PSG – Atlético de Madrid : L’UEFA interdit-elle tous les tifos à caractère politique ?
Mercredi soir avant la rencontre de Ligue des champions entre le PSG et l’Atlético de Madrid (1-2), les supporters parisiens ont déployé dans le virage Auteuil un immense tifo « Free Palestine », avec un drapeau palestinien ensanglanté, le drapeau du Liban, Jérusalem, des chars ou encore une personne portant le keffieh. Une carte de la région sans l’Etat d’Israël a également été affichée. « C’est inacceptable, ce tifo n’avait pas sa place dans ce stade », a réagi le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau ce jeudi matin, ajoutant que « de tels messages sont proscrits par les règlements de la Ligue et de l’UEFA ».
Fake off
Le ministre de l’Intérieur en appelle donc au règlement de l’UEFA pour établir d’éventuelles sanctions contre le club parisien. Sollicitée par 20 Minutes, l’instance européenne renvoie vers l’article 16 de son règlement disciplinaire, « en particulier le point 2 ». Ce dernier établit que « toutes les associations membres et tous les clubs sont responsables des cas de conduite incorrecte de leurs supporters et sont passibles de mesures et de directives disciplinaires même s’ils peuvent prouver qu’ils n’ont commis aucune forme de négligence dans l’organisation du match ».
Suit une liste des situations qui entrent dans cette définition. La cinquième évoque « la transmission par geste, parole, objet ou par tout autre moyen de tout message provocateur inadapté à un événement sportif, notamment de tout message provocateur de nature politique, idéologique, religieuse ou insultante ».
C’est la « nature politique » de la banderole des supporters qui a fait réagir Bruno Retailleau, ainsi que le ministre des Sports Gilles Avérous. « Ce n’est pas un message de paix mais un appel à la haine », a contesté pour sa part le président du Conseil représentatif des institutions juives de France, Yonathan Arfi, dénonçant une « scandaleuse banderole ».
Quelle est la position du PSG ?
Dans son intervention médiatique jeudi matin, le ministre de l’Intérieur demandait « des comptes » aux dirigeants parisiens, c’est-à-dire des explications sur la manière dont cette bâche a pu entrer au Parc des Princes. Dans un communiqué transmis à l’AFP dès mercredi soir, le PSG indiquait « n’avoir pas eu connaissance du projet d’affichage d’un tel message ». Pas de quoi satisfaire, sans doute, le besoin de réponse des représentants de l’État.
La mise au point de l’UEFA
Jeudi dans la journée, l’instance organisatrice de la Ligue des champions a fait savoir qu’elle n’engagerait aucune procédure contre le PSG. « Il n’y aura pas de cas disciplinaire puisque la banderole déployée ne peut pas être considérée comme provocatrice ou insultante dans ce cas précis », a justifié un porte-parole auprès de l’AFP. Tous les messages politiques ne sont pas sanctionnés, seulement ceux jugés « provocateurs ».
Existe-t-il des précédents ?
En octobre 2023, lors de la réception du Milan AC, le Collectif ultras Paris (CUP) avait déjà déployé quelques banderoles, plus petites, en soutien à la Palestine. L’UEFA n’avait pas sanctionné, au contraire du Celtic Glasgow, qui avait écopé fin 2023 d’une amende de 17.500 euros après le déploiement de nombreux drapeaux palestiniens et d’un message appelant à la « victoire pour la Résistance » par ses supporters.
En 2022, lors d’une rencontre de Ligue Europa Conférence contre le club azerbaïdjanais de Qarabag, l’OM avait dû s’acquitter d’un peu plus de 40.000 euros d’amende pour une banderole clamant que la région d’Artsakh, dans le haut-Qarabag, appartenait à l’Arménie.
Dans un passé récent, l’UEFA a également sanctionné des clubs ou des Fédérations, mais pour des comportements racistes de ses supporters. En avril dernier par exemple, le FC Barcelone avait écopé de 25.000 euros d’amende et d’une interdiction de vente de billets pour son prochain match à l’extérieur en Coupe d’Europe après que des fans catalans ont été épinglés pour des saluts nazis pendant le quart de finale aller de la Ligue des champions contre le PSG.
Quelles suites pour le PSG sur le sol français ?
Si elle ne sera pas inquiétée au niveau européen, la direction du PSG sera tout de même entendue au ministère de l’Intérieur, vendredi. Le directeur général du club, Victoriano Melero, a ainsi été convoqué à 10 heures Place Beauvau, où il sera reçu par Othman Nasrou, secrétaire d’État chargé de la Citoyenneté et de la Lutte contre les discriminations. Le président de la Fédération française de football, Philippe Diallo, devra également être présent.