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Que sait-on de la fuite de documents confidentiels et du suspect arrêté jeudi ?

Un jeune homme a été arrêté jeudi aux Etats-Unis, soupçonné d’être à l’origine d’une fuite de documents confidentiels. Alors qu’il a été inculpé vendredi pour «conservation et transmission non autorisées d’informations relatives à la défense nationale», et «retrait et conservation non autorisés de documents ou de matériels classifiés», le scandale fait toujours la Une de l’actualité américaine. Informations sur la guerre en Ukraine, risque pour la sécurité nationale, renseignements sur Israël… L’affaire embarrasse jusqu’au cœur de la Maison Blanche.

Qui est le suspect arrêté jeudi ? Que contiennent les documents qui ont fuité ? Comment le gouvernement américain réagit-il à l’affaire ? 20 Minutes fait le point.

Qui est l’homme arrêté par la police jeudi ?

Les médias américains ont repassé la scène en boucle, filmée depuis les airs. Un homme, mains sur la tête et portant un t-shirt gris et un short rouge, recule lentement vers des agents armés et en tenue de camouflage avant d’être interpellé, puis escorté vers un véhicule. Il s’agit de Jack Teixeira, 21 ans, employé de la Garde nationale aérienne, arrêté à Dighton, une petite ville rurale au sud de Boston, dans le nord-est du pays. Le service de la Garde nationale américaine indique qu’il a été engagé en septembre 2019 en tant que spécialiste des communications. Membre de la 102e escadre de renseignement de la Garde nationale aérienne du Massachusetts, il avait été promu aviateur de première classe à l’été 2022.

Jack Teixeira aurait partagé ses informations sur un serveur privé du réseau social Discord, sur lequel il se faisait appeler « OG ». Il était le meneur de ce groupe composé d’environ 24 personnes, selon le New York Times, formé en 2020 autour de passions communes des armes à feu, du matériel militaire et de la religion. Certains membres seraient originaires de Russie et d’Ukraine. « OG » aurait publié des documents pendant des mois, demandant toutefois qu’ils ne fuitent pas car il ne voulait pas être un lanceur d’alerte, selon le Washington Post, mais dénonçait « l’abus de pouvoir » de l’Etat et des services de renseignements.

Que contenaient les documents mis en ligne par le suspect ?

« OG » aurait ainsi publié des documents depuis la base militaire où il travaillait, expliquant avoir accès à « une installation sécurisée interdisant les téléphones portables et autres appareils électroniques ». Il a ainsi passé un certain temps à recopier les documents confidentiels, puis « lorsqu’il s’est avéré trop fastidieux de reproduire des centaines de documents » à la main, il s’est mis à les photographier, raconte le Washington Post. Certaines informations étaient tellement sensibles qu’elles étaient marquées « NOFORN », c’est-à-dire à ne pas divulguer auprès d’étrangers, avance le quotidien.

Plusieurs documents dévoilent des pans entiers de la stratégie américaine de soutien à l’Ukraine dans la guerre contre la Russie. Les documents mis en ligne révèlent notamment les inquiétudes des services de renseignement américains quant à la viabilité d’une contre-offensive ukrainienne contre les forces russes. Un document fait aussi état des préoccupations des Etats-Unis à propos de la capacité de l’Ukraine à continuer à se défendre contre les frappes russes. Par ailleurs, certains documents semblent indiquer que les Etats-Unis opèrent une collecte de renseignements contre certains de leurs alliés, comme Israël et la Corée du Sud. De nombreux documents ne sont plus disponibles sur les comptes Twitter et Telegram où ils avaient fuité, les autorités les ayant fait supprimer selon les médias américains.

Comment réagit le gouvernement américain ?

Les autorités américaines n’ont pas publiquement confirmé l’authenticité de ces documents publiés en ligne, qui n’a pas encore été vérifiée de manière indépendante. Le Pentagone a néanmoins affirmé que cette affaire posait un risque « très grave » pour la sécurité nationale des Etats-Unis. « Je suis préoccupé que ce soit arrivé », a déclaré jeudi Joe Biden à des journalistes peu après avoir rencontré le président irlandais Michael Higgins à Dublin.

Le fait que ces documents circulent en ligne représente « un risque très grave pour la sécurité nationale et peut potentiellement alimenter la désinformation », avait indiqué dès lundi un porte-parole du ministère américain de la Défense, Chris Meagher. Le ministre de la Défense Lloyd Austin a salué jeudi dans un communiqué « l’arrestation rapide » du suspect, ajoutant qu’il avait ordonné un « audit des accès à notre renseignement […] et des procédures de contrôle au sein du ministère pour mieux orienter nos efforts visant à éviter que ce genre d’incident ne se reproduise ».

Le Pentagone a également décidé de restreindre davantage l’accès à ce type d’informations sensibles, indique la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre. La porte-parole a ajouté que le gouvernement américain souhaitait que les réseaux sociaux « évitent de faciliter » la distribution de tels documents confidentiels, estimant qu’ils avaient « une responsabilité envers leurs utilisateurs et le pays ». Un porte-parole de Discord a affirmé à l’AFP que la sécurité de ses utilisateurs était la priorité de la plateforme, assurant coopérer avec les forces de l’ordre.