France

Procès Le Scouarnec : Pourquoi l’ancien chirurgien refusait de s’inscrire sur les listes électorales

A la cour criminelle du Morbihan, à Vannes,

C’était un petit détail de la très dense première semaine du procès de Joël Le Scouarnec. Mais un détail sur lequel l’accusé, qui n’a pas encore été entendu par la cour criminelle du Morbihan, a souhaité revenir, pour y apporter sa version. D’après plusieurs connaissances, l’ancien chirurgien, poursuivi pour des faits de viols et agressions sexuelles sur 299 victimes, n’a jamais souhaité s’inscrire sur les listes électorales, le privant de son droit de vote. Le médecin a beaucoup déménagé au cours de sa vie, au gré de ses changements de poste à Vannes (Morbihan), à Jonzac (Charente-Maritime), à Lorient (Morbihan) ou encore à Loches (Indre-et-Loire). Et n’a effectivement jamais pris le temps de s’inscrire sur les listes électorales. La raison pour laquelle il ne l’a pas fait est pour le moins surprenante quand on connaît les faits qui lui sont reprochés. Voire glaçante.

Interrogée par la présidente de la cour criminelle au sujet de son frère, la petite sœur de Joël Le Scouarnec, âgée de 72 ans, a évoqué ce souvenir. « Il refusait de s’inscrire sur les listes électorales. Il m’avait dit qu’il ne voulait pas voter mais que c’était surtout parce qu’il ne voulait pas être tiré au sort comme juré aux assises. Il m’avait expliqué qu’il ne voulait pas avoir à juger les autres. Et il avait ajouté : parce qu’on a tous ses zones d’ombre ».

Décrit comme un homme très intelligent, grand amateur d’opéra et de musique classique, Joël Le Scouarnec n’a quasiment jamais éveillé le moindre soupçon quant à ses déviances pédocriminelles mais aussi zoophiles. Une double vie qui a plongé sa famille dans la stupéfaction au moment de la révélation des faits. Ses trois fils ont expliqué qu’ils n’avaient jamais eu le moindre doute, portant même une profonde admiration pour leur père. Face à son aîné, Joël Le Scouarnec a pourtant révélé avoir « commis des actes sexuels » sur sa petite-fille, alors âgée de 2 ans.

« On a tous ses zones d’ombre »

Seule la sœur de l’accusé, dont les deux filles ont été abusées par ce dernier, et son ex-femme, qui continue de nier les évidences, ont pu être au fait des penchants pédophiles de l’ancien chirurgien. La révélation de son refus de s’inscrire sur les listes électorales a fait réagir Joël Le Scouarnec. Dans sa veste zippée noire qu’il porte chaque jour depuis le début du procès, l’ancien médecin a souhaité rectifier les propos de sa sœur. « Je voulais préciser quelque chose au sujet de ma décision de ne pas voter. J’ai voté une fois à 21 ans et c’était la seule fois. J’ai décidé à cette époque que je ne voulais pas, un jour, risquer de faire partie d’un juré d’assises. Je ne voulais pas être amené à juger les autres. A cette époque, j’étais très jeune et je n’avais aucune perversion, notamment pédophile », a fait savoir l’accusé avant de se rasseoir.

Le procès de Joël Le Scouarnec se poursuit jusqu'en juin devant la cour criminelle du Morbihan, à Vannes.
Le procès de Joël Le Scouarnec se poursuit jusqu’en juin devant la cour criminelle du Morbihan, à Vannes.  - Thomas Padilla/AP

Les premiers faits reprochés à Joël Le Scouarnec remonteraient à 1983, voire 1985 ou 1986 et sont donc prescrits. Les faits pour lesquels il est jugé à Vannes s’échelonnent quant à eux de 1989 à 2014. Le procès de celui qui est considéré comme le pire pédocriminel que la France ait jamais connu reprend ce lundi après-midi. Il doit durer quatre mois. L’accusé encourt une peine maximale de vingt années de prison.