PSG – Aston Villa : Emiliano Martinez, Marco Materazzi, Ben O’Keeffe… Quel est l’ennemi numéro 1 du sport français ?
La salle d’audience est comble. Dehors, la foule s’amasse près des grilles du tribunal de Paris pour apercevoir ne serait-ce qu’une milliseconde les visages de ceux qui vont participer au nouveau procès du siècle. Dans le box des accusés, cinq personnalités du monde du sport devront répondre de plusieurs chefs d’accusations qui leur sont reprochés, dont le principal : avoir fait du mal à la France et aux Français.
Ils auraient pu être des dizaines à être devant la cour, mais les enquêteurs de 20 Minutes ont retenu les véritables cerveaux de ces attaques : Marco Materazzi, Harald Schumacher, Rudy Fernandez, Ben O’Keefe et Emiliano Martinez, qui affrontera le PSG ce mercredi soir en quart de finale aller de la Ligue des champions avec Aston Villa. L’audience est ouverte.
Emiliano Martinez, 32 ans, gardien de but, argentin.
Les faits reprochés : Dire qu’Emiliano Martinez aurait pu ne rester qu’un simple et anonyme gardien de but pour le public français. Mais il a fallu que Kylian Mbappé intervienne en finale de Coupe du monde pour redonner espoir à tout un pays en marquant trois buts avant le début du show « Dibu » : un arrêt extraordinaire devant Kolo Muani et une séance de tirs au but intense, avec l’arrêt de la tentative de Kingsley Coman et des petits pas de danse pour chambrer. Gentil. Jusqu’à la célébration obscène sur le podium en récupérant son trophée de meilleur gardien, la poupée Mbappé et des chants « sympathiques » dans le vestiaire. Ajoutez à ça encore des petites provocations lors de Lille-Aston Villa et vous avez le portrait du parfait coupable.
Le témoin, Carlos Muguruza, patron du restaurant argentin Volver à Paris, le repère des sportifs argentins : « Je peux comprendre les Français, j’aurais fait la même chose, si j’avais soutenu la France en finale. Emiliano Martinez, c’est un excellent gardien, mais c’est un garçon particulier. Et lui, il se nourrit de la passion, de l’animosité. Il va se faire insulter au Parc, il va se faire chahuter, mais lui, il en profite pour se motiver. Il y a ce souvenir à la Coupe du Monde, quand il a eu le trophée de meilleur gardien, qui était un peu rocambolesque.
Il y a aussi cet épisode de la poupée vaudoue de Mbappé pendant les célébrations. Là, sincèrement, les garçons, ils n’avaient pas dormi, ils étaient sous la chaleur, ils avaient bu beaucoup de Fernet, ils étaient avec 8 millions de personnes… Nous, en fait, on est taquins et on vit le football d’une autre façon. Mais c’est un personnage spécial, c’est sûr. »
Marco Materazzi, 51 ans, défenseur central, italien
Les faits reprochés : Finale de la Coupe du monde 2006 en Allemagne, entre la France et l’Italie. Après un début de match fou, où Marco Materazzi répond à une panenka de Zidane, les deux équipes filent en prolongation. A la 110e minute, le défenseur italien se retrouve à terre et, quelques minutes plus tard, après une opaque consultation télé alors que la VAR n’était pas encore mise en place, le meneur du Real Madrid est expulsé. La raison : un coup de boule dans le sternum de l’Interiste, qui venait d’insulter la famille du double Z. Fin de carrière internationale pour Zizou, défaite aux tirs au but, la France pleure.
Le témoin, Ol’Kainry, rappeur, auteur du titre Materazzi : « En vrai, c’est juste un expert en trash-talking. C’est un jeu d’échecs, il a su comment rendre le roi fou. Il y a les champions qui gagnent à la régulière et d’autres qui utilisent toutes les manigances possibles. Lui, il a utilisé le point faible de Zidane, c’est-à-dire les nerfs. Materazzi, il m’a persécuté, un peu comme Kostadinov. Il est venu tout gâcher. Je suis persuadé, je mets mes mains à couper, que s’il n’y a pas cet acte, on remporte la Coupe du monde.
Je ne sais pas s’il y a eu une paix entre Zidane et Materazzi, mais je sais que moi, je ne l’aimerai jamais. Même si je voyais une vidéo où ils seraient ensemble, ça ne me ferait pas redescendre. Utiliser son nom comme titre de chanson, c’était spontané. Et puis on aime bien inventer des expressions chez nous, donc à partir de là, dès qu’on voyait un hater, un haineux, où un fort en gueule, on lui disait, fais pas ton Materazzi. C’est parti de là. »
Rudy Fernandez, 40 ans, basketteur, espagnol
Les faits reprochés : Une génération qui a traumatisé la France. Les Pau Gasol, Juan Carlos Navarro et Sergio Llull nous ont martyrisés pendant des années, mais c’est bien Rudy Fernandez qui est dans le box des accusés, notamment à cause de cette attaque à main armée à l’Euro 2011 contre le petit prince français, Tony Parker : un bras dans la gorge alors que TP montait au panier, c’est le TPI direct. Sans parler des nombreuses simulations ou petits coups de coude dans les cotes l’air de rien. Aussi fort qu’énervant, le bougre.
Le témoin : Rudhy Fernandez, habitant de Villeroy, dans l’Yonne, ne s’est finalement pas présenté devant la cour. La parole est donnée à Rudy Gobert : « Je trouve ça compréhensible que les fans français aient de l’aigreur envers lui, mais si tu prends du recul tu comprends que ce n’est que pour gagner », expliquait le pivot dans L’Equipe. « Quand tu en parles avec d’autres, il a une image de petite pute », en rigolait, de son côté, Tony Parker.
Harald Schumacher, 71 ans, gardien de but, allemand

Les faits reprochés : Les parents et les grands-parents le racontent encore et encore. Séville 1982, demi-finale de Coupe du monde entre l’Allemagne et la France. Un match d’anthologie avec de multiples rebondissements, mais qui reste surtout dans les mémoires pour l’agression d’Harald Schumacher sur Patrick Battiston. Lancé en profondeur, le Stéphanois se fait percuter par le portier allemand, sorti de sa surface à pleine vitesse et qui n’a rien fait, bien au contraire, pour éviter le Français : La hanche dans la tête, Battiston inanimé au sol qui sort sur civière accompagné par Platini. Le drame de toute une génération.
Le témoin : Didier Tronchet, dessinateur de BD, et auteur de Les fantômes de Séville : « Schumacher représente l’archétype du méchant. Il n’y avait aucune nuance dans son personnage, ni dans son comportement. Là, on a vraiment un ennemi. Pendant le match, il a un comportement formidablement arrogant, tout le temps et, juste après son forfait, il avait une désinvolture absolue. Il s’est appuyé sur le montant du but, en train de mâcher son chewing-gum. Ça, c’est chouette, aussi, chez les méchants, comme dans les films américains.
Il est vraiment les deux mains derrière le dos, en train de se dire : « Bon, quand est-ce qu’on dégage le gars au sol, là ? ». Il a incarné absolument tout ce qu’on pouvait reprocher au football allemand de l’époque. Sa brutalité, son manque de respect de l’adversaire, et puis cette arrogance, aussi, d’un football qui était dominateur à l’époque. On a vraiment une scène d’une grande brutalité. Et puis surtout, on a au sol le héros, le chevalier blanc, qui a quand même des dents cassées, des vertèbres brisées aussi, et qui est dans le coma. Là, on ne peut pas faire plus fort comme imagerie populaire de l’injustice. »
Ben O’Keeffe, 36 ans, arbitre de rugby, néo-zélandais
Les faits reprochés : C’était notre Coupe du monde, celle que la France, à domicile, devait remporter pour la première fois. Un homme en a décidé autrement. Dans la lignée de Craig Joubert en finale en 2011, Ben O’Keeffe a réduit les espoirs du XV de France à néant lors du quart de finale en 2023 face aux truqueurs sud-africains. La Fédération internationale de rugby a même admis que l’arbitre néo-zélandais avait commis trois erreurs durant la rencontre en défaveur des Bleus, dont le départ trop hâtif de Cheslin Kolbe pour contrer la transformation de Thomas Ramos.
Le témoin : François Trillo, journaliste, qui commentait ce dramatique France-Afrique du Sud sur TF1 : « On sait quand même qu’il y a toujours des zones un peu grises dans l’arbitrage au rugby. Je n’accable pas Ben O’Keeffe par rapport à son match, mais en direct il y a des choses sur lesquelles je ne suis pas d’accord. C’est un jeune arbitre et ce qui m’a un peu étonné pendant le match, c’est qu’il n’a pas du tout parlé en français alors qu’il est francophile et a étudié en France.
Je ne lui en veux pas. C’est la déception qui prévaut, même si je pense qu’il n’a pas fait un super match. Mais ça, on avait l’impression qu’on ne pouvait pas trop le dire après la rencontre, parce que c’est vrai que dans le rugby, il y a la noblesse du respect de l’arbitre. On est passé à côté d’un truc exceptionnel, on ne s’en rend pas compte. Je dis toujours, en rigolant, qu’en fait, l’Afrique du Sud, le quart de finale 2023, c’est un peu notre Séville 82 pour le foot. C’est quand même un truc qui marquera l’histoire sur les moments un peu dramatiques du rugby français. »