France

Pourquoi les restos, voyages et sorties culturelles ne cartonnent pas à Noël ?

Cette année, 57 % des Français prévoient d’offrir au moins un cadeau dit « expérientiel » à Noël, d’après une étude du Crédoc. Sur six cadeaux offerts en moyenne, quatre seront des objets, selon Franck Lehuédé.


La simplicité et l’émotion sont privilégiées par de nombreux Français lors des fêtes de fin d’année, que ce soit pour offrir ou recevoir. Fini les gadgets de seconde main sur Vinted et Leboncoin, place aux expériences qui laisseront un souvenir mémorable. Selon une étude du Crédoc, 57 % des Français envisage de faire au moins un cadeau qualifié d’« expérientiel » pour Noël.

Ainsi, un cadeau se vit plutôt que se consomme. « Les cadeaux expérientiels prennent la forme d’activités, de découvertes ou de moments partagés permettant de vivre une expérience culturelle, de bien-être ou récréative, procurant des émotions positives et parfois fortes », précise Franck Lehuédé, directeur d’études et de recherches au sein de l’organisme.

Bien que l’idée d’offrir un massage ne soit pas nouvelle, la popularité croissante de ces cadeaux immatériels l’est davantage. Aujourd’hui, il existe des options pour tous les goûts. Le repas au restaurant est l’expérience la plus prisée (33 %), suivie des soins bien-être, des voyages, des visites culturelles, des parcs d’attractions ou à thème, ainsi que des événements sportifs. « Nous avons tous été confrontés à un cadeau qui n’a pas vraiment plu ou que l’on jugeait trop banal. Venir avec un cadeau expérientiel c’est s’assurer de faire plaisir à la personne car cela correspond à ses goûts », ajoute le spécialiste.

« La valeur d’un cadeau expérientiel réside dans l’émotion ressentie lorsque l’expérience sera vécue », souligne une citation.

L’enthousiasme pour les cadeaux expérientiels s’explique en partie par le désir de sortir des sentiers battus et surtout par la volonté d’échapper au quotidien. « Le maître mot est sans doute l’envie de faire plaisir », estime Franck Lehuédé. Pour 40 % des Français, il s’agit de rompre avec la routine des cadeaux traditionnels, soit des objets qui ornent le bas du sapin depuis le milieu du XIXe siècle.

Ces cadeaux visent également à être plus personnels qu’un produit de beauté, un livre ou un pull. L’objectif est de répondre aux attentes de la personne à qui le cadeau est destiné. « Offrir un cadeau est un acte fortement symbolique. Il sert à renforcer le lien entre celui qui donne et celui qui reçoit. » L’expérience est donc synonyme de sécurité pour éviter de déplaire au destinataire.

Les Français souhaitent aussi partager une expérience unique avec un proche, à hauteur de 22 %. L’émotion, sous toutes ses formes, est donc au cœur de cette tendance en forte croissance. L’aspect pratique est également mis en avant par une part significative de la population. « C’est un achat plus simple à réaliser, mais aussi à stocker et à transporter », explique le coauteur de ce baromètre du Crédoc. Ces deux notions sont mentionnées par 18 % et 16 % des Français, respectivement. Un autre atout, non négligeable, est le budget, les consommateurs estimant que les expériences offrent un excellent rapport coût-plaisir.

Concernant les jeunes urbains, les cadeaux expérientiels n’ont pas encore remplacé les matériels. « Sur six cadeaux offerts en moyenne, quatre seront des objets », commente Franck Lehuédé. Ceci est d’autant plus vrai qu’une part significative de la population a des difficultés financières, certains déclarant devoir s’endetter pour faire plaisir. Les catégories à faibles revenus ont tendance à privilégier les objets « pour des raisons de nécessité », précise le directeur d’études.

Cependant, les cadeaux expérientiels pourraient progressivement devenir la norme. « Nous restons dans une société riche où beaucoup d’entre nous possèdent déjà tout ce dont nous avons besoin. C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre l’envie de vivre des expériences plutôt que de recevoir des objets pour ces fêtes de fin d’année », ajoute l’expert.

Les personnes qui préfèrent offrir des expériences plutôt que des objets sont majoritairement des hommes et des jeunes, souvent issus de professions intermédiaires ou cadres, « en cohérence avec leurs habitudes de consommation de loisirs et de services premium ». Le coauteur du baromètre souligne également que les Franciliens sont plus enclins à opter pour ces cadeaux, car ils ont accès à une offre culturelle et de loisirs plus riche propre aux grandes agglomérations.

À une semaine du réveillon, ces cadeaux peuvent représenter la solution idéale pour ceux qui peinent à trouver les derniers articles à placer sous le sapin.