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Procès de Cédric Jubillar : « Péché originel » ou « esbroufe » ?

L’avocat général Pierre Aurignac a déclaré : « J’ai l’impression que nous perdons notre temps » concernant la convocation du magistrat Dominique Alzéari, qui a rappelé le devoir de communication d’un procureur après la mise en examen de Cédric Jubillar. La défense a demandé à entendre l’ex-procureur de Toulouse, Dominique Alzeari, qui avait tenu une conférence de presse le 18 juin 2021 pour détailler certains éléments du dossier concernant Cédric Jubillar.

Un « coup d’esbroufe » et du temps perdu pour l’accusation

« J’ai l’impression que nous perdons notre temps », a déclaré l’avocat général Pierre Aurignac en évoquant la convocation du magistrat, rappelant les obligations de communication d’un procureur alors que Cédric Jubillar venait d’être mis en examen et incarcéré, après 48 heures de garde à vue.

« C’est un coup d’esbroufe qui a fait pschitt. Il y a des éléments forts dans ce dossier qui mènent à la condamnation de Jubillar », a ajouté, en marge de l’audience, Me Philippe Pressecq, avocat d’une cousine de Delphine.

L’ex-procureur de Toulouse reconnaît d’ « éventuelles approximations »

« Avez-vous conscience que vous énoncez des éléments faux ? », a interrogé l’autre avocat de l’accusé, Emmanuelle Franck, en listant divers points comme les horaires d’appels téléphoniques, la connaissance de l’accusé d’un amant, la présence d’une couette dans la machine à laver, la séparation des chambres du couple, et le nombre de pas effectués par l’accusé.

« Ce sont les éléments dont je disposais, parce que c’étaient des éléments qui avaient été portés à ma connaissance », a répondu Dominique Alzéari, admettant d’« éventuelles approximations ».

« Vous êtes le péché original de ce dossier »

« Vous avez pris des précautions oratoires », a reconnu l’avocat de la défense Alexandre Martin. Toutefois, il a accusé le magistrat d’avoir « porté des appréciations sur le bien-fondé des charges » contre Cédric Jubillar, qualifiant ses déclarations d’évolutives et mensongères, et le témoignage de l’enfant de « crédible » en référence à leur fils, qui avait rapporté une dispute du couple la nuit de la disparition.

« Je considère que vous êtes le péché originel de ce dossier […] à partir de votre intervention, il a fallu qu’on rétablisse un bon nombre de vérités », a ajouté Alexandre Martin.

Calme, Cédric Jubillar écoute les échanges, vêtu d’une veste zippée noire.

« Je n’ai pas parlé de preuves, ni de charges », se défend l’ex-procureur de Toulouse

Après la projection de sa conférence de presse du 18 juin 2021, durant laquelle il avait annoncé la mise en examen de Cédric Jubillar, Dominique Alzéari a exprimé des interrogations sur le sens de sa convocation comme témoin. Il a précisé avoir seulement « détaillé un certain nombre d’éléments objectivés, vérifiables, avérés » lors de cette conférence, six mois après la disparition de l’infirmière, dont le corps demeure introuvable.

« Il s’agissait d’indices, je n’ai jamais parlé de preuves, ni de charges », a-t-il insisté.

La fameuse conférence de presse du procureur de Toulouse diffusée à l’audience

Au début de l’audience ce lundi, les avocats généraux ont demandé la diffusion de la conférence de presse de Dominique Alzéari, procureur de la République de Toulouse, donnée le 18 juin 2021, au cours de laquelle il avait évoqué la mise en examen de Cédric Jubillar et son incarcération.

« C’est du spectacle »

Une telle audition est « assez rare », même si ce n’est « pas une première », a souligné une source proche du dossier auprès de l’AFP. « On est dans la stratégie de la défense de déstabilisation de l’enquête », a-t-elle ajouté, reconnaissant qu’à cette date du 18 juin 2021, le procureur avait agi avec « imprudence » lors d’ « une conférence de presse mal maîtrisée ».

Du côté des parties civiles, l’un des avocats des frères et sœurs de Delphine Jubillar, Laurent de Caunes, n’attend rien de cette audition, qualifiant cela de « spectacle ». « Toute la démarche de la défense est de faire de la dilution et de la diversion », a-t-il estimé la semaine passée, en commentant le travail de sape du dossier construit par l’accusation par ses confrères de la défense.

« Cet homme a crucifié Cédric Jubillar »

La défense de Cédric Jubillar cherche à entendre l’ex-procureur de Toulouse, car « cet homme a crucifié Cédric Jubillar dès le 18 juin 2021 », a déclaré Me Alexandre Martin à la presse, faisant référence à la date de la mise en examen de son client. Ce magistrat, selon lui, « a expliqué que certaines choses étaient des vérités alors que cela s’est avéré être faux. Cela a été très préjudiciable à la défense, dès le départ et encore aujourd’hui », a souligné Me Martin.

« L’image qui a été créée de Cédric Jubillar » et contre laquelle « on s’est battu pendant quatre ans et demi, c’est à cause des propos de M. le procureur Alzéari. J’attends avec impatience ce qu’il va nous dire », a ajouté sa consœur de la défense, Emmanuelle Franck.

Pourquoi la défense veut entendre l’ex-procureur de Toulouse

Ce lundi, un procureur de la République va exceptionnellement témoigner à la barre. La défense a convoqué Dominique Alzéari, qui était à la tête du parquet de Toulouse au moment de l’arrestation et de la mise en examen de Cédric Jubillar.

Le 18 juin 2021, le procureur Dominique Alzéari avait tenu une conférence de presse de plus d’une heure, durant laquelle il avait détaillé plusieurs éléments du dossier, notamment l’existence d’une « violente dispute » entre le couple le soir des faits, selon leur fils, et avait décrit Cédric Jubillar comme « brutal, grossier, agressif », tout en affirmant qu’il avait proféré des « mensonges » lors de son audition.

Bonjour, et bienvenue dans ce live consacré au cinquième jour du procès de Cédric Jubillar

Depuis une semaine, Cédric Jubillar est accusé du meurtre de sa femme Delphine devant la Cour d’assises du Tarn. La rédaction de 20 Minutes se mobilise pour vous faire vivre les temps forts d’un procès sans corps ni aveux, aussi tendu que fascinant.