Qu’est-ce que le « T-Dome », le filet de sécurité de Taïwan ?
Le gouvernement taïwanais a exprimé sa volonté d’augmenter de 40 milliards de dollars ses dépenses de défense sur huit ans. Mercredi, Lai Ching-te a dit viser un « haut niveau de préparation » de l’armée d’ici à 2027.
Taipei continue de renforcer ses préparations militaires face aux menaces de la Chine dirigée par Xi Jinping. Le gouvernement taïwanais a ainsi annoncé son intention d’augmenter ses dépenses de défense de 40 milliards de dollars sur une période de huit ans, avec un accent particulier sur le développement du système anti-aérien multiple dénommé « T-Dome ».
Le président taïwanais, Lai Ching-te, a promis d’accélérer la mise en œuvre de cette protection. Considéré comme un « filet de sécurité » pour l’île, le journal 20 Minutes fait le point sur ce projet.
Quelles sont les caractéristiques militaires du « T-Dome » ?
En comparaison avec le « Dôme de Fer » israélien, le « T-Dome », révélé le 10 octobre par le président Lai, présente des particularités distinctes. Il devra faire face à « un éventail de menaces bien plus large » que le système antimissiles israélien, qui se concentre essentiellement sur les projectiles à courte portée, selon l’analyste J. Michael Cole. Parmi les cibles évoquées figurent « l’aviation de l’armée chinoise, des missiles balistiques et de croisière, et, de plus en plus, des drones ».
Taïwan possède déjà des systèmes anti-aériens, incluant ses propres Sky Bow et des missiles Patriot fournis par les États-Unis, en attendant la livraison d’autres armements américains. Le « T-Dome » sera conçu pour interagir avec ces équipements en intégrant des radars, des capteurs et d’autres technologies avancées.
Ce système comprendra deux niveaux de protection principaux : un niveau de « commandement et de contrôle » pour établir la stratégie, et un autre pour « abattre les menaces en approche », décrit Su Tzu-yun, expert militaire à l’Institut pour la Défense et la Sécurité nationale de Taipei.
A quoi sert-il ?
Taïwan a pu tirer des enseignements de la guerre en Ukraine, en particulier sur l’importance de protéger ses infrastructures essentielles, ses bâtiments résidentiels, ses troupes et ses équipements des menaces aériennes. Bien que l’île se soit renforcée au cours de la dernière décennie en investissant des milliards dans des armements américains, elle ne serait pas en mesure de rivaliser avec la puissance militaire de la Chine. Toutefois, disposer de la capacité à « neutraliser » une attaque soudaine de missiles serait un moyen de dissuasion contre Pékin, estime Su Tzu-yun. Il souligne que les navires de guerre chinois stationnés près de Taïwan pourraient tirer plusieurs centaines de missiles sur les aéroports, radars et bases militaires taïwanais « en trois minutes », sans compter les centaines d’autres projectiles basés sur le sol en Chine.
A quelle date sera prête cette protection ?
Le calendrier dépend de nombreux facteurs, notamment de la date de livraison par les États-Unis des éléments nécessaires, alors que Taïwan attend des armes américaines d’une valeur de plusieurs milliards de dollars. Le ministère de la Défense taïwanais a établi une liste des besoins dans sa proposition de budget, notamment en artillerie de précision, en missiles de longue portée, antiballistiques et antichars, ainsi qu’en appareils sans pilote. Néanmoins, le gouvernement pourrait rencontrer des difficultés pour obtenir l’approbation du Parlement, dominé par le parti d’opposition Kuomintang, favorable à un rapprochement avec Pékin et qui contrôle les finances en s’alliant avec le Parti du peuple.
Mercredi, Lai Ching-te a affirmé viser un « haut niveau de préparation » de l’armée d’ici 2027, des responsables américains estimant qu’une attaque de Pékin pourrait être envisageable à cet échéance. Cependant, Su Tzu-yun tempère cette ambition en indiquant qu’il serait « impossible » de finaliser l’architecture complète du « T-Dome » avant 2027, mettant en lumière le temps nécessaire à la production et à l’intégration des composants.

