Procès de Cédric Jubillar : lien de culpabilité avec sa mère Nadine
Nadine Jubillar a témoigné devant la cour d’assises du Tarn, exprimant sa culpabilité de ne pas avoir été capable de s’occuper de son fils Cédric et déclarant : « J’ai la culpabilité de ne pas avoir été capable de m’en occuper ». Elle a également admis n’avoir « malheureusement pas pris au sérieux » les menaces de Cédric envers Delphine, affirmant : « sinon on ne serait pas là ».
À la cour d’assises du Tarn,
Il est difficile de juger lorsque l’on a soi-même tant de choses à se faire pardonner. Dans un tailleur bleu roi, Nadine Jubillar, épouse Fabre et mère de l’accusé, a présenté ce mercredi un témoignage si ambigu et si déchirant qu’il était difficile à écouter. Avec cette « passionnée de faits divers » portant un piercing à la narine droite, la cour a d’abord eu affaire à la mère. Celle qui avait seulement 16 ans et demi lorsqu’elle est tombée enceinte et qui a dû placer son fils à deux reprises – de 3 à 7 ans puis à l’adolescence – ce fils né trop tôt. « Je ne l’ai pas abandonné mon fils. Je me suis retrouvée à la rue et, pour le protéger, j’ai demandé de l’aide », a-t-elle déclaré, après des sanglots étouffés.

« J’ai la culpabilité de ne pas avoir été capable de m’en occuper ». C’est pourquoi, explique-t-elle, lorsque Cédric se trouvait avec elle et son mari Olivier Fabre, elle avait tendance à lui tout pardonner, « à le laisser faire tout ce qu’il voulait ». Enfin presque. Interrogée sur les potentielles violences d’Olivier Fabre sur son fils, elle tente de minimiser. Puis elle finit par évoquer des « corrections » de temps en temps. Elle raconte aussi « la fois où nous avons appris qu’il fumait en cachette au collège. Nous avons acheté un paquet de Gitanes maïs et l’avons obligé à le fumer en une après-midi pour lui faire passer l’envie ».
Une vie « entre parenthèses »
En tant que mère, Nadine s’est réjouie de l’arrivée de la douce Delphine, ce « petit chat », dans la vie de son fils « impulsif » et colérique. C’est aussi en tant que mère que, sur un simple « monte ! », elle s’est précipitée au domicile de Delphine et Cédric le jour de la disparition pour s’occuper des enfants. Elle les a accueillis, nourris, blanchis pendant des mois par la suite, mettant sa vie « entre parenthèses ».
Elle était déjà la confidente privilégiée du mari délaissé avant. Dès l’été 2020, à mesure que Delphine s’éloignait, Cédric se rapprochait de Nadine. Il venait déjeuner chez elle tous les dimanches avec les enfants et continuait à venir prendre son café le matin avant d’aller au travail. « J’ai essayé de lui faire accepter du mieux que je pouvais l’idée du divorce », raconte-t-elle. Elle a même, bien malgré elle, le 25 septembre, laissé Cédric lui « arracher » son téléphone des mains pour s’en servir afin de géolocaliser Delphine, qui était en escapade amoureuse avec son amant. « Ensuite, j’ai culpabilisé ». Elle a mis plus d’un mois à réfléchir au message d’excuse qu’elle a envoyé à sa belle-fille : « J’ai voulu te géolocaliser pour lui prouver qu’il se trompe, car je ne te crois pas capable d’avoir un amant », lui écrit-elle le 27 octobre…
« Arrête de raconter des conneries »
Un autre épisode crucial pour l’affaire survient lorsque Cédric trouve sa mère sur le parking du magasin Action où elle travaille, environ trois semaines avant la disparition de Delphine. C’est elle qu’il choisit comme confidente de ses frustrations : « J’en ai marre, elle m’énerve, je vais la tuer et l’enterrer là où personne ne la retrouvera ». « Je lui ai répondu : « Arrête de raconter des conneries », confie Nadine appuyée à la barre. Aujourd’hui, je regrette de ne pas avoir davantage réfléchi à cette phrase », ajoute-t-elle spontanément.
La « mamie Nadine » prend le pas sur la mère. La salle comprend ce qu’elle sous-entend, suspendue à ses paroles. Nadine étouffe des pleurs, refusant d’être plus explicite. Dans un premier temps.
« Je ne l’ai, malheureusement, pas pris au sérieux »
À un moment, les avocats des parties civiles, notamment ceux des enfants, Malika Chmani et Laurent Boguet, reviennent à la charge. Cette phrase, « je ne l’ai malheureusement pas prise au sérieux […], sinon on ne serait pas là », concède la quinquagénaire, étouffant de nouveaux pleurs. Sinon « vous auriez tout fait pour qu’il ne la tue pas ? », relance Laurent Nakache-Haarfi, l’avocat de la sœur et d’un frère de Delphine. « Sans doute, si vous le dites », murmure presque inaudiblement Nadine. « Je sais que ma constitution comme partie civile a choqué beaucoup de personnes, et je peux le comprendre. Mais c’est en tant que mamie de Louis et Elyah […] S’ils me le demandent un jour, je veux pouvoir leur dire que moi aussi, je cherche la vérité. C’est tout ce qui compte, et ces petits le méritent. »
Notre dossier sur l’affaire Jubillar
À un moment, les avocats des parties civiles, notamment ceux des enfants, Malika Chmani et Laurent Boguet, reviennent à la charge. Cette phrase, « je ne l’ai malheureusement pas prise au sérieux […], sinon on ne serait pas là », concède la quinquagénaire, étouffant de nouveaux pleurs. Sinon « vous auriez tout fait pour qu’il ne la tue pas ? », relance Laurent Nakache-Haarfi, l’avocat de la sœur et d’un frère de Delphine. « Sans doute, si vous le dites », murmure presque inaudiblement Nadine. « Je sais que ma constitution comme partie civile a choqué beaucoup de personnes, et je peux le comprendre. Mais c’est en tant que mamie de Louis et Elyah […] S’ils me le demandent un jour, je veux pouvoir leur dire que moi aussi, je cherche la vérité. C’est tout ce qui compte, et ces petits le méritent. »

