France

Procès de Cédric Jubillar : « Je ne l’ai pas tuée »

Cédric Jubillar a été accusé du meurtre de sa femme Delphine dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020. Au cours de son interrogatoire, il a affirmé : « Je ne l’ai pas tuée, c’est la certitude ».

« Ça va M. Jubillar ? Je vois que vous transpirez… » L’accusé face aux questions et affirmations de la cour

La présidente a décrit les mois précédant la disparition de Delphine Jubillar, survenue dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020. Elle a évoqué les échanges de messages entre Delphine et son mari, révélant la tension au sein du couple et les efforts de l’accusé pour reconquérir sa femme.

« Ça va, M. Jubillar ? Je vois que vous transpirez », lâche un moment Hélène Ratinaud. « Oui, ça va », répond-il. Plus tard, un magistrat assesseur interroge : « Est-ce votre alliance que vous portez à votre main gauche ? ». « Pas du tout », affirme l’accusé.

Compte bancaire, géolocalisation, doute : Cédric Jubillar revient sur la surveillance de sa femme Delphine

Cédric Jubillar admet avoir surveillé les comptes et les réseaux sociaux de Delphine. « Je voulais savoir si elle me quittait parce qu’elle en avait marre de moi ou si elle avait rencontré quelqu’un d’autre ». Il cite le 9 août, lors de la Nuit des étoiles, comme le début de ses doutes, lorsque Delphine ne lui avait pas répondu et avait justifié son silence par le fait qu’elle s’était endormie à admirer les étoiles. « J’ai jugé ça peu crédible », confie-t-il.

Conformément à ses déclarations, l’accusé a consulté les comptes bancaires de Delphine à deux reprises début décembre, utilisant sa carte pour se rendre au distributeur.

« Je ne l’ai pas tuée, c’est la certitude »… Cédric Jubillar revient sur la disparition de Delphine

Cédric Jubillar insiste sur le fait qu’il n’a « jamais levé la main » sur Delphine, réaffirmant son innocence au début de son interrogatoire récapitulatif devant la cour d’assises du Tarn. « Je ne l’ai pas tuée, c’est la certitude », déclare l’accusé.

Dans son box, souvent agité, se grattant le crâne et le cou, il répond la plupart du temps de manière concise : avec de nombreux « tout à fait », des « peut-être mais je ne me rappelle pas de cet épisode » ou des « pas du tout » en réponse aux questions de la présidente Hélène Ratinaud.

Invité à s’exprimer sur Delphine et leur relation, Cédric Jubillar la décrit comme une « femme aimante que j’ai aimée et puis voilà ». Il admet l’avoir traitée de « salope », mais précise que c’est un mot qu’il utilise fréquemment.

Une « angoisse d’anéantissement » personnel qui « peut amener au passage à l’acte », analyse l’expert psychologue

L’expert psychologue explique que Cédric Jubillar a pu ressentir un « rabaissement » face à la perspective du départ de sa femme et de la perte potentielle de son logement, en se remémorant l’état d’esprit de l’accusé à l’époque de la disparition de son épouse en 2020.

Il souligne que Cédric Jubillar a pu éprouver ce sentiment dans les semaines précédant la nuit du 15 au 16 décembre 2020, et cette analyse a été approfondie par le procureur Pierre Aurignac et les avocats de la partie civile, cherchant à établir un lien entre cet état d’esprit et un éventuel passage à l’acte.

« Lui, il s’est senti pris pour un con », renforce l’expert, estimant que le « rejet » lié à un possible départ de sa femme pour un autre homme aurait pu « faire ressortir les douleurs de son ressenti d’abandon », en rapport avec son enfance chaotique caractérisée par des placements en famille d’accueil et une forte instabilité affective.

Le psychologue cite un adage breton : « Quand on n’a rien, on n’est rien » pour illustrer que Cédric Jubillar, accusé du meurtre de sa femme, a pu être plongé dans une « angoisse d’anéantissement » personnel, ce qui « peut amener au passage à l’acte ». Toutefois, il précise qu’il s’agit d’« hypothèses » et non d’ « affirmations » à l’adresse des jurés.

Des disputes séparées par le fils aîné ? « Je ne me souviens pas d’un tel épisode », répond l’accusé

Concernant le témoignage de Louis, le fils aîné du couple qui a prétendu avoir séparé ses parents lors de disputes, Cédric Jubillar réplique : « Je ne me souviens pas d’un tel épisode ». Sur les agressions sur sa mère décrites par un témoin et confirmées par Nadine, il répond : « Je ne m’en rappelle pas ». « Comment vous expliquez toutes ces pertes de mémoire, Monsieur ? » lui demande la présidente Hélène Ratinaud.

Interrogé, Cédric admet être « vulgaire », « violent verbalement » et rabaisser « tout le monde »

Dans les échanges de vendredi après-midi, Cédric Jubillar reconnaît avoir rabaissé Delphine : « Mais je rabaisse tout le temps tout le monde, ce n’était pas avec elle précisément ». « J’ai toujours été un vulgaire personnage […] J’ai un humour un peu noir, un peu cru ». Concernant leur relation, il ajoute : « Je pense que mon côté bad boy a pu lui plaire au début, puis à la fin, ça l’a soûlée ». Il avoue être impulsif : « Je m’énerve vite, je redescends vite aussi ». Il admet être verbalement violent, se traduisant « par des insultes et des gros mots ». Cependant, il insiste sur le fait qu’il n’a « jamais été violent avec elle physiquement ».

Comment va se dérouler l’interrogatoire de Cédric Jubillar ?

C’est une journée déterminante pour le procès de Cédric Jubillar. Cet après-midi, il sera question de son interrogatoire récapitulatif. La présidente a annoncé qu’elle abordera plusieurs thèmes : la dynamique du couple ; la procédure de divorce et son acceptation ; la surveillance et la connaissance d’une relation extra-conjugale ; les menaces ; la journée du 15 décembre 2020 ; la soirée du 15 décembre ; la matinée du 16 décembre ; les suites de la disparition et enfin les questions diverses.

L’interrogatoire devrait s’achever lundi après-midi.

La défense insiste sur la « vie cabossée » du « gamin » Cédric Jubillar

Emmanuelle Franck, avocate de la défense, profite de la fin de l’intervention de l’expert pour parler de la « vie cabossée » de Cédric Jubillar, un « gamin » avec une mère abandonnique, comme elle le souligne même durant cette audience. Nadine Jubillar a implicitement insinué mardi qu’elle considérait son fils comme coupable.

Cédric Jubillar « est très sensible au jugement des autres. Il lui est difficile de se sentir rabaissé », analyse l’expert psychologue

Ce vendredi matin, l’expert psychologue Philippe Genuit, qui a rencontré plusieurs fois l’accusé, a attesté que, malgré ce qu’il prétend, Cédric Jubillar « est très sensible au jugement des autres ». « Il lui est difficile de se sentir rabaissé », a-t-il précisé.

Une journée cruciale

Ce vendredi, la journée sera entièrement dédiée à l’interrogatoire de l’accusé. Il devra se justifier sur les divers témoignages, souvent à charge, déposés durant cette troisième semaine de procès.

« Je suis le coupable idéal »

Jeudi, Cédric Jubillar a réitéré avec force son innocence. Après qu’un avocat des parties civiles, Mourad Battikh, lui ait ironiquement fait remarquer qu’il était « entouré de menteurs », il a rétorqué : « Je suis le coupable idéal. C’est les médias. J’ai été condamné avant même le procès ». « Je suis innocent, je n’ai jamais fait de mal à Delphine », a-t-il également répété.

Bonjour, et bienvenue dans ce live consacré à la 13e journée du procès de Cédric Jubillar

Moins d’une semaine avant le verdict de la cour d’assises du Tarn concernant Cédric Jubillar. Le peintre plaquiste de 38 ans est accusé du meurtre de sa femme Delphine dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020. Après trois semaines de procès, il continue à clamer son innocence, bien que plusieurs témoins, dont sa mère Nadine, l’incriminent.