Pourquoi les rayons œufs des supermarchés ne sont-ils pas toujours remplis ?
La consommation d’œufs en France a augmenté, atteignant sept milliards d’unités l’an dernier, soit une moyenne de 226 œufs par habitant. Pour faire face à cette demande croissante, la France prévoit de construire 300 nouveaux poulaillers d’ici 2030 et d’augmenter sa production, qui dépasse déjà 155 milliards d’unités.
Il est possible de les déguster à la coque, brouillés, en omelette ou encore durs. Ils peuvent accompagner un toast au petit-déjeuner, être pochés dans une salade à midi ou incorporés dans une tarte le soir. Il est bien connu que les œufs offrent une multitude de possibilités culinaires. Il n’est donc pas surprenant de constater une forte augmentation de leur consommation ces dernières années. Rien qu’en juillet, la demande a crû de près de 6 %. En tant que source de protéines à prix abordable, ils attirent de plus en plus les consommateurs français, qui en ont consommé sept milliards l’année dernière. Cela représente une moyenne de 226 œufs par an et par habitant. Et vous, en êtes-vous à combien ?
Avec une telle demande, quelques tensions d’approvisionnement sont évidentes, et il n’est pas rare de voir des rayons de supermarchés parfois peu fournis. Faut-il craindre une pénurie ? Absolument pas, rassurent les responsables de la filière. Cependant, une certaine organisation sera nécessaire. Pour tout savoir sur le sujet, 20 Minutes vous propose une petite lecture d’environ trois minutes. Juste le temps nécessaire pour cuire votre œuf à la coque. Prêts ?
Pourquoi la demande en œufs explose-t-elle ?
La popularité croissante de l’œuf s’explique par sa bonne réputation. « Il y a une quinzaine d’années, il était parfois critiqué, certains évoquaient des risques pour le cholestérol. Mais des études scientifiques ont dissipé les craintes concernant sa santé. C’est devenu très recherché. Nous avons des sportifs qui en consomment beaucoup pour maintenir un régime hyperprotéiné », analyse Eric Guellaff, éleveur de 30 000 poules pondeuses dans la Manche. Celui-ci, président de la section œufs de l’Union des groupements de producteurs de viande de Bretagne, constate évidemment l’explosion de la demande. « On ne va pas faire + 5 % tous les ans, mais je pense que la tendance ne risque pas de s’arrêter de sitôt. »
Les sportifs ne sont pas les seuls à se ruer sur les œufs. « C’est la protéine la moins chère. Donc forcément, avec l’inflation, les gens se tournent vers nous. Au magasin, nous avons des clients qui viennent acheter 90 œufs ! Ils les consomment au petit-déjeuner, les utilisent pour des gâteaux, des quiches. La demande a vraiment augmenté », témoigne Aurore Communier.
Cette éleveuse, installée à Langouët, au nord de Rennes (Ille-et-Vilaine), admet « avoir du mal » à répondre à la demande des magasins bio et des restaurateurs qu’elle fournit. « La différence de prix entre les œufs bio et ceux de plein air n’est pas énorme. Pour certains consommateurs, cela compte. » Conséquence : de nombreuses familles préfèrent acheter une douzaine d’œufs à 4 ou 5 euros plutôt que du jambon, des saucisses ou des steaks hachés, dont les prix ont fortement augmenté.
Risquons-nous une pénurie ?
Les acteurs de la filière affirment que non. La production d’œufs reste stable en France et augmente même chaque année. « Certes, il y aura peut-être certains jours où vous en trouverez un peu moins en fin de journée dans certains magasins, mais cela reste marginal. Peut-être aussi que certaines enseignes qui n’ont pas accepté les revalorisations tarifaires sont moins bien servies », glisse Eric Guellaff, avec un sourire.

Cependant, la situation semble plus préoccupante dans le secteur bio. Au cours de la crise frappant les produits biologiques, de nombreuses fermes ont choisi d’abandonner ce label précieux, qu’elles ne peuvent pas immédiatement récupérer. « D’habitude, nous arrivons à nous soutenir entre producteurs durant les périodes de vide sanitaire où nous n’avons plus de poules. Mais cette fois, il est difficile de nous approvisionner ailleurs car tout le monde est en tension », témoigne Aurore Communier.
Comment faire face à la demande ?
Pour répondre à cette consommation croissante, la France a pour objectif de construire 300 nouveaux poulaillers d’ici 2030 et d’augmenter une production qui dépasse déjà les 155 milliards d’unités (y compris pour les ovoproduits utilisés dans l’agroalimentaire). Plusieurs grands acteurs du secteur ont déjà annoncé d’importants investissements. C’est notamment le cas en Vendée, où la société Geslin investira 19 millions d’euros d’ici trois ans. Cependant, la profession revendique des allègements réglementaires pour installer de nouveaux poulaillers. « Il y a des porteurs de projets. C’est l’administratif qui est compliqué », rappelle Eric Guellaff. La loi Duplomb, souvent critiquée, devait apporter plus de flexibilité, mais les décrets mettent du temps à arriver.
Des œufs étrangers importés ?
La crainte des producteurs français demeure que des œufs étrangers prennent les places laissées vacantes dans les rayons des supermarchés. Bien que le « made in France » soit solidement ancré dans la consommation d’œufs, il n’est pas à l’abri de l’arrivée de concurrents ne respectant pas les mêmes obligations.

À titre d’exemple, depuis le 1er janvier 2023, l’élimination des poussins mâles est interdite en France. Les producteurs doivent donc procéder à l’ovosexage, c’est-à-dire détecter le sexe dans l’œuf. « Seules l’Allemagne et la France l’exigent. C’est une réelle avancée, mais cela a un coût », souligne l’éleveur de la Manche.
Cet été, des œufs ukrainiens ne respectant pas les normes européennes et susceptibles de contenir des antibiotiques interdits avaient été distribués en France, ce qui avait suscité l’indignation des producteurs de l’Hexagone.

