France

Procès de Cédric Jubillar : « On ne fabule pas, on invente une histoire »

Me Emmanuelle Franck a dénoncé une « expertise bidon » concernant les lunettes de Delphine Jubillar, rappelant que l’expert a réalisé ses tests sur des montures neuves. L’accusation a requis trente ans de réclusion criminelle pour Cédric Jubillar, qui est jugé pour le meurtre de sa femme Delphine, disparue dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020.

Des lunettes cassées ? Une « expertise bidon »

Concernant les lunettes de Delphine Jubillar, déjà abîmées et retrouvées brisées, Me Emmanuelle Franck a dénoncé une « expertise bidon » réalisée par l’expert de la direction générale de l’armement, qui a effectué ses tests sur des montures neuves. « Et vous pensez vraiment qu’on peut briser les lunettes de quelqu’un sur son nez sans qu’il y ait du sang et sans qu’on en ait la trace sur les mains ? », a-t-elle interrogé.

Cédric Jubillar attentif

Cédric Jubillar est parfois adossé à sa chaise, parfois appuyé contre la trappe d’ouverture du box. Avec une barbe de plusieurs jours et un sweat noir à capuche, il écoute attentivement tout en réprimant quelques bâillements.

« On fabule, on invente une histoire »

Me Emmanuelle Franck a expliqué que l’horodatage des cris entendus par les voisines ne correspond pas au témoignage du fils aîné du couple, Louis. « On fabule, on invente une histoire, on essaie de faire entrer des ronds dans des carrés, on prend les pièces d’un puzzle et on force, on force, pour que ça rentre », a-t-elle insisté.

« Un désastre judiciaire annoncé »

« C’est la chronique d’un désastre judiciaire annoncé », assure Emmanuelle Franck, en faisant le parallèle avec l’affaire Grégory. Elle a poursuivi : « On retrouve des journalistes intrigants, des témoins qui vont témoigner dans la presse avant d’aller chez les gendarmes, des cancanages de village. »

Emmanuel Franck ouvre le bal

C’est Me Emmanuelle Franck qui débute les plaidoiries de la défense. « Que penser d’une mère qui n’en est pas vraiment une, qui vient vous dire la douleur qui est la sienne. C’est si difficile d’accuser son fils, qu’elle le refait le soir au 20 heures », commence l’avocate. Nadine Jubillar a avoué à la barre avoir des doutes sur la culpabilité de son fils. Elle a notamment rapporté que quelques semaines avant la disparition de Delphine, son fils, pris de rage à cause du divorce, avait déclaré : « je vais la tuer, je vais l’enterrer ». L’avocate a ajouté : « Il y a trop de gens dans cette affaire qui n’étaient pas grand-chose et qui ont voulu devenir quelqu’un, et peut-être toi aussi Cédric. »

Patience, patience…

Selon les huissiers du palais de justice d’Albi, quelques curieux ont passé la nuit devant le grand escalier de la cour d’assises, équipés de tables, chaises et couvertures, pour s’assurer une place lors des plaidoiries de la défense.

« Il est innocent de ce qu’on lui reproche »

Lundi soir, à l’issue de la dernière partie d’un interrogatoire récapitulatif de Cédric Jubillar, durant lequel il avait multiplié les dénégations, ses avocats ont déclaré à la presse qu’ils réservaient désormais leurs propos pour leurs plaidoiries. « Cédric Jubillar s’est exprimé, comme il le fait depuis le début de cette procédure, pour dire et répéter qu’il est innocent de ce qu’on lui reproche », avait déclaré ce soir-là Alexandre Martin.

Les contradictions de leur client, mises en avant par les avocats généraux et les avocats des parties civiles, n’ont concerné que des « points de détail », tandis que « sur les éléments essentiels du dossier (…) il ne s’est jamais contredit », a encore affirmé l’avocat.

L’ultime passage de la défense dans l’arène

Ils disposent de la journée pour instaurer un doute raisonnable dans l’esprit des jurés. Emmanuelle Franck et Alexandre Martin, les avocats du peintre-plaquiste de 38 ans, ont passé le procès à interroger, avec succès, le listing téléphonique qui comportait « par erreur » le numéro de l’amant et l’enquête des gendarmes. Ils jugent le dossier « vide » et leur client clame son innocence depuis près de cinq ans.

Trente ans de réclusion criminelle requis, « le crime parfait attendra »

« Le crime parfait attendra, le crime parfait, ce n’est pas le crime sans cadavre mais celui pour lequel on n’est pas condamné, et vous allez être condamné M. Jubillar », a lancé mercredi Pierre Aurignac, l’un des deux avocats généraux à la fin de son réquisitoire. Ce matin-là, son confrère Nicolas Ruff avait énuméré les principaux éléments à charge du dossier : des lunettes, certes en mauvais état avant, mais retrouvées dans la maison brisées en trois morceaux, une voiture qui a changé de sens de stationnement durant la nuit, le téléphone du mari qui s’est exceptionnellement éteint pendant des heures. Il a appelé les jurés à ne pas rendre une « justice des on-dit », une « justice des certitudes fainéantes », dans un dossier ayant connu « le pire de ce que peut être la médiatisation ».
L’accusation a requis trente ans de réclusion criminelle à l’encontre de Cédric Jubillar.

Bonjour, et bienvenue dans ce live consacré à l’avant-dernière journée du procès de Cédric Jubillar

Un crime sans corps, un procès sans aveux. Cela fait près d’un mois que Cédric Jubillar est jugé devant la cour d’assises du Tarn pour le meurtre de sa femme Delphine, disparue dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020 du domicile familial de Cagnac-les-Mines. À la veille du verdict des jurés, la rédaction de 20 Minutes vous fait vivre les temps des plaidoiries de la défense.