’ouvre, samedi et dimanche, au Corum, Sortons jouer !, le Festival du jeu de société de Montpellier, les lecteurs de 20 Minutes qui ont répondu à notre appel à témoins, nous expliquent pourquoi ils adorent tester constamment de nouvelles boîtes.

« Pourquoi rester aux jeux de société classiques, alors que tout un monde s’offre à nous ? »

« Essayer de nouveaux jeux, c’est comme voir un nouveau film au lieu de se cantonner aux vieux classiques, expérimenter de nouvelles choses en cuisine au lieu de faire des plats communs, ou découvrir un nouvel auteur au lieu de lire et de relire du Zola ou Hugo », explique Cyril, qui se présente comme un « boulimique » des jeux. Cela permet « de voyager dans une multitude d’univers, avec des mécaniques et des ambiances différentes. Pourquoi rester aux classiques, alors que tout un monde s’offre à nous ? » David partage l’avis de Cyril. « J’aime comparer les jeux de société, explique-t-il. Comme pour le septième art, j’aime découvrir de nouvelles œuvres. Ça vous arrive souvent vous, de regarder le même film, encore et encore ? On pensait que tout avait été inventé, mais on se rend compte chaque année que les auteurs peuvent innover et nous surprendre. »

Bruxelles 1893 fut une véritable révélation, au début des années 2010, pour Nicolas, aujourd’hui étudiant en sciences et techniques du jeu, en Belgique. « Au vu de la complexité du jeu, il m’a fallu de nombreux mois avant de maîtriser les règles, mais ce fut une énorme surprise, confie-t-il. Un jeu complexe, mais qui m’a donné une tout autre image du jeu de société : comme dans les échecs, le gagnant n’est pas nécessairement celui qui a le plus de chance aux dés ou lors de la distribution de cartes. »

« Mon entourage n’est jamais contre une partie d’un nouveau jeu, et c’est toujours un bon moment »

Avis aux paresseux qui paniquent à l’idée d’apprendre de nouvelles règles, « quand on se lance, on se rend vite compte que beaucoup de règles utilisent des mécaniques déjà connues et facilitent ainsi l’apprentissage, reprend Cyril. De plus, grâce aux règles en vidéo, plus d’excuses pour dire que l’on ne comprend pas ! » Thomas, lui, a sa petite technique, pour assimiler sans se prendre la tête les mécaniques des nouveaux jeux de société. « Si le livret fait deux pages, c’est cool, confie-t-il. On se prend un demi, et une heure pour les lire et faire une partie, généralement. Si le livret de règles fait 30 pages, on le consulte sur Internets avant la soirée, et on est quasi-prêt à jouer en déballant le jeu. » Se familiariser avec de nouvelles règles, « ça ne me gêne pas, au contraire ! », assure Dominique, fan de jeux d’ambiance. « Ça fait marcher les méninges ! »

Maréva adore fureter dans les festivals, à la découverte des dernières pépites ludiques. « Les salons, c’est aussi des moments partagés avec d’autres joueurs, des éditeurs et des auteurs des jeux », confie-t-elle. Parmi les nouveautés qu’elle a dénichées dernièrement, il y a Nekojima, un jeu d’équilibre en bois très marrant, et Revelio, un jeu d’enquête qui a un goût de reviens-y. Sa passion des jeux de société l’a même poussée à créer son propre jeu, Time Collectors, un jeu de stratégie qui fait voyager les joueurs dans le temps. « Mon entourage n’est jamais contre une partie d’un nouveau jeu, à partir du moment où c’est moi qui explique les règles, sourit Maréva. Et c’est toujours un bon moment. Cela ne nous empêche pas de ressortir d’anciens jeux qui ont bercé notre enfance ! »

7 Wonders Architects, As d'or du jeu de l'année à Cannes, en 2022.
7 Wonders Architects, As d’or du jeu de l’année à Cannes, en 2022. – N. Bonzom / Maxele Presse

Frank est, lui aussi, à l’affût des dernières nouveautés. Avec sa compagne et ses filles, ce fou de plateaux a testé des dizaines de jeux de société. « Nous avons commencé par des jeux à deux (Carcassonne, Catan, Les Aventuriers du rail) puis, nos deux filles s’étant, c’est le cas de le dire, prises au jeu, nous sommes passés à des jeux plus familiaux (Les Colons de Catane, Smallworld, Citadelle, Les piliers de la terre, Mexican train), des jeux coopératifs (L’île interdite, Pandemic) et, depuis peu, des jeux un peu plus costauds (Terraforming Mars, Dune). » Mais il faut trouver de la place, pour stocker toutes ces découvertes. « Histoire de nous limiter, car cela prend quand même beaucoup de place, nous privilégions les jeux récompensés par l’As d’or ou le Spiele des Jahres, les deux récompenses les plus importantes dans ce domaine », conseille Frank.

« Il y a une véritable richesse éditoriale et un renouvellement constant », sur le marché des jeux

Fabrice, lui, croule sous les boîtes. Il en a 85, confie-t-il. « J’ai été tellement frustré par le Monopoly et le Trivial Pursuit que je me suis évertué à découvrir de nouveaux horizons, de nouvelles mécaniques, de nouveaux thèmes… » Parmi ses dernières acquisitions, ce joueur invétéré conseille particulièrement Ark Nova, un jeu de gestion de zoo, et Coffee Traders, qui plonge les participants dans l’impitoyable marché du café.

Selon Christophe Fiorio, le président de l’association qui organise le Festival du jeu de société de Montpellier, il existe « une réelle appétence », depuis de longues années, pour les jeux qui sortent des sentiers battus (et rebattus). « C’est un marché qui est en croissance, tous les ans, de 10 à 15 %, confie cet expert. Ce ne sont pas tous les marchés qui connaissent un tel essor. Il y a, environ, 800 nouveautés, chaque année. Et si les éditeurs produisent autant de nouveautés, c’est que ça marche ! Il y a une véritable richesse éditoriale, et un renouvellement constant, dans ce secteur. »

Samedi (9h30-22h) et dimanche (9h30-18h), au Corum de Montpellier, le festival Sortons jouer ! propose de tester des tas de jeux de société, de rencontrer des auteurs et de participer à plein d’initiations. Entrée libre.