France

Pouvoir d’achat : Dans quels magasins, quels produits… Tout savoir du nouveau « trimestre anti-inflation »

Ce mercredi 15 mars commence le « trimestre anti-inflation ». L’objectif : demander aux grandes surfaces de mettre au « prix le plus bas possible » une sélection de « centaines » de produits, avait annoncé début mars le ministre de l’Economie Bruno Le Maire. Face à l’inflation galopante, les prix de l’alimentation ayant bondi de 14,8 % sur un an, cette mesure remplace le projet mort-né du panier anti-inflation du gouvernement.

Dans quelles enseignes ce dispositif est-il mis en place ?

Loin de vouloir imposer aux grandes surfaces des mesures anti-inflation, le gouvernement a laissé le choix aux enseignes. Selon le ministre de l’Economie, ce dispositif coûtera « plusieurs centaines de millions d’euros » à la grande distribution.

Parmi les signataires de cet accord non coercitif, on retrouve les principaux représentants du secteur, comme Carrefour, Intermarché, Système U, Casino ou encore Aldi, à l’exception notable du leader en matière de parts de marché, E.Leclerc. Le président du comité stratégique de l’enseigne, Michel-Edouard Leclerc a critiqué sur Cnews cette sélection de produits qui « donne l’impression qu’on se rattrape sur le reste ».

Quels produits sont visés par ce « trimestre anti-inflation » ?

Avec cet accord, le gouvernement indique que les distributeurs s’engagent à facturer un assortiment de produits laissés à leur discrétion au « prix le plus bas possible » pour les consommateurs.

Le choix des aliments concernés sera opéré par les distributeurs eux-mêmes. Ces produits seront identifiés par un logo tricolore « trimestre anti-inflation ». Selon les distributeurs, ces opérations commerciales porteront principalement sur les produits de marques propres, c’est-à-dire ceux qui comme Reflets de France, Marque Repère, Marque U, sont propriétés des enseignes et n’entrent pas dans le cadre des négociations annuelles avec les industriels.

La formule, peu engageante, a été critiquée par l’association de consommateurs UFC-Que Choisir. « Aucune définition réglementaire » n’existe en la matière, a rappelé lundi 6 mars sur France Bleu Olivier Andrault, chargé de mission agriculture/alimentation de cette association.

Jusqu’à quand ?

Pour l’instant, ce dispositif est prévu pour durer 100 jours, jusqu’au 15 juin. Initialement, le projet promu par la ministre déléguée notamment au Commerce Olivia Grégoire portait sur un « panier anti-inflation » qui aurait permis aux consommateurs de comparer les prix entre enseignes, mais la grande distribution avait freiné des quatre fers.

Par ailleurs, Bruno Le Maire a annoncé début mars « un chèque alimentaire pour les plus modestes », promesse de campagne d’Emmanuel Macron qu’il avait déjà évoquée en décembre 2020 devant la Convention citoyenne pour le climat.

Ce dispositif, initialement censé permettre aux plus modestes d’avoir accès à des produits alimentaires français de qualité « se fera sur une base territoriale, sans doute le département », a-t-il précisé, assurant qu’une « expérimentation sera lancée dans les tout prochains mois ».

Certaines enseignes n’ont pas attendu pour lancer leurs propres opérations commerciales, destinées à attirer ou fidéliser leurs clients dans un contexte où les consommateurs sont à la recherche de petits prix ou de promotions.

Qu’y gagne la grande distribution ?

En échange de cet accord, les distributeurs ont obtenu de Bercy qu’à l’issue de ce « trimestre anti-inflation », les négociations commerciales avec les fournisseurs de l’agro-industrie, qui se sont achevées le 1er mars, soient relancées.

« Nous rouvrirons les négociations commerciales avec les grands industriels de façon à ce que la baisse des prix de gros que nous observons sur les marchés » puisse « se traduire » aussi en rayons, a expliqué le ministre de l’Economie.

Les négociations achevées dans la douleur le 1er mars ont abouti à une hausse moyenne de quelque 10 % des prix payés par les supermarchés aux industriels pour tenir compte de la hausse de leurs coûts de production (énergie, transports, matières premières, emballages…), selon les deux camps.

Président de la principale organisation patronale de l’agroalimentaire, l’Ania, Jean-Philippe André a toutefois immédiatement prévenu que les industriels n’accepteraient de baisser leurs prix à l’issue d’un nouveau round de négociations que si leurs coûts de production baissent auparavant.