Procès de Cédric Jubillar : Les enfants de Delphine ne trouvent pas de réponses.
Cédric Jubillar, accusé du meurtre de son épouse Delphine, reste impassible dans son box au deuxième jour de son procès à la cour d’assises d’Albi, dans le Tarn. Les enfants de Delphine, Louis, 11 ans, et Elyah, 6 ans, ont été confiés à leur tante Stéphanie depuis quatre ans et espèrent comprendre pourquoi « maman » n’est jamais rentrée.
Il régnait ce mardi une tension palpable à la cour d’assises d’Albi, dans le Tarn. Au deuxième jour de son procès, Cédric Jubillar, accusé du meurtre de son épouse Delphine, demeure impassible dans son box. Après une première journée consacrée à son profil, la cour s’est intéressée à celui de l’infirmière disparue durant la nuit du 15 au 16 décembre 2020. Ce portrait en creux a longuement abordé la situation de ses enfants, Louis, 11 ans, et Elyah, 6 ans, absents mais au centre des débats. Confiés à leur tante Stéphanie depuis quatre ans, ils cherchent à comprendre pourquoi « maman » n’est jamais rentrée.
« La seule personne qui peut les aider à avoir une vie normale, c’est vous, monsieur Jubillar, en donnant des réponses », a lancé sans détour leur administratrice ad hoc, représentant légal des deux enfants, en fixant le regard de l’accusé. Dans le box, Cédric hoche la tête, semblant montrer une volonté de coopération, mais « conteste toujours les faits qui [lui] sont reprochés ».
Louis, alors âgé de 6 ans au moment de la disparition, est considéré comme un témoin clé dans cette affaire : il a rapporté aux gendarmes avoir été témoin d’une dispute entre ses parents cette nuit-là. Désormais décrit comme « taiseux, en vigilance complète », il demande souvent à se recueillir à l’endroit où pourrait se trouver sa mère, selon l’une de ses avocates, Me Malika Chmani. Ce dernier aurait été « en colère » cet été et « croit son père responsable », poursuit sa tutrice. À tel point que pour sa rentrée en sixième, il a choisi de porter le nom de sa mère, Aussaguel, délaissant celui de Jubillar. Un acte symbolique.
Elyah, quant à elle, « est une petite fille solaire et pleine de vie », raconte Stéphanie, qui en a la garde depuis 2021. À la barre, l’administratrice ad hoc a déclaré que l’enfant utilise une baguette magique pour faire revenir sa mère avec la formule « abracadabra ». En vain. D’après elle, la fillette, qui n’avait que 18 mois lors du drame, lui a récemment confié : « J’aime papa et je veux savoir si maman est vivante. »
Malgré tout, ces enfants, aimés et protégés, « évoluent bien, vu le contexte… », assure leur tante, la voix nouée. Cependant, le lien avec Cédric s’effrite : « Moins de dix courriers depuis 2021 », aucun depuis un an.
La théorie d’une disparition volontaire a rapidement été écartée tant la victime était attachée à ses enfants. Issue d’un foyer précaire, avec un père absent, Delphine tenait à ne pas reproduire ce schéma avec ses enfants. Ses frères et sa sœur affirment que Delphine, parfois discrète et secrète, était toujours dévouée à ses proches. La seule source de tension : le choix de son compagnon de vie, qui a souvent compliqué les relations familiales. Bien que leur mariage ait débuté avec passion, il est devenu tendu : si le projet d’avoir des enfants leur a permis de se « rabibocher », cela n’a été que de courte durée.
En 2020, elle entame une liaison et demande le divorce, signe d’une « libération » et d’une « émancipation » de son ancienne vie aux côtés de Cédric. Pour Louis et Elyah, elle demeurait néanmoins une mère aimante. « Elle n’aurait jamais abandonné ses enfants », affirme Stéphanie, soutenue par les frères de Delphine, Mathieu et Sébastien, en réponse aux insinuations de la défense concernant des failles et un manque de présence de Delphine dans les derniers mois.
Aujourd’hui, c’est sa grande sœur qui prend soin de ses enfants. « Ma vie a changé avec la disparition de ma sœur, l’arrivée des enfants et la médiatisation de l’affaire », confie celle qu’ils appellent désormais « maman ». Delphine et Cédric sont désormais désignés par leurs enfants comme « maman Delphine » et « papa Cédric », comme un lointain souvenir de leur famille. « Je ne fais que porter la parole des enfants », conclut l’administratrice.

