France

Procès Jubillar : Leroux, Viguier, Narumi… dossiers criminels sans corps ni aveux

Agnès Le Roux a disparu le 30 octobre 1977 à l’âge de 29 ans. Martine Escadeillas a disparu le 8 décembre 1986 à Ramonville, près de Toulouse.

Reproduction d’une photographie non datée délivrée par sa mère d’Agnès Le Roux, héritière du casino du Palais de la Méditerranée, qui a disparu le 30 octobre 1977 à l’âge de 29 ans.
Reproduction d’une photographie non datée délivrée par sa mère d’Agnès Le Roux, héritière du casino du Palais de la Méditerranée, qui a disparu le 30 octobre 1977 à l’âge de 29 ans. - Famille Le Roux / AFP / AFP

L’affaire Agnès Le Roux

À la Toussaint 1977, Agnès Le Roux, riche héritière de la Côte d’Azur, disparaît sans laisser de traces. Les soupçons se portent rapidement vers son amant, l’avocat Maurice Agnelet. Bien que cet homme soit controversé, il dispose d’un alibi : il se trouvait en Suisse avec une autre maîtresse. En 1986, Maurice Agnelet est condamné uniquement pour une affaire de pots-de-vin. Un rebondissement survient en 1999 lorsque la maîtresse de Maurice Agnelet avoue avoir menti, faisant ainsi tomber son alibi.

Maurice Agnelet, peu après son acquittement en 2006.
Maurice Agnelet, peu après son acquittement en 2006. - Lionel Cironneau / AP / Sipa / Sipa

En 2006, il est jugé par la cour d’assises des Alpes-Maritimes et acquitté. Toutefois, un an plus tard, une cour d’appel le condamne à vingt ans de prison. L’affaire ne s’arrête pas là, car la Cour européenne des droits de l’homme intervient, entraînant un nouveau procès en appel en 2014. Lors de ce procès, le fils de Maurice Agnelet accuse son père, créant la surprise générale. La condamnation est à nouveau confirmée, et Maurice Agnelet décède en prison en 2021.

Photo non datée de Suzanne Viguier, qui a disparu le 27 février 2000.
Photo non datée de Suzanne Viguier, qui a disparu le 27 février 2000. - HO / AFP / AFP

L’affaire Suzanne Viguier

Le 27 février 2000, Suzanne Viguier, professeur de danse et épouse d’un universitaire, disparaît de leur domicile à Toulouse sans emporter d’affaires. Son amant, Olivier Durandet, est le dernier à l’avoir vue vivante et se montre particulièrement incriminant envers son mari, Jacques Viguier.

Jacques Viguier lors de son procès en avril 2009 devant la cour d’assises de Haute-Garonne.
Jacques Viguier lors de son procès en avril 2009 devant la cour d’assises de Haute-Garonne. - Bordas / Sipa / Sipa

Le comportement de Jacques Viguier, considéré comme suspect au regard de la disparition de son épouse, est jugé étrange. On pense qu’il n’aurait pas supporté l’idée que Suzanne envisage de le quitter. Jugé pour meurtre, il obtient un acquittement en 2009 à Toulouse, puis en appel en 2010 à Albi.

L’étudiante japonaise Narumi Kurosaki, disparue dans la nuit du 4 au 5 décembre 2016.
L’étudiante japonaise Narumi Kurosaki, disparue dans la nuit du 4 au 5 décembre 2016. - Facebook / Facebook

L’affaire Narumi Kurosaki

Narumi Kurosaki, étudiante japonaise de 21 ans, disparaît début décembre 2016 à Besançon, où elle suit des études. Quelques semaines auparavant, elle avait mis fin à sa relation avec Nicolas Zepeda, originaire du Chili, mais ce dernier est venu en France pour tenter de la reconquérir. Ils dînent ensemble au restaurant et elle ne donne plus jamais signe de vie après cette soirée.

Le Chilien Nicolas Zepeda à Santiago, lors d’une audience pour la demande d’extradition réclamée par la France, le 5 mars 2020.
Le Chilien Nicolas Zepeda à Santiago, lors d’une audience pour la demande d’extradition réclamée par la France, le 5 mars 2020. - Esteban Felix/AP/Sipa / Sipa

Réfugié au Chili, Nicolas Zepeda est extradé vers la France en 2020. Deux ans plus tard, bien qu’il nie toute culpabilité, il est condamné à vingt-huit ans de prison. Cette peine est confirmée en appel l’année suivante. Toutefois, la Cour de cassation annule cette décision en février 2025 en raison d’un vice de procédure, car un des enquêteurs a utilisé un PowerPoint non communiqué aux avocats de la défense. Nicolas Zepeda sera donc jugé une troisième fois.

Martine Escadeillas a disparu le 8 décembre 1986 à Ramonville, près de Toulouse.
Martine Escadeillas a disparu le 8 décembre 1986 à Ramonville, près de Toulouse. - AFP / AFP

L’affaire Martine Escadeillas

Le 8 décembre 1986, Martine Escadeillas, alors âgée de 24 ans, disparaît en périphérie de Toulouse. Joël Bourgeon, un ami de la disparue, est appréhendé à Lyon trente-deux ans plus tard.

Durant sa garde à vue, il avoue le meurtre en fournissant aux enquêteurs des détails seulement connus du véritable coupable, selon l’accusation. Il confesse également avoir été secrètement amoureux de sa victime. Une semaine après, il se rétracte.

Joël Bourgeon est condamné en juillet 2022 par la Cour d’Assises de Haute-Garonne à vingt ans de réclusion criminelle. Il est retrouvé mort, pendu dans sa cellule, le 26 janvier 2024, deux mois avant son procès en appel.

Amandine Estrabaud a disparu le 18 juin 2013 dans le Tarn.
Amandine Estrabaud a disparu le 18 juin 2013 dans le Tarn. - H. Menal – 20 Minutes / 20 Minutes

L’affaire Amandine Estrabaud

Amandine Estrabaud, âgée de 30 ans, disparaît le 18 juin 2013 dans le Tarn. Après avoir quitté le lycée de Castres où elle travaillait comme surveillante, elle est vue pour la dernière fois devant son domicile dans le village de Roquecourbe, en train de descendre d’un fourgon blanc avec un homme.

Il pourrait s’agir de Guerric Jehanno, une connaissance résidant également à Roquecourbe. Ce dernier était sur un chantier en tant que maçon ce jour-là et sa tenue de travail ainsi que son véhicule ressemblent à ceux aperçus par la voisine d’Amandine.

Photo non datée de Guerric Jehanno.
Photo non datée de Guerric Jehanno. - Facebook / Facebook

L’alibi de Guerric Jehanno est contesté malgré son déni d’implication : il prétend avoir joué à la PlayStation toute la soirée, mais les données de la console montrent le contraire. Il est condamné en 2020 à trente ans de prison. Son appel de 2021 est confirmé, mais annulé pour vice de procédure. Ce n’est qu’en 2024, lors d’un troisième procès, que le verdict sera entériné.

Laure Zacchello est portée disparue depuis le 21 juin 2024.
Laure Zacchello est portée disparue depuis le 21 juin 2024. - Police nationale. / Police nationale.

L’affaire Zacchello

Le 21 juin 2024, Laure Zacchello, âgée de 43 ans, dépose ses trois enfants à l’école à Urrugne, au Pays basque. Elle ne donnera plus de nouvelles et son ex-mari, Alexis Juret, est retrouvé blessé à la tête devant la maison familiale. Il déclare avoir été agressé et ne sait pas où sa femme a pu aller.

Photo non datée d’Alexis Juret.
Photo non datée d’Alexis Juret. - Facebook. / Facebook.

Les enquêteurs suspectent rapidement Alexis Juret d’avoir simulé son agression pour dissimuler le meurtre de sa femme, dont le corps est toujours introuvable. Selon les autorités, Juret est un « survivaliste, sportif et chasseur » qui connaît bien la région. Des éléments ont également révélé que Laure craignait pour sa sécurité en présence de son mari. Mis en examen pour meurtre sur conjoint, il maintient son innocence.

Photo non datée du conseiller général Pierre Quemeneur, disparu en mai 1923 entre la Bretagne et Paris.
Photo non datée du conseiller général Pierre Quemeneur, disparu en mai 1923 entre la Bretagne et Paris. - AFP / AFP

L’affaire Seznec

Cette affaire est l’une des plus grandes énigmes judiciaires du XXe siècle. Négociant en bois, Guillaume Seznec quitte Rennes le 25 mai 1923 en compagnie de son ami Pierre Quémeneur, conseiller général du Finistère, pour des affaires à Paris. Trois jours plus tard, il revient seul, prétendant avoir laissé Quémeneur près de la capitale, celui-ci préférant terminer le voyage en train. Pierre Quémeneur n’apparaît plus jamais.

Photos anthropométriques attribuées à Guillaume Seznec par la Sureté, et dont l’authenticité a été remise en cause.
Photos anthropométriques attribuées à Guillaume Seznec par la Sureté, et dont l’authenticité a été remise en cause. - Dalmas / Sipa / Sipa

En novembre 1924, Guillaume Seznec est condamné à des travaux forcés à perpétuité. Il passera vingt ans au bagne, en Guyane. Gracié par le général de Gaulle en 1946 pour bonne conduite, il rentre en métropole l’année suivante. Renversé à Paris en novembre 1953 par une camionnette, il décède trois mois plus tard. Quatorze demandes de révision de son procès, présentées par sa famille, ont été rejetées, la dernière en 2006.