France

Procès du Dr Péchier : témoignage d’une victime présumée de son calvaire.

Une première victime présumée de l’anesthésiste Frédéric Péchier, Sandra Simard, a témoigné devant la cour d’assises du Doubs qu’elle a été empoisonnée pendant une opération le 11 janvier 2017 et s’est réveillée le 16, intubée et attachée. Frédéric Péchier, 53 ans, est jugé pour 30 empoisonnements de patients, dont 12 morts, entre 2008 et 2017 dans deux cliniques privées de Besançon.


« Je vis comme dans le corps d’une vieille personne ». Une première victime présumée de l’anesthésiste Frédéric Péchier a témoigné jeudi devant la cour d’assises du Doubs. Elle a décrit un « calvaire » depuis son empoisonnement pendant une opération. « Je me suis endormie le 11 janvier 2017 au matin et je me suis réveillée le 16, intubée, attachée et perdue », a raconté Sandra Simard. À son réveil, une infirmière lui explique que son « cœur s’est arrêté pendant l’intervention » et qu’elle a « dormi pendant cinq jours ». Elle était venue à la clinique Saint-Vincent de Besançon pour une opération du dos.

Les jours suivants sont « très traumatisants », « personne ne peut donner d’explication à mon arrêt cardiaque », se souvient la comptable, âgée de 36 ans à l’époque. Ses trois enfants viennent la voir à l’hôpital. « Dans mon délire paranoïaque, je leur ai dit au revoir comme si je ne les reverrais jamais. Ça a été la chose la plus difficile que j’aie eue à vivre », ajoute Sandra Simard, dans le silence de la salle d’audience.

« Malgré les années, je n’ai rien oublié »
Finalement, un enquêteur annonce l’impensable : « un produit toxique est passé dans mes veines. Pour la première fois depuis mon réveil, je savais que je n’avais pas de problème cardiaque ». Frédéric Péchier, qui n’était pas chargé de son anesthésie mais qui a participé à sa réanimation, sera interpellé début mars 2017.

« Malgré les années, je n’ai rien oublié de ces moments : les hallucinations, la paranoïa, la peur, un sternum fracturé par un massage cardiaque… ». Désormais, « je vis comme dans le corps d’une vieille personne », poursuit la victime, qui a été en arrêt maladie pendant deux ans et demi. Elle garde des « séquelles neurologiques », « d’importants problèmes de mémoire, de fatigue, d’intolérance au bruit ».

« Toute ma vie a été remise en cause, toutes mes habitudes. Malgré tout, je n’estime pas avoir le droit de me plaindre, parce que je suis en vie, contrairement à beaucoup d’autres personnes ». Sandra Simard dit ressentir un « mépris » de l’accusé pour les victimes. Et « le mépris blesse autant que la seringue qui vous empoisonne ».

Frédéric Péchier, 53 ans, est jugé pour 30 empoisonnements de patients, dont 12 sont morts, entre 2008 et 2017 dans deux cliniques privées de Besançon. L’accusé clame son innocence. Il comparaît libre, mais risque la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu le 19 décembre.