Présidentielle 2027 : Qu’est-ce qui peut encore freiner Bruno Retailleau à être le candidat de la droite ?

Il n’y a finalement pas eu de match. Bruno Retailleau a écrasé Laurent Wauquiez lors de l’élection à la présidence des Républicains, dimanche dernier. En obtenant 74,3 % des voix des militants, le ministre de l’Intérieur a assommé son rival à droite et ne cache plus ses ambitions pour la prochaine présidentielle. « Je serai le premier artisan de notre victoire, je l’espère bien, en 2027 », a-t-il lancé. Très médiatique depuis son arrivée à Beauvau, le Vendéen a connu un regain de popularité dans les sondages. Qu’est-ce qui peut désormais l’empêcher d’être le prochain candidat de la droite à l’Elysée ?
La politique est un monde bien surprenant, mais on voit désormais mal comment Laurent Wauquiez pourrait se remettre en selle pour la future présidentielle. « Wauquiez est fini, on ne veut plus en entendre parler à LR », raille le sénateur Marc-Philippe Daubresse. « Il y avait deux candidats possibles pour 2027, et là Bruno Retailleau a tué le match à droite », assure l’élu du Nord et soutien du ministre de l’Intérieur. Mais avec la droite, le pire est encore possible, et la guerre des chefs pas forcément de l’histoire ancienne. Xavier Bertrand a fait savoir qu’il n’avait pas renoncé à sa quête élyséenne. Tout comme David Lisnard, voire Michel Barnier. « Retailleau a pris de l’avance en prenant le parti, et par sa visibilité à l’Intérieur, mais il faut être prudent car nous sommes à deux ans encore du scrutin… », tempère ainsi Eric Pauget, député LR des Alpes-Maritimes.
Le choc à venir face à Edouard Philippe
Si les soutiens de Bruno Retailleau estiment avoir plié le match à droite, ils savent que l’affaire est loin d’être entendue au sein du bloc central. Et notamment avec Edouard Philippe, qui caracole en tête des sondages de son camp depuis plusieurs mois. « Il y aura une très forte pression de notre électorat pour une candidature commune du centre et de la droite, de tous ceux qui ont la trouille d’un second tour entre l’extrême gauche et l’extrême droite », indique Mathieu Lefèvre, député Ensemble du Val-de-Marne. Mais personne ne sait aujourd’hui comment le bloc central pourrait choisir un seul et unique candidat.
La dynamique de l’ex-filloniste dans les sondages semble déjà agacer les soutiens du maire du Havre. Pour la première fois cette semaine, le ministre passe même devant Philippe en popularité dans une enquête Odoxa (mais reste derrière dans les intentions de vote). « On ne va pas empêcher qui que ce soit de penser à la présidentielle. Et Bruno Retailleau s’occupe très bien de la sécurité des Français. Mais je crois qu’il y aura une forme d’intérêt supérieur à l’union, et Edouard Philippe laboure le terrain depuis déjà de nombreux mois », évacue Xavier Albertini, député Horizons de la Marne.
Bruno Retailleau doit sa popularité à son entrée au gouvernement Barnier, puis son maintien à Beauvau par François Bayrou. Mais certains macronistes s’agacent de ses trop nombreuses sorties anti-Macron ou de ses positions jugées trop proches du Rassemblement national.
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Pour tracer son sillon à droite, certains l’imaginent donc prendre son envol pour se démarquer clairement du macronisme et de ses deux quinquennats. « Lorsqu’il s’est exprimé mardi devant le groupe LR, j’ai compris entre les lignes qu’il n’avait pas vocation à rester ad vitam aeternam au gouvernement, il n’y a aucun intérêt », souffle un député de droite. « Je ne crois pas à un départ, réplique Marc-Philippe Daubresse. C’est l’homme fort du gouvernement, il a la capacité d’agir, de lancer des débats. Il reste visible et en mouvement. » Que ce soit à Beauvau ou ailleurs, Bruno Retailleau n’a pas fini de faire parler de lui.

