France

Qu’est-ce que le Tourville, ce nouveau sous-marin nucléaire d’attaque qui vient d’être livré à la Marine ?

Son « admission au service actif » est prévue en 2025. La Direction générale de l’armement (DGA) a réceptionné samedi à Brest le Tourville, troisième des six sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) de type Suffren, réalisés dans le cadre du programme de nouvelle génération Barracuda, a annoncé le ministère des Armées lundi. Le sous-marin a aussitôt été transféré à la Marine nationale. Ces nouveaux bâtiments remplacent progressivement les SNA de précédente génération de type Rubis.

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« Cette livraison intervient au terme de quatre mois d’essais en mer, menés au large de Cherbourg, Brest et Lorient, conduits par la DGA, le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) et l’équipage de la Marine nationale, ayant permis de confirmer la robustesse et les capacités du sous-marin » indique le ministère des Armées.

Capables de plonger à 350 mètres de profondeur pendant 70 jours

Qu’est-ce qu’un sous-marin nucléaire d’attaque ? Contrairement aux SNLE (sous-marins nucléaires lanceurs d’engins, porteurs de missiles nucléaires) qui ont pour seule mission la dissuasion nucléaire, les SNA ont pour rôle de protéger les bâtiments précieux comme les porte-avions et les SNLE, de traquer les sous-marins ennemis et de recueillir du renseignement. Alors que les sous-marins classiques sont contraints de remonter en surface au bout de quelques jours, les sous-marins à propulsion nucléaire, plus autonomes, peuvent rester plusieurs semaines en plongée, préservant ainsi leur discrétion.

« Plus rapides, plus endurants et plus polyvalents que les SNA de la génération précédente, ces nouveaux sous-marins représentent un bond technologique qui permet à la France de rester dans le club très restreint des nations qui mettent en œuvre des SNA modernes et performants » se félicite le ministère des Armées. Les SNA du programme Barracuda sont ainsi équipés « d’une propulsion nucléaire qui leur confère un rayon d’action et une discrétion remarquables ». Ils sont capables de plonger à 350 mètres de profondeur pendant 70 jours, contre 45 jours pour les Rubis. Leur vitesse maximale en plongée est de 27 nœuds (environ 50 km/heure). A bord, ils peuvent accueillir un équipage de 65 sous-mariniers, et sous-marinières.

Les premiers sous-marins français équipés de missiles de croisière navals

D’une longueur de 99 mètres (contre 73,6 mètres pour les SNA de précédente génération) pour un diamètre de 8,8 mètres, ces mastodontes d’acier noir de 5.200 tonnes sont armés de missiles de croisière navals (MdCN), de torpilles lourdes filoguidées F21, et de missile antinavire Exocet SM39. Ces nouveaux SNA sont les premiers sous-marins français équipés de MdCN, missiles d’une portée de plusieurs centaines de kilomètres permettant de détruire des infrastructures terrestres lourdes. D’une portée de 50 km, l’Exocet SM39 est, lui, un missile dit « à changement de milieu » (tiré sous la mer pour se propulser dans les airs).

Ces SNA sont également capables d’emporter des forces spéciales, et disposent pour cela d’un hangar de pont amovible, à l’intérieur duquel un propulseur sous-marin pour nageurs de combat est embarqué. Le SNA est à la fois « un chasseur, un garde du corps et un agent de renseignement » résume le ministère des Armées.

Remplacer la composante des SNA de type Rubis

La livraison du Tourville fait suite à celle du SNA Suffren en 2020 et celle du Duguay-Trouin en 2023, tandis que les trois autres sous-marins du programme, le De Grasse, le Rubis et le Casabianca, « sont actuellement tous en construction à différents stades d’avancement sur le site Naval Group de Cherbourg » indique de son côté Naval Group. Cette série de six SNA s’inscrit dans le cadre du programme Barracuda dont l’objectif est de remplacer d’ici à 2030 la la composante des SNA de type Rubis, mis en service dans les années 1980.

Deux sous-marins de classe Rubis restent actuellement en service, l’Améthyste et la Perle, si bien que la Marine ne compte à l’heure actuelle que quatre sous-marins opérationnels sur six prévus dans son cahier des charges.