Procès Gérard Depardieu : « Aucun geste » ou « sa main dans ma culotte »… La parole aux témoins

Au tribunal correctionnel de Paris,
Des machinistes, ingénieurs du son, habilleuses, costumières et des stars de cinéma. On n’est pourtant pas sur un plateau de tournage mais dans une salle d’audience du tribunal de Paris. Malgré une tirade théâtrale, quand Fanny Ardant foule le parquet du tribunal correctionnel d’un pas décidé, elle ne s’apprête pas à réciter son texte mais à témoigner en faveur d’un de son « ami » Gérard Depardieu.
Le comédien comparaît pour des accusations d’atteintes sexuelles sur Amélie, 54 ans, décoratrice et Sarah*, 34 ans, assistante réalisatrice, sur le tournage du film Les Volets verts en 2021. Dans cette pièce qui se joue sur les planches de la justice, ce ne sont pas des acteurs mais des juges, un prévenu, des plaignantes, des avocats et des témoins à charge, et à décharge.
D’abord, le témoignage de Sarah qui reproche trois agressions à l’acteur. Elle décrit des « humiliations », des « grossièretés », en résumé un « environnement de travail pas sain ». Puis une main aux fesses, les deux mains sur les seins, et une main aux fesses une nouvelle fois. Sur ces trois événements, elle se souvient avoir dit « non » deux fois. De son côté, le comédien continue de nier les accusations, dément s’être retrouvé seul avec la plaignante. « Il ne manquerait plus que je fasse des gestes, même si j’étais seul avec elle, jamais je ne me permettrai ». Il répète ses arguments de la veille, que les « seins et les fesses » ne l’intéressent pas.
« Vous êtes un menteur monsieur Depardieu »
« Ai-je le droit de vous dire que vous êtes un menteur monsieur Depardieu ? », s’agace une témoin qui elle-même se dit victime d’attouchements sur un tournage en 2014, et dont le tribunal n’est pas saisi. Selon cette costumière, qui s’est depuis éloignée du cinéma, « monsieur Depardieu sait très bien faire les choses cachées, au bon moment, au bon endroit ». Elle décrit des faits qui ressemblent beaucoup à ceux qui intéressent la cour. Des attouchements par-dessus son collant sur son sexe, ses seins, « en me susurrant des mots des plus vulgaires ». « Je me souviens dire non d’une petite voix, mais je crois que monsieur Depardieu ne connaît pas ce mot », poursuit-elle avant de prévenir : « Ces femmes ne mentent pas, cet homme est dangereux. Son entourage le sait et son entourage ne fait rien ».
« Bah alors, je pensais que tu voulais réussir dans le cinéma » »
« Tout le monde le sait », abonde à son tour Sarah B., comédienne de 30 ans. Sur le tournage de la série Marseille, alors qu’elle est âgée de 20 ans et qu’elle commence sa carrière, elle tombe de haut dès le deuxième jour. Pendant une photo d’équipe avec des passants curieux de voir le monstre sacré du cinéma, elle a la main de l’acteur dans le dos, l’entend « grogner », elle « trouve ça étrange ». « Il a baissé sa main il l’a mise dans ma culotte, contre ma peau, j’ai poussé sa main, deux fois, j’ai appelé les gens autour de moi », raconte-t-elle d’une voix tremblante. C’est à ce moment que l’acteur aurait rétorqué : « bah alors, je pensais que tu voulais réussir dans le cinéma ».
Notre dossier sur Gérard Depardieu
De l’autre côté, son garde du corps, son habilleuse, le chef opérateur du son, son gérant de loges, ont témoigné en faveur de Gérard Depardieu. « Je n’ai jamais vu monsieur Depardieu s’en prendre régulièrement, s’obstiner sur quelqu’un, je n’ai jamais vu ce genre de comportement », assure ainsi un machiniste des Volets verts. Le directeur de la photographie va dans le même sens se disant « très étonné » quand il est contacté pour une affaire d’agression sexuelle sur le plateau. « C’est un petit milieu, tout le monde parle, et là, personne n’en a parlé », jure le technicien qui a rencontré l’acteur « il y a presque 40 ans ». Des témoins à décharge, des proches de l’acteur, dont la parole semble peser moins lourd face à celle de femmes encore meurtries.
*Le prénom a été modifié