France

Procès de Cédric Jubillar : « Vulgaire personnage », « impulsif », l’accusé avoue, mais pas le meurtre.

Cédric Jubillar a affirmé qu’il n’a pas tué sa femme, malgré les insinuations de l’accusation. Il a également reconnu avoir tenté de géolocaliser le téléphone de Delphine le 25 septembre et a consulté ses comptes au distributeur en décembre en utilisant sa carte bancaire.

« Elle sera toujours la mère de mes enfants, elle sera toujours dans mon cœur ». Cédric Jubillar a répété cette phrase à plusieurs reprises ce vendredi lors de son interrogatoire récapitulatif. Il a également affirmé qu’il n’avait pas tué Delphine, comme l’accusation le sous-entend. Au cours de l’audience, il a réussi à répondre à toutes les questions tout en révélant peu d’informations.

Vêtu d’un pull gris clair sur un long tee-shirt rouge, l’accusé s’est montré souvent agité, se grattant les mains. Sa voix est restée stable, en se concentrant sur l’essentiel et en étant succinct sur le reste. Les mots « tout à fait » ont été ceux qu’il a le plus employés.

« Je pense que mon côté bad boy » a pu lui plaire

Rabaissait-il Delphine ? « Je rabaissais tout le temps tout le monde, ce n’était pas spécifiquement avec elle. » L’a-t-il insultée, en la qualifiant de « salope » ? « J’ai toujours été un vulgaire personnage », admet-il. « C’est mon tempérament. Je pense que mon côté bad boy a pu lui plaire au début, mais à la fin, ça l’a soûlée. » Il ne nie pas être impulsif : « Je m’énerve vite, mais je redescends aussi vite. »

Il reconnaît également que les disputes sont devenues plus fréquentes lorsquDelphine a commencé à évoquer le divorce durant l’été précédant sa disparition. Mais il assure qu’il s’agissait seulement de mots échangés. « Je n’ai jamais touché une femme », affirme Cédric Jubillar, peu importe que Louis, son fils, ait témoigné qu’il les ait plusieurs fois séparés physiquement, ou que sa mère, Nadine, ait confirmé à l’audience qu’il l’avait plaquée contre le mur après la disparition de son épouse, pour une histoire de pelle à tarte. Il n’a « pas le souvenir » de ces incidents.

Il ne décrit pas les mois précédant la disparition comme idylliques. « J’ai toujours subi ce divorce », affirment Cédric Jubillar, mais il considère la consultation d’un avocat – le 19 novembre 2020 – comme preuve qu’il avait finalement accepté le divorce.

Les menaces de mort ? Une habitude

« Mais est-ce que vous admettez l’idée d’avoir exercé une certaine surveillance sur votre femme ? », lui demande la présidente Hélène Ratinaud. « Je voulais savoir si elle me quittait parce qu’elle en avait marre de moi ou si elle avait rencontré quelqu’un d’autre », explique Cédric Jubillar, qui concède avoir joué le rôle de détective. « La vraie vie », soutient son avocate Emmanuelle Franck. Qui ne ferait pas la même chose dans pareille situation ? Cédric Jubillar a tenté de géolocaliser le téléphone de sa femme le 25 septembre et, début décembre, il a consulté deux fois ses comptes au distributeur, utilisant la carte bancaire de Delphine. Il a découvert des locations de voiture, d’appartements, et des achats de lingerie. « J’étais sûr à 2.000 % qu’elle avait un amant, mais je n’en avais pas la preuve », a-t-il déclaré. A-t-il interrogé Delphine ? « Elle me mentait. » Ce qui surprend l’accusation et les parties civiles, c’est que lui, Cédric Jubillar, impulsif, qui déteste qu’on le prenne « pour un con », se soit satisfait d’explications qu’il savait mensongères. Mais, « tout à fait ».

Notre dossier sur l’affaire Jubillar

Enfin, non, pas tout à fait. Il y a aussi le « J’en ai marre, elle m’énerve, je vais la tuer et l’enterrer là où personne ne la retrouvera », dit à sa mère Nadine environ trois semaines avant la disparition. L’accusé rétorque tranquillement que c’est « habituel » chez lui de dire qu’il veut tuer des gens. Il pense aussi que sa mère a un peu exagéré et conteste la fin de la phrase, le « là où personne ne la retrouvera », sans insister. Tout semble glisser sur lui, il paraît détaché.

Lundi, cet interrogatoire se poursuivra par des questions sur la fameuse nuit de la disparition de Delphine, dont le corps n’a jamais été retrouvé.