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Ramadan : À quel âge les enfants musulmans commencent-ils à jeûner ?

Le Ramadan 2025 a débuté le samedi 1er mars et s’achèvera le 29 ou le 30 du mois. Durant cette période, la plupart des musulmans pratiquants observent le jeûne et respectent des règles strictes. Mais cette obligation connaît des nuances : certains en sont dispensés. Ce n’est pas une question de foi, mais de circonstances. Les enfants, par exemple, ne sont concernés qu’à partir d’un certain âge. Quant aux femmes enceintes, surtout en cas de grossesse à risque, elles peuvent être exemptées. Car si le jeûne n’est pas considéré comme dangereux pour la santé, il n’est pas imposé à ceux pour qui il pourrait l’être.

Le Ramadan, entre spiritualité et partage

Pilier fondamental de l’Islam, le Ramadan va bien au-delà du jeûne. Il incarne un temps de réflexion, de purification et de générosité. Pendant trente jours, du lever au coucher du soleil, les croyants s’abstiennent de manger et de boire, mais aussi de toute forme d’excès, cultivant humilité et bienveillance.

Ce mois sacré marque aussi Laylat al-Qadr, la nuit où le Coran aurait été révélé au prophète Mahomet, une nuit de prières et de ferveur intense. Mais une fois le soleil couché, le Ramadan devient un moment de partage. Les tables se garnissent de mets traditionnels, les familles et les communautés se rassemblent, et la solidarité prend tout son sens, notamment envers les plus démunis. Entre rigueur spirituelle et convivialité, ce mois est à la fois une épreuve et une célébration.

Le jeûne et les enfants : une pratique progressive

Le Ramadan, bien qu’encouragé pour tous les musulmans, n’est pas imposé aux plus jeunes. Contrairement aux adultes, les enfants ne sont pas tenus de suivre le jeûne avant la puberté. « Le jeûne n’est obligatoire que quand l’enfant atteint la puberté. Il devient donc obligatoire à l’apparition d’un ou de plusieurs de ces signes : apparition de poils pubiens, désirs et rêves érotiques, éjaculation et liquide séminal, menstrues », explique Mamadou Lo, spécialiste des textes coraniques, dans une interview à la BBC. Cette transition s’opère généralement entre 10 et 13 ans, âge de la majorité selon le Coran.

Mais bien avant d’y être contraints, de nombreux enfants souhaitent imiter leurs parents et expérimenter le jeûne. Certains s’essaient à cette pratique progressivement, souvent encouragés par leur famille, en jeûnant quelques heures seulement ou en s’autorisant à boire. Une manière d’apprivoiser cette tradition.

Si l’effort est spirituel, il reste aussi physique. « Tout le monde ne peut pas passer des heures sans manger ou boire de l’eau, parmi eux les enfants, les personnes âgées et les malades », rappelle Mamadou Lo. Un apprentissage en douceur permet donc aux plus jeunes de se familiariser avec le Ramadan.

Le jeûne chez l’enfant : précautions et limites

Si la spiritualité guide la pratique du Ramadan, la santé, elle, impose certaines réserves, notamment chez les plus jeunes. « Le jeûne est déconseillé chez l’enfant de moins de 10 ans, car cela pourrait affecter sa croissance », met en garde la pédiatre Laila Tami dans une interview accordée au site Le Matin. Même au-delà de cet âge, elle insiste sur l’importance pour les parents d’évaluer la santé de l’enfant avant de lui permettre de jeûner. « Ils doivent aussi fixer préalablement avec l’enfant, soit des jours précis, soit des heures de jeûne, partant du principe qu’il n’est pas obligé de terminer sa journée de jeûne », conseille-t-elle.

Loin d’être une simple formalité, cette vigilance parentale est essentielle. Un enfant ne doit pas être soumis à des efforts prolongés lorsqu’il jeûne. S’il montre des signes de fatigue ou qu’il peine à suivre le rythme de sa journée, il faut immédiatement interrompre le jeûne et lui expliquer pourquoi. « S’ils se rendent compte qu’il devient fatigué ou incapable de continuer tranquillement sa journée, ils doivent absolument le pousser à arrêter immédiatement le jeûne tout en lui expliquant les causes », insiste la spécialiste. Certaines pathologies rendent également le jeûne impossible : diabète, gastrite, maladies cardiaques, déficit immunitaire ou encore anémie sévère. Et au-delà de ces contre-indications, chaque enfant réagit différemment. Là où certains le vivront sans difficulté, d’autres ressentiront rapidement une baisse d’énergie.

Une rupture du jeûne sous surveillance

L’autre point crucial, c’est la rupture du jeûne. Ce moment, souvent festif, peut mener à des excès alimentaires, notamment en sucre. Après une journée sans boire, un soda ou un jus de fruits ne sont pas les alliés de l’hydratation, contrairement à l’eau. Quant au dernier repas, il est préférable de le prendre juste avant l’aube, afin d’écourter la durée du jeûne et d’assurer à l’enfant suffisamment d’énergie pour la journée.