France

Qui est AD Laurent, cet influenceur TikTok dont les contenus sexistes sont dénoncés par le gouvernement ?

Mercredi, la ministre déléguée à l’Egalité femmes-hommes Aurore Bergé a écrit au patron de TikTok France pour alerter sur le contenu « extrêmement préoccupant » de l’influenceur controversé Adrien Laurent, connu sous le pseudonyme AD Laurent, suivi par 1,8 million de personnes.

Qui est cet homme de 30 ans ? Qu’est-ce qui l’a rendu connu ? Et pourquoi ses vidéos sont problématiques ? 20 Minutes fait le point.

Qui est Adrien Laurent ?

Qu’il soit adoré ou détesté, Adrien Laurent est connu « de tous les adolescents », souligne la journaliste du Parisien Elsa Mari, qui a enquêté sur l’influenceur, dans le podcast Code source. Les informations connues au sujet de l’enfance ou de l’adolescence de cet homme de 30 ans se résument au fait qu’il vient de région parisienne, que sa mère est professeure et qu’il a commencé le basket à 4 ans. Il a également, d’après ses déclarations sur les réseaux sociaux, fait une école de commerce avant de commencer les émissions de téléréalité.

La journaliste du Parisien décrit cet homme comme un « Ken ultra-musclé qui cultive une image très virile ».

Qu’est-ce qui l’a fait connaître ?

Adrien Laurent s’est fait connaître en 2016, lors de sa participation au programme « Garde à vous », diffusée sur M6. Déjà à cette époque, il se fait remarquer en étant dans la provocation, se croyant au-dessus des autres et étant insolent, comme l’a analysé la journaliste Elsa Mari. Il a notamment eu un geste homophobe.

Adrien Laurent a ensuite enchaîné les programmes de téléréalité. D’abord avec « Les Princes de l’amour », puis « Les Anges » et enfin, « La villa des cœurs brisés », d’où il a été exclu pour son comportement inapproprié avec les prétendantes.

Pendant le confinement, il gagne plus de 600.000 abonnés après ses lives sur Instagram où il organisait des « concours de twerk » entre femmes. Ces vidéos largement visionnées et jugées hypersexualisantes pour les participantes ont commencé à faire l’objet de critiques. De nombreux internautes ont alors signalé le compte de l’influenceur qui a été supprimé peu de temps après par Instagram. Il était suivi par près d’un million de personnes.

Pourquoi l’influenceur est-il controversé ?

A la sortie du confinement, Adrien Laurent s’est lancé sur la plateforme Mym, conçu pour fournir des contenus exclusifs, notamment pornographiques, contre un abonnement mensuel payé par des abonnés. En parallèle, l’influenceur se reconvertit dans une carrière d’acteur pornographique.

Sur TikTok, le trentenaire continue de diffuser des vidéos dites « humoristiques » qui tournent toujours autour du sexe dans lesquelles il se positionne en tant que « mâle dominant » et réduit les femmes à une fonction sexuelle, explique encore la journaliste du Parisien.

En mars 2024, une plainte pour viol aggravé a été déposée à son encontre. La plaignante, âgée de 22 ans à l’époque, a évoqué deux viols « particulièrement sauvages » qui se seraient déroulés en Australie en 2018. L’acteur pornographique a démenti ces accusations. Il reste par ailleurs très populaire. Il continue de faire « la tournée des boîtes de nuit » partout en France. Dans ces « shows », il invite des jeunes femmes sur scène avec lesquelles il, ou d’autres participants ont des comportements très dégradants envers elles.

Que lui reproche Aurore Bergé ?

Aurore Bergé, dans son courrier à la plateforme chinoise, explique qu’il propage « une vision déformée et toxique de la sexualité où la domination et la violence prennent le pas sur le respect et le consentement ».

Notre dossier sur les violences sexistes et sexuelles

La ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les Discriminations a relevé de nombreux problèmes concernant les contenus d’Adrien Laurent : « Lives répétés avec des jeunes filles, dont il est difficile de déterminer l’âge tant elles paraissent jeunes », avec des « allusions sexuelles constantes », « vidéos décrivant des pratiques sexuelles violentes et sans consentement »… Selon elle, « ces images contribuent à ancrer une culture de l’hypersexualisation et de la soumission des femmes, exposant un public toujours plus jeune à des représentations contraires aux principes fondamentaux d’égalité et de respect ».