Que joue Michel Blanc dans « La Cache », son dernier film ?
La Cache prend une résonance particulière quand on sait qu’il permet de retrouver Michel Blanc pour l’une de ses dernières apparitions à l’écran. Il est d’ailleurs largement mis en avant sur l’affiche de ce film choral signé Lionel Baier. Le comédien, disparu en octobre 2024, est bouleversant en grand-père d’une famille farfelue.
Dans un appartement parisien, toutes les générations confondues se réfugient pour échapper aux vicissitudes du monde. Les spectres de la Shoah planent sur le joyeux désordre de ces excentriques sympathiques et un brin turbulents. Dans cette tribu, la solidarité familiale n’est pas un vain mot malgré les engueulades qu’un amour solide permet toujours de résoudre.
Tourné au printemps 2024
Autour de Michel Blanc, William Lebghil, Dominique Rémond, Aurélien Gabrielli et Liliane Rovère s’amusent. Ils participent avec délices à cette adaptation d’un roman autobiographique de Christophe Boltanski, prix Fémina 2015, sur l’histoire de sa famille. Le film se concentre sur la période de mai 1968 et brode autour du récit de l’écrivain pour créer une histoire originale. Le tournage, le dernier de Michel Blanc, s’est déroulé en mars et avril 2024.

Cette œuvre qui sait traiter légèrement de sujets sérieux témoigne de l’incroyable richesse de jeu du comédien impeccable en médecin empathique, tendre avec son petit-fils et patient avec sa belle-mère totalement perchée. Entre descentes de polices, conversations lunaires, souvenirs douloureux et visite – très – surprenante d’une personnalité historique, La Cache trouve un ton novateur assorti d’un traitement hors du commun où le réalisateur s’adresse directement en voix off au spectateur. La prestation de Michel Blanc n’en est que plus remarquable au cœur de cette tribu frappadingue. Il touche dans la peau de « Père-grand » juif marié avec une catholique mais qui se cache sous la table dès qu’il se croit en danger.
Une fin bouleversante
Si tous les interprètes sont excellents, on est particulièrement ému par Michel Blanc en pensant que cet hypocondriaque autoproclamé incarne un médecin. La fin du film met les larmes aux yeux. « La dernière image du film, qui est aussi la dernière de son incroyable filmographie, le résume tellement bien : Michel Blanc sifflote du Brahms sur une grande route à côté d’un enfant, lui qui voulait être pianiste classique et qui a été réalisateur et acteur comme Chaplin », se souvient le réalisateur.
Notre rubrique Cinéma
On est d’autant plus touché quand on sait qu’on ne verra plus Michel Blanc que dans un autre film, Le Routard. Cette comédie de Philippe Mechelen où il donne la réplique à Hakim Jemili et Christian Clavier sera en salle le 2 avril prochain. Il nous reste deux films pour dire au revoir à Michel Blanc qui nous manque déjà tant. « C’est très bien d’avoir de l’imagination, ça permet d’en donner à la vie, qui parfois, en manque un peu » , dit son personnage. On se prend à rêver que Michel Blanc est toujours là. Et pas qu’au cinéma…