Procès de Cédric Jubillar : « Je ne sais pas, je dormais »
Cédric Jubillar a appelé les gendarmes à 4h09 dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020 pour signaler la disparition de Delphine, en supposant qu’elle avait pu sortir tard promener les chiens. L’expert de la direction générale de l’Armement a estimé qu’il a fallu un « coup de poing, un coup de pied ou bien un objet de 2 kg lancé à 32 km/h » pour mettre les lunettes de Delphine dans un état de dégradation.

À la cour d’assises du Tarn,
« Je sais pas, je dormais ». « C’est que vous supposez ». « C’est ce que vous insinuez ». « C’était une erreur »… Ce mardi, bien que Cédric Jubillar ait continué à répondre de manière lapidaire aux questions, ses déclarations ont été plus floues que d’habitude. Moins précises qu’à son habitude.
Les témoignages des voisins les plus proches ont mis en lumière les chiens du couple – Oprah et Gnocchi – qui sont devenus un point central des débats. En effet, lorsque Cédric Jubillar a contacté les gendarmes à 4h09 dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020 pour signaler la disparition de Delphine, il a pensé que sa femme avait pu sortir tard promener les deux shar-peïs.
« Celui qui promenait les chiens, c’était Cédric »
Ce soir-là, « je lui ai juste demandé de promener les chiens comme je le faisais tous les soirs », déclare-t-il ce mardi dans son box, bien qu’il ait lui-même sorti les chiens pendant « une demi-heure à peu près ». Il voulait s’assurer qu’ils ne fassent pas leurs besoins dans le sous-sol de la maison familiale. Cependant, ce récit est contredit par les voisins. « Celui qui promenait les chiens, c’était Cédric », affirme Guillaume T., habitant un peu plus bas, en face des Jubillar.
Olga, maintenant veuve, vit dans un pavillon séparé de la maison en construction. Elle partage également ce souvenir. « Delphine ne partait jamais seule avec les chiens. Quand elle était avec les chiens, c’est qu’ils étaient tous les quatre avec les enfants », témoigne l’ex-coiffeuse, visiblement émue. Certes, Olga se couche très tôt et dort comme « une tombe ». Cependant, son feu mari Michel, qui promenait toujours sa propre chienne vers 23h45, a affirmé clairement dans ses dépositions qu’il n’avait jamais croisé Delphine seule avec les chiens.
« J’aurais fait attention à ce genre de petits détails »
Un autre point discutable des habitudes des Jubillar concerne la 207 bleue de Delphine. L’interrogation est de savoir si la voiture a changé de place durant la nuit de la disparition dans le but d’éventuellement transporter un corps. Olga a fait remarquer à Michel, le matin de la disparition, que la voiture avait – c’est « bizarre » – changé de sens. « Quand je suis rentré le soir, je me suis garé face à face avec la voiture de Delphine, raconte Guillaume T. Et le lendemain, quand je suis parti travailler, la voiture était dans l’autre sens ». Il en est « certain ». D’après lui, Delphine se garait toujours « avec le capot dans le sens de la montée », comme c’était le cas ce soir-là, alors que Cédric se garait en descendant.
Pour Cédric Jubillar, c’est inexact. « Ça dépendait d’où je venais. Quand j’arrivais d’Albi, dans le sens de la montée ; quand je venais de chez ma mère, dans le sens de la descente. Et Delphine avait la même habitude que moi. Et ce soir-là, elle était bien garée dans le sens de la descente parce qu’elle venait de l’école […] Je m’en rappelle très bien maintenant », affirme-t-il. Mais alors, pourquoi a-t-il déclaré, lors de l’instruction, ne pas se souvenir dans quel sens était garée la 207 et en être si sûr maintenant ?, questionne l’avocat général. Cédric Jubillar s’énerve : « Si j’avais tué ma femme et transporté le corps, dans ce cas-là, j’aurais pas fait la bêtise de la garer dans le mauvais sens, ironise-t-il. J’aurais fait attention à ce genre de petits détails si j’avais commis un tel crime ».
Et les lunettes ? « Je sais pas, je dormais »
Quasiment tous les témoins de la journée ont été interrogés sur les fameuses lunettes de Delphine. Ces lunettes, réparées avec une branche lâche, que Louis, le fils de Delphine et Cédric, assure avoir vues portées par sa mère pour regarder la télé avec lui la veille de sa disparition. La monture, fortement endommagée, a été retrouvée sur le « bar de la maison ». Une branche se trouvait derrière le canapé du salon. Appelé à la barre, Christophe le Faou, expert de la direction générale de l’Armement, déclare qu’il a fallu un « coup de poing, un coup de pied ou bien un objet de 2 kg lancé à 32 km/h » pour causer un tel dommage.
Que s’est-il passé, et quand ? Cédric Jubillar ne sait plus si Delphine portait ses lunettes sur le canapé lorsqu’il est rentré de sa promenade avec les chiens. Pendant l’instruction, il avait dit qu’elle était sous la douche à ce moment-là. « Une erreur », se défend-il. « Un rôdeur a-t-il pu entrer dans la maison, s’en prendre à Delphine et casser ses lunettes ? », l’interroge un avocat des parties civiles. « Je sais pas, je dormais », rétorque l’accusé.
La piste de l’amant s’évapore
Cédric Jubillar apparaît donc moins sûr de lui. De plus, la défense a perdu un atout. En effet, « non », Donat-Jean M., « l’amant de Montauban », n’était pas à Cagnac-les-Mines le 15 décembre 2020, a avoué, un peu confus, un analyste criminel de la gendarmerie. Bien que l’amoureux de Delphine soit mentionné dans le listing : il figure parmi les 216 propriétaires de téléphone qui n’habitent pas le secteur et ont « borné » près du domicile des Jubillar cette nuit-là.
« C’est une erreur de ma part ». Une « erreur de copier-coller sans vérification par la suite », a admis le major. Cet aveu étant jugé « pas très crédible » par les avocats de Cédric Jubillar, il n’en reste pas moins peu glorieux pour la gendarmerie.

