Procès Samuel Paty : Les avocats des principaux accusés plaident l’acquittement
A la cour d’assises spéciale de Paris, le procès de l’assassinat de Samuel Paty touche à sa fin. Des acquittements ont été demandés mercredi par les avocats de Brahim Chnina et Abdelhakim Sefrioui, accusés d’avoir lancé « une fatwa numérique » contre l’enseignant décapité le 16 octobre 2020 par Abdoullakh Anzorov.
Les avocats de Naïm Boudaoud, ami de l’assaillant et un des deux accusés poursuivis pour complicité d’assassinat terroriste, ont aussi exigé l’acquittement de leur client. « Je sais que je porte la voix d’un homme innocent », a affirmé Hiba Rizkallah, un des conseils du jeune homme de 22 ans qui encourt la réclusion à perpétuité.
Sefrioui « n’est pas le gentil »
« Il n’y a aucun lien direct ou indirect entre Abdelhakim Sefrioui et Abdoullakh Anzorov », avait soutenu auparavant Colomba Grossi, une des avocates du prédicateur islamiste Abdelhakim Sefrioui. « J’ai conscience que dans l’affaire, (Abdelhakim Sefrioui) n’est pas le gentil […] Il n’a pas l’air sympa et ça n’aide pas », a reconnu Ouadie ElHamamouchi, un autre avocat du prédicateur.
« Il n’y a rien de terroriste chez Brahim Chnina », avait déjà plaidé mardi soir Nabil El Ouchikli, l’un des conseils du père de la collégienne dont le mensonge a déclenché la « campagne de haine » à l’encontre du professeur d’histoire-géographie. « C’est quoi l’objet de ce procès ? C’est le symbole ? C’est marquer l’Histoire ? C’est réparer les victimes ? C’est apaiser l’opinion publique ? Faire plaisir aux médias ? Ou c’est juger Brahim Chnina ? », a demandé une autre de ses avocates, Louise Tort.
Le Pnat a notamment requis lundi 10 ans de réclusion criminelle, avec une période de sûreté des deux tiers, contre le Marocain Brahim Chnina, 52 ans, ainsi qu’une interdiction du territoire français. Contre Abdelhakim Sefrioui, 65 ans, vieux briscard du militantisme islamiste, le parquet a requis 12 ans de prison avec également une période de sûreté des deux tiers.
Des vidéos au cœur des débats
Les 7 et 8 octobre 2020, Brahim Chnina a publié des messages et une vidéo dénonçant Samuel Paty comme un « malade ». Il n’a pas hésité à livrer le nom du professeur et l’adresse de son collège sur les réseaux sociaux. Abdelhakim Sefrioui a réagi à ses messages dès le soir du 7 octobre et s’est rendu avec Brahim Chnina au collège de Conflans-Sainte-Honorine le lendemain pour demander des sanctions contre Samuel Paty. Il a lui-même publié une vidéo où le professeur est qualifié de « voyou ».
Pour autant, ont relevé leurs avocats, ils ne connaissaient pas et n’ont jamais rencontré Abdoullakh Anzorov. Les conseils de Sefrioui ont relevé que « rien ne prouve » que l’assaillant a vu la vidéo mise en ligne par leur client. « Brahim Chnina est un père qui a cru sa fille. Ce n’est pas un crime. Sa vidéo n’est pas un crime », a pour sa part assuré Frank Berton, autre avocat de l’accusé.
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Une dernière plaidoirie de la défense est prévue ce jeudi matin avant que la cour se retire pour délibérer. Le verdict est attendu vendredi.