France

Quels risques pour les collégiens de Toulouse se croyant dans Fight Club ?

L’ironie d’un « Fight club » clandestin dont tout le monde parle… À Toulouse, depuis avril, la nouvelle fait grand bruit. Des élèves du collège Pierre-de-Fermat, en centre-ville, s’adonnent à une activité extrascolaire aussi singulière que dangereuse : des combats organisés, via des groupes WhatsApp, autour d’une foule d’adolescents exaltés près de leur établissement scolaire.

Si les informations ont été révélées, ces derniers jours, par nos confrères de La Dépêche du Midi et de BFM TV, ces combats clandestins ne datent pas d’hier.  « Ça existe déjà depuis plusieurs années », explique Marie*, une lycéenne de l’établissement réputé de l’hypercentre. « Quand j’étais au collège, ce n’était pas dans une laverie comme on a pu le voir aujourd’hui, mais dans la rue Mirepoix, juste à côté de Fermat. Et ça tournait Snapchat. Parfois, la police était obligée d’intervenir car c’était assez violent », continue-t-elle avant d’ajouter que « le phénomène s’est amplifié de la 6e à la 3e. Tout le monde regardait donc ça poussait certains à faire la bagarre pour être au centre de l’attention. »

Le phénomène n’est pas non plus propre à Fermat. Des jeunes se réunissent entre copains pour des « fight club » ailleurs qu’aux portes de leurs établissements scolaires. «Pour le coup, eux, c’est vraiment pour se défouler et s’amuser avec des protections de boxe, entre eux », raconte Benjamin*, un collégien d’un établissement privé toulousain.

Sans véritables conséquences pénales

Physiquement, énormément : mauvais coups, blessures, voire bien davantage et bien plus grave. Mais légalement, pas grand-chose. Même si la violence volontaire est établie, c’est au cas par cas. « Tout dépend de l’âge qu’ils ont, s’il y a des plaintes des parents, des blessures… », explique une source policière. Un jeune n’est responsable pénalement qu’à partir de 13 ans. De 13 à 16 ans : sa responsabilité pénale reste atténuée. « Il faudrait qu’il se passe un événement plus grave pour qu’il y ait de véritables conséquences ».

Si les combats clandestins constituent un trouble à l’ordre public et qu’il est interdit d’organiser publiquement ce genre d’événements, les mineurs ne semblent pas se sentir menacés par cette interdiction.

Du côté de la FCPE, on ne veut pas parler non plus de conséquences immédiates. « Les élèves voient cela comme un jeu. Nous souhaitons avant tout qu’ils prennent conscience que ce n’est pas un jeu mais bien un combat, de la violence », développe Geraldine Artigues, présidente du conseil local des parents d’élèves du collège Fermat. « La sanction viendra lorsque l’information sera passée et que les enfants auront compris la gravité de ces actes. De la pédagogie avant tout ».

Un accompagnement pour les victimes

Le rectorat de Toulouse, lui, a décidé de convoquer et de sanctionner, sans dévoiler comment, les élèves incriminés tout en informant les parents. « Dès qu’elle en a eu connaissance, la direction du collège s’est mobilisée contre ces actes qui, même s’ils n’ont pas été commis dans l’enceinte de l’établissement, n’en restent pas moins des faits graves et dangereux concernant des élèves. Nous avons décidé de renforcer le programme de prévention aux défis violence et à l’usage des réseaux sociaux par les CPE », insiste le rectorat. Un accompagnement est également proposé aux victimes par l’équipe médico-sociale.

Ce mardi 16 mai, les référents  de la police spédialisés dans la gestion des problématiques au sein des établissements se sont rendus à Pierre-de-Fermat à la demande du chef d’établissement.

*Les prénoms des mineurs ont été modifiés.