Procès des viols de Mazan : « Il en a bien profité »… Pelicot, l’ogre, procureur.
Dominique Pelicot a été entendu comme simple témoin à la cour d’appel de Nîmes ce mardi, sans porter un regard vers l’accusé Husamettin D. qui se trouve dans le box des accusés. Ce dernier a écopé de neuf ans de réclusion criminelle en première instance et affirme être tombé dans un « piège », jurant n’avoir jamais « voulu violer cette dame ».

À la cour d’appel de Nîmes,
À part ses cheveux gris qui ont légèrement poussé, Dominique Pelicot n’a pas changé. Il arbore la même mine austère, le même regard noir et le même ton accusateur. Au box des accusés de la cour d’appel de Nîmes, où il est entendu ce mardi comme simple témoin, l’ogre de « Mazan » ne porte aucun regard sur le seul accusé, Husamettin D. « J’ai été surpris qu’il fasse appel, tous les autres ont eu la décence de ne pas le faire », déclare-t-il d’un ton faussement détaché. Assis au bas du box, l’accusé encaisse, appuyé sur sa béquille à cause d’une polyarthrite, les yeux rivés au sol.
Avec des propos incisifs, Dominique Pelicot semble uniquement désireux de laisser Husamettin D. face à une lourde condamnation, lui qui avait écopé de neuf ans de réclusion criminelle en première instance. Depuis son interpellation, cet homme de 44 ans répète être tombé dans un « piège », pensant participer à un « plan à trois ». « Je n’ai jamais su qu’elle était droguée, il ne m’a jamais dit ça », a-t-il de nouveau affirmé lundi, jurant n’avoir jamais « voulu violer cette dame ». « Il en a bien profité, il ne s’est jamais senti menacé », assure Dominique Pelicot d’une voix claire.
« Aucun doute quant à l’état de mon épouse »
Selon son récit, dès les premières interactions sur le site Coco.fr, il indique clairement à ses interlocuteurs ses sinistres projets. Ses échanges avec Husamettin D. suivent cette même logique. « Je lui ai dit “je suis à la recherche d’une personne pour violer mon épouse endormie par mes soins à son insu” », raconte-t-il. Il dicte à l’accusé ses règles : pas de tabac, pas de parfum, se laver les mains… « Un ensemble de choses qui ne pouvait laisser aucun doute quant à l’état de mon épouse », selon lui. Assise en face, Gisèle Pelicot l’écoute attentivement, impassible. Son fils cadet, Florian, le visage fermé, ne le quitte pas des yeux.
« Faites attention à ce que vous dites »
Mais dès que la défense tente de l’interroger, Dominique Pelicot se montre agressif. Il s’emporte visiblement lorsque Me Jean-Marc Darrigade, l’un des avocats d’Husamettin D., le questionne sur le bandeau noir qu’il avait placé sur les yeux de son épouse. « On est d’accord que c’est un accessoire fréquent des scénarios libertins », insiste l’avocat, cherchant à démontrer que son client a pu être trompé. « Je ne fréquente pas ce genre de site », répond-il avec une mauvaise foi évidente. Il se montre menaçant lorsque l’avocat interroge à propos des deux cold cases pour lesquels il est mis en examen. « Faites attention à ce que vous dites », avertit-il dans le box.
« Auriez-vous un intérêt à enfoncer Husamettin D. ou un autre accusé ? », interroge le président. « Aucun, sauf la vérité », soutient ce témoin aux accents de procureur. « Je sais ce que j’ai fait et je le paye. Aujourd’hui, cela fait un an que je suis à l’isolement. La seule visite que je reçois, c’est celle de mon avocat. Tout ce qui me reste, c’est la lecture et l’écriture. C’est ce qui m’aide à survivre. » Sa gorge est nouée mais ses yeux demeurent secs.
Rapidement, son amertume se manifeste. Il déplore les témoignages qu’il considère à charge de ses proches lors du premier procès, et estime que personne n’a cherché à comprendre les raisons de son acte. « Même les enfants ne peuvent pas dire tout et son contraire », insiste-t-il. Malgré tout, il tient à adresser ses derniers mots à ses proches. « Je voulais renouveler mes excuses à ma famille, celle que j’avais. » Il n’aura pas un mot, pas une expression en retour.

