Pourquoi on ne votera plus debout à l’Assemblée nationale

C’était une tradition séculaire, mais aussi une aberration pour l’accessibilité. Mercredi, les députés ont voté à l’unanimité la suppression du vote assis-debout à l’Assemblée nationale, une procédure jugée obsolète et discriminante pour les élus en situation de handicap. Une réforme qui fait consensus, mais qui soulève aussi la question plus large de l’inclusivité au sein des institutions, rapporte Le Monde.
« Aucun parti ne peut dire qu’il est pleinement inclusif », a déclaré Sébastien Peytavie, député (Génération. s, Dordogne) et rapporteur du texte, en rejoignant le pupitre mobile en fauteuil roulant, symbole d’un changement en marche. Une scène inédite qui illustre la volonté de moderniser le fonctionnement parlementaire.
Une avancée jugée insuffisante
Dans un paysage politique souvent marqué par les clivages, l’unanimité autour de cette réforme est notable. Pourtant, certains estiment que cette mesure ne va pas assez loin. « Il n’y a aucune volonté réelle de s’attaquer aux injustices structurelles de notre société », déplore Thomas Portes (LFI, Seine-Saint-Denis), soulignant que cette réforme aurait dû être adoptée bien plus tôt.
D’autres députés dénoncent des traditions encore trop rigides, comme l’obligation de se lever à l’entrée de la présidente de l’Assemblée. « Notre institution est excluante contre son gré », soulignent Martine Froger (LIOT, Ariège) et André Chassaigne (PCF, Puy-de-Dôme), appelant à une réflexion plus large sur le fonctionnement de l’Hémicycle.
Un symbole devant mener à des changements concrets
Si cette réforme est largement saluée, plusieurs élus insistent sur la nécessité d’aller plus loin. « Etre en situation de handicap ne doit jamais devenir une entrave à la participation citoyenne », affirme Anne Bergantz (MoDem, Yvelines), répondant aux craintes sur une éventuelle altération des débats parlementaires.
Le député écologiste de Paris, Pouria Amirshahi, remet en cause un système encore trop pensé « par et pour les valides ». « Trop souvent, c’est aux personnes en situation de handicap de contourner les obstacles, de quémander un accès, un droit, une place », critique-t-il.
Un signal fort, mais un défi plus large
L’adoption de cette réforme s’inscrit dans un mouvement de modernisation des procédures parlementaires visant à améliorer l’accessibilité et l’efficacité des votes. Mais au-delà de cette mesure, l’impatience grandit face aux inégalités persistantes dans les institutions démocratiques.
Toute l’actualité de l’Assemblée nationale
Eric Michoux (Union des droites pour la République, Saône-et-Loire) plaide pour un « Hémicycle ouvert à tous, où chaque élu puisse travailler dans de bonnes conditions », tandis qu’Emeric Salmon (RN, Haute-Saône) insiste sur la nécessité de repenser l’inclusion des personnes en situation de handicap bien au-delà du Parlement.