Pourquoi le père Noël n’est-il pas central dans le jeu vidéo ?
Le père Noël est décrit comme une icône qui hante le quotidien pendant la période des fêtes, mais n’a jamais trouvé sa place comme personnage central du jeu vidéo. En raison de son image codifiée et de la nature éphémère de Noël, il est généralement cantonné à des apparitions ponctuelles sans devenir un héros jouable à long terme.
Il est l’une des figures les plus reconnaissables de la culture populaire mondiale. Pendant la période des fêtes de fin d’année, le père Noël est omniprésent dans notre quotidien. On le trouve à la télévision, dans les publicités et même dans les centres commerciaux. Pourtant, le distributeur de cadeaux n’a jamais réussi à s’imposer comme personnage central dans le domaine des jeux vidéo. Il n’existe pas de franchise emblématique, ni de jeu culte, mais seulement des apparitions sporadiques, souvent anecdotiques. Si le père Noël est une icône, il ne l’est pas aux yeux des joueurs, et nous allons tenter de comprendre pourquoi.
Un des premiers obstacles réside dans le gameplay. Les jeux vidéo offrent une multitude d’expériences, qu’il s’agisse d’aventures, d’action, de réflexion ou de coopération. Tous ces éléments semblent éloignés de l’image que l’on se fait du père Noël, qui incarne la bienveillance, la générosité et la non-violence. Sa mission de distribuer des cadeaux en une seule nuit ne laisse guère de place à une progression sur le long terme ou à des mécaniques de jeu complexes. Lorsqu’il est rendu jouable, le personnage subit souvent des modifications radicales. Par exemple, dans *Daze Before Christmas* (1994), il doit affronter un bonhomme de neige maléfique et transforme ses ennemis en cadeaux. Dans d’autres titres, comme *Saints Row IV*, il est présenté de manière caricaturale, agressive ou grotesque. Ainsi, le père Noël vidéoludique existe rarement dans la manière dont l’imaginaire collectif le conçoit.
De plus, son image est très codifiée. Popularisé par la publicité au XXe siècle, le personnage est devenu une icône statique. Pour les développeurs de jeux, il est difficile de réinventer un protagoniste de ce type sans risquer un malaise ou un rejet. Contrairement aux dieux antiques ou aux figures mythologiques, souvent adaptées par le jeu vidéo, le père Noël laisse peu de place à la créativité. S’il est trop fidèle à l’image traditionnelle, il peut devenir ennuyeux, tandis que s’il est trop détourné, il perd sa fonction symbolique. Cela crée un cercle vicieux dont il est presque impossible de s’échapper.
Le calendrier joue également en sa défaveur. Noël est un événement ponctuel, tandis que les jeux vidéo, en particulier les grandes productions AAA, sont conçus pour une consommation à long terme. Le père Noël est donc souvent considéré comme un simple élément décoratif, comme en témoignent des jeux comme *Fortnite*, *Overwatch* ou *Animal Crossing*, où il apparaît lors d’événements temporaires, sans devenir un pilier du gameplay.
Enfin, l’âge moyen des joueurs a considérablement augmenté. Le joueur type est aujourd’hui une femme de 40 ans. Bien que le jeu vidéo reste intergénérationnel, il s’adresse majoritairement à des adolescents et des adultes, qui sont peu susceptibles de s’identifier durablement à une figure associée à l’enfance et à une croyance que l’on abandonne avec l’âge. Alors que des personnages mythologiques ont su évoluer avec leur public, le père Noël demeure figé dans une temporalité et une symbolique précises. Il n’est pas destiné à sauver des mondes, mais simplement à apporter le sourire à toute la famille une fois par an.

