France

Procès des viols de Mazan : « C’est pratiquement une banalité d’avoir violé Madame Pelicot »

«J’ai beaucoup de colère. De la colère parce qu’ils auraient pu tout arrêter à tout moment. Beaucoup de colère car pas un seul n’a dénoncé. Beaucoup de colère parce qu’ils sont venus assouvir leurs pulsions sexuelles », a répété Gisèle Pelicot, dans sa dernière déclaration prévue
au procès dit des viols de Mazan qui entre dans sa dernière phase après trois mois nécessaires à l’audition de 51 accusés.

« Ce procès est celui de la lâcheté », a souligné Gisèle Pelicot. « Il est grand temps que la société machiste, patriarcale, qui banalise le viol, change. Il est temps qu’on change le regard sur le viol », a insisté la principale victime de ce dossier où Dominique Pelicot, son ex-mari, l’a drogué pendant dix ans avant de la laisser être violée par les co-accusés recrutés sur Internet.

En gilet noir et robe à rectangle blanc et noir, Gisèle Pelicot s’est également indignée à la barre des tentatives de dédouanement et d’explications données par les co-accusés. « J’ai entendu dire beaucoup de choses inaudibles, inacceptables. J’ai vu défiler à la barre des individus qui nient le viol, d’autres le reconnaissant […] mais ces gens-là ne s’excusent qu’eux-mêmes », a développé la victime, avant une première conclusion glaciale : « C’est pratiquement une banalité d’avoir violé Madame Pelicot. » Et d’ajouter :

« Indépendamment de ma volonté, je suis aujourd’hui connue dans le monde entier. On se souviendra de Madame Pelicot et pas de Monsieur Pelicot. Je veux qu’il n’y ait pas de honte à porter à ce nom. Il n’y aura plus de honte ! » »

Sa fille Caroline quitte l’audience

Après cette première déclaration spontanée, les avocats de la défense se sont succédé pour une dernière série de question à Gisèle Pelicot. Nadia El-Bouroumi a ainsi poursuivi, dans son style agressif qui passe assez mal, sa ligne énoncée depuis le premier jour du procès qui consiste à présenter Dominique Pelicot comme capable d’avoir manipulé ses co-accusés.

« Pensez-vous que je serais restée pendant cinquante ans avec quelqu’un qui m’aurait manipulée au quotidien. Non, il me manipulait quand il me droguait », a répété Gisèle Pelicot. Et maître El-Bouroumi d’évoquer un dossier de meurtre et de viol qui remonte au début des années des 1990 à Nanterre et pour lesquels Dominique Pelicot est mis en examen. « Vous nous dites : ça a duré dix ans. Moi je vous dis que ça a pu durer quarante ans. »

La question de l’ampleur des crimes et des responsabilités de Dominique Pelicot, qui reconnaît et assume sans difficulté les faits reprochés dans le périmètre de la présente accusation, reste ainsi posée. « C’est un des plus grands criminels sexuels de ces vingt dernières années », avait expliqué sa fille Caroline, qui a créé l’association « M’endors pas » et qui, certaine d’avoir aussi été abusée par son père, se considère être l’oubliée de ce procès. Un procès qu’elle a quitté d’ailleurs en milieu de matinée, tandis que sa mère répétait qu’elle ne pensait que son ex-mari ait pu violer sa fille avec le même procédé.