Procès des viols de Mazan : « Six minutes pour réclamer 13 années »… Les avocats dénoncent des réquisitions « expéditives »
«Un réquisitoire sauvage » et « expéditif » : c’est en ces mots que les avocats de la défense du procès des viols de Mazan se sont insurgés contre les plaidoiries du parquet. Parmi les 51 accusés qui comparaissent dans cette affaire, plusieurs ont vu leurs avocats contester la gravité des peines demandées par les avocats généraux, qui souhaitent envoyer un « message d’espoir » aux victimes de violences sexuelles.
« Six minutes chez Dominique Pelicot, neuf minutes de réquisition et 13 années réclamées. Ces réquisitions sont sauvages. Je suis persuadée que vous n’êtes pas un broyeur dans lequel on injecte toute cette misère sociale », a ainsi plaidé l’avocate de Florian R., Guilaine Michel.
Absence d’intention criminelle
Florian R., chauffeur-livreur de 32 ans, risque treize années de réclusion criminelle. Son avocate, Me Guilaine Michel, a appelé à son acquittement en insistant sur l’absence d’intention criminelle de son client, malgré la reconnaissance de la « matérialité » des faits.
Au cours de la nuit du 12 au 13 décembre 2019, Florian R. aurait été contacté via un site de rencontres et invité à participer à ce qu’il pensait être un « plan à trois ». Arrivé sur place, il découvre Gisèle Pelicot, inconsciente sous une couette. « Il essaie de voir si elle réagit, mais comprend qu’elle ne joue pas quand il entend un ronflement », a plaidé Me Michel. Selon elle, il aurait alors cessé tout acte et quitté les lieux en quelques secondes. « Savait-il qu’elle était sédatée ? Non », insiste l’avocate. L’avocate de Nicolas F., un journaliste indépendant de 42 ans, a également critiqué la brièveté du réquisitoire le concernant. En sept minutes, le parquet a réclamé 14 ans de réclusion pour des pénétrations digitales sur Gisèle Pelicot. « Pourquoi le faire réincarcérer ? » s’est interrogée Me Emilie Blas, rappelant que son client ne nie pas les faits mais réfute l’intention criminelle.
Retrouvez notre dossier sur l’affaire des viols de Mazan
Mathieu D., 53 ans, a également reconnu les faits sans admettre l’intention criminelle. Son avocate, Me Alix Gros-Le Maut, a déploré la rapidité avec laquelle une peine de dix ans a été requise : « Moins de dix minutes pour une peine de dix ans. Je vous laisse apprécier. » Elle plaide pour une libération de son client.
Le procès doit durer jusqu’au 13 décembre et le verdict est attendu le 20 décembre.