Présidentielle 2027 : La gauche anti-Mélenchon en quête d’une mission impossible ?
Raphaël Glucksmann a déclaré mardi soir : « Je serai dévoué corps et âme pour que cette ligne sociale-démocrate, écologiste, soit en mesure de gagner les élections nationales en 2027 ». Selon les sondages, Jean-Luc Mélenchon est donné largement battu face à Marine Le Pen ou Jordan Bardella dans l’hypothèse d’un second tour.
A gauche, le front anti-Mélenchon essaie laborieusement de s’organiser en vue de la prochaine élection présidentielle. « Je serai dévoué corps et âme pour que cette ligne sociale-démocrate, écologiste, soit en mesure de gagner les élections nationales en 2027 », a déclaré Raphaël Glucksmann mardi soir lors d’une émission sur LCI. Critique envers les insoumis, le dirigeant de Place Publique continue de préparer sa candidature. Il était d’ailleurs présent dimanche dernier à Pontoise (Val-d’Oise) aux côtés de François Hollande et de l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve pour un rassemblement de « la gauche réformiste ».
La veille, Olivier Faure, le chef du PS, était avec Marine Tondelier, la cheffe des Ecologistes, François Ruffin (Debout !) et d’autres à Trappes (Yvelines) pour promouvoir l’idée d’une candidature commune face aux insoumis. Cependant, pourquoi ces initiatives semblent-elles relever de missions impossibles ?
**La « force de frappe » de Mélenchon**
Du côté des insoumis, l’organisation pour la présidentielle commence aussi à prendre forme. La France insoumise bénéficie de militants disciplinés et expérimentés après trois campagnes. Pour 2027, il n’y a pas de mystère sur le candidat qui représentera le mouvement. « Jean-Luc Mélenchon a une force de frappe très importante, notamment médiatique, en raison des deux dernières présidentielles », admet Laurent Baumel, député socialiste d’Indre-et-Loire. Il est difficile pour les concurrents à gauche de se faire une place face à celui qui a obtenu 19,58 % en 2017 et 21,95 % en 2022.
« La force de Mélenchon est présumée. En réalité, il a bénéficié du vote utile car il n’y avait pas d’autres candidats crédibles et par peur de la qualification de madame Le Pen au second tour. Cela sera différent en 2027 », rétorque le député Sacha Houlié, ex-macroniste désormais à Place Publique. « L’histoire de la gauche n’est pas un catéchisme qu’on se répète. Le vote utile ne se forgera pas de la même manière, le second tour déterminera cette fois le premier. D’autant plus que, face à la ligne Mélenchon, l’extrême droite peut l’emporter », ajoute l’ex-insoumis Alexis Corbière. Dans les sondages, le leader de LFI est ainsi donné largement battu face à Marine Le Pen ou Jordan Bardella dans l’hypothèse d’un second tour.
**Des stratégies différentes**
Cependant, la gauche en dehors de LFI peine à s’organiser, et les stratégies semblent diverger. « Il faut une candidature commune des composantes du NFP, sinon la gauche ne sera pas au second tour. Personne, aujourd’hui, n’offre un chemin de victoire », affirme Alexis Corbière. C’est pourquoi la « gauche unitaire » réunie à Trappes pousse à l’organisation d’une primaire depuis plusieurs mois. Le week-end dernier, la date a été fixée à l’automne 2026. « Le PS et les Ecologistes ont convenu qu’ils auront un candidat commun, une date est fixée, c’est un petit événement », espère David Cormand, eurodéputé EELV. Le processus d’organisation demeure néanmoins très flou.
En outre, Raphaël Glucksmann a clairement exprimé qu’il ne voulait pas en entendre parler. « Ce n’est pas notre stratégie. Nous ne voulons pas être hypocrites et laisser croire qu’on pourrait soutenir un candidat idéologiquement opposé qui gagnerait la primaire. Nous ne mélangerons pas les choux et les carottes », insiste Sacha Houlié. La primaire de la gauche pourra-t-elle survivre à l’absence des deux candidats – à gauche – les mieux placés dans les sondages ? La décision d’Olivier Faure de participer est, qui plus est, loin de faire consensus au sein du PS et devra être tranchée par les militants après les municipales. « Il a pris cette décision aussi importante tout seul, sans évoquer comment le PS choisira son candidat… », déclare l’un de ses opposants. À moins d’un an et demi de l’élection présidentielle, de nombreuses questions demeurent. « Il y a encore beaucoup d’inconnues dans l’équation, reconnaît un élu PS. Mais ce qui est certain, c’est qu’en dehors de Mélenchon, il n’y aura pas de place pour deux. »

