France

Pourquoi la Banque de France enregistre une perte nette record en 2024

Cash ou crash ? La Banque de France a publié mercredi une perte nette record pour l’année 2024, de 7,7 milliards d’euros, conséquence des taux élevés fixés par la Banque centrale européenne (BCE) l’an dernier. Avec l’inflation, la banque centrale augmente les taux afin de ralentir volontairement la consommation. Moins de consos, moins d’achats, l’économie cesse de s’enflammer, et c’est la fin de l’inflation (en théorie).

Mais cette hausse des taux n’est pas sans conséquence : des emprunts plus chers, notamment. Un déficit de 7,7 milliards « n’avait jamais existé dans l’histoire de la Banque de France », a commenté son gouverneur François Villeroy de Galhau lors d’une conférence de presse, et « n’existera plus non plus dans l’avenir prévisible », a-t-il assuré.

Un premier déficit depuis vingt-deux ans

Dans le détail, la Banque de France affiche une perte opérationnelle de 17,9 milliards d’euros compensée à hauteur de 10,1 milliards d’euros par des réserves constituées par le passé.

Elle accusait déjà une perte opérationnelle en 2023, de 12,4 milliards d’euros, mais l’avait alors entièrement compensée pour publier un résultat net à zéro. Il faut remonter à 2003 pour retrouver un exercice déficitaire, d’une ampleur moindre. La perte nette prive l’État d’impôts et de dividendes. C’est la conséquence de l’enchaînement de la crise Covid et de l’invasion de l’Ukraine.

Des taux trop hauts

Ces deux événements, déflationnistes pour le premier et inflationniste pour le second, ont entraîné deux politiques monétaires très différentes de la BCE. Son objectif est de maintenir la hausse des prix à 2 % par an. La Banque de France applique la politique de la BCE comme l’ensemble des banques centrales de la zone euro.

Elle a dans un premier cycle de taux bas acheté à tour de bras des obligations d’Etats et d’entreprises portant des taux d’intérêt fixes assez faibles, de l’ordre de 0,7 %. Dans le même temps, elle doit aussi rémunérer les dépôts des banques au taux fixé par la BCE qui est monté jusqu’à 4 % avant de rebaisser.

Pas de revente de son or

L’Etat va-t-il devoir payer ? Non, a assuré Villeroy de Galhau, écartant tout besoin de recapitalisation de la part de l’État actionnaire. Il s’attend à un retour à des bénéfices « d’ici un nombre limité d’années », sans bien préciser le nombre exact. Méfiance donc…

L’état actionnaire devra cependant être patient avant de retrouver une contribution sonnante et trébuchante de la Banque de France à son budget, tant en impôts sur les sociétés qu’en dividendes : les pertes 2024 et à venir devront d’abord être compensées par autant de bénéfices dans le futur.

La Banque de France, assise au sens propre sur un énorme tas d’or, n’a pas l’intention d’en vendre pour éponger ses pertes, a par ailleurs précisé son gouverneur. La banque centrale allemande a aussi fait état le 25 février d’une perte historique de 19,2 milliards d’euros en 2024, sa première depuis 1979.