Procès du Dr Péchier : l’anesthésiste accusé de « tueur en série »
L’accusation a déclaré que Frédéric Péchier est l’auteur de 30 empoisonnements de patients, dont 12 mortels, commis entre 2008 et 2017 dans deux cliniques de Besançon. Le verdict dans cette affaire est attendu d’ici au 19 décembre.
Devant la cour d’assises du Doubs, l’accusation a exposé jeudi un portrait sans appel de Frédéric Péchier. Selon les avocates générales Thérèse Brunisso et Christine de Curraize, « tout désigne » l’anesthésiste comme l’auteur de 30 empoisonnements de patients, dont 12 mortels, commis entre 2008 et 2017 dans deux cliniques de Besançon. « Ce n’est pas un médecin que vous jugez, mais un criminel qui a utilisé la médecine pour tuer », a déclaré Thérèse Brunisso à l’issue d’une plaidoirie offensive.
L’accusation a qualifié le praticien de 53 ans de « l’un des plus grands criminels de l’histoire judiciaire française », précisant qu’il ne correspondait pas au profil des figures du grand banditisme criminel. « Il n’en est pas moins un tueur en série », a insisté l’avocate générale, se déclarant « certaine de sa culpabilité ». Frédéric Péchier, qui comparaît libre et encourt la réclusion criminelle à perpétuité, est resté impassible face à ces accusations.
Une chronologie jugée troublante
Pour soutenir cette thèse, Christine de Curraize a évoqué le travail des enquêteurs, qui ont examiné plus de 1.500 personnes ayant pu avoir accès aux produits utilisés. « Sur un total de 1.514 personnes, Frédéric Péchier est le seul à avoir travaillé dans les deux établissements durant la période considérée », a-t-elle souligné. L’accusation a également mis en avant une chronologie troublante, avec une série d’événements indésirables graves survenus à son arrivée à la Polyclinique de Franche-Comté début 2009, alors qu’aucun incident suspect n’avait été signalé dans la clinique qu’il venait de quitter.
Selon le ministère public, l’anesthésiste aurait volontairement contaminé des poches de perfusion avec des substances pour provoquer des arrêts cardiaques ou des hémorragies chez des patients suivis par d’autres médecins. Il aurait agi pour nuire à des confrères avec lesquels il était en conflit, motivé par un « besoin de puissance » et des « failles narcissiques ». « L’empoisonneur, c’est celui qui cache son crime », a résumé Christine de Curraize.
Plaidoirie de la défense attendue lundi
L’accusation a longuement abordé le dernier cas retenu, celui de Jean-Claude Gandon, décédé en janvier 2017 à la clinique Saint-Vincent. Selon l’accusation, Frédéric Péchier aurait voulu se poser en victime d’actes malveillants similaires à ceux dénoncés par ses collègues, mais aurait commis « trop d’erreurs », laissant des seringues sur place. Ce dossier serait le tournant de l’enquête, l’avocate générale ayant estimé qu’il « signe sa perte ».
Face à une défense qui conteste l’existence de preuves directes et évoque l’absence de profil psychiatrique, Thérèse Brunisso a répondu qu’un « faisceau d’éléments » suffisait à établir la culpabilité et que « la folie n’est pas nécessaire pour caractériser un tueur en série ». Elle a également décrit l’accusé comme un homme « prêt à tout pour sauver sa peau », n’hésitant pas à incriminer ses anciens collègues. L’avocat de la défense, Randall Schwerdorffer, plaidera l’acquittement lundi. Le verdict est attendu d’ici au 19 décembre.

