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Pour son premier Final 4, Monaco est-il en train de créer une petite hype ?

Le championnat de France n’avait sûrement pas prévu ça. Quelle idée de caler une journée de Betclic Elite à trois jours du Final Four d’Euroligue en Lituanie ? Alors, pour affronter Blois, mardi, Monaco avait envoyé son équipe espoirs, renforcée seulement par Matthew Strazel et Yoan Makoundou, qui ne jouent pas les premiers rôles en Euroligue. Cela a permis à l’équipe première de bien préparer le rendez-vous européen, à commencer par la demi-finale face à l’Olympiakos, ce vendredi.

« On a eu du temps pour préparer cette échéance, ça paraît long, mais c’est très court à la fois, nous a confié Yakuba Ouattara, l’arrière monégasque. On est super excités, comme un peu tout le monde. Il y a un gros engouement autour de ça, parce que c’est quelque chose d’énorme pour le pays de Monaco et le basket français. » Effectivement, aucun club tricolore n’avait plus remis les pieds en Final Four depuis l’Asvel de Delaney Rudd, en 1997. Une époque où seulement deux Américains étaient autorisés par équipe, où le PSG avait un club de basket dans l’élite et où Pau-Orthez était encore une équipe qui luttait pour le titre.

« Il y a quelque chose qui se passe »

Alors, revoir, trente ans après Limoges, une équipe capable de graver son nom au sommet du basket européen, ça vous met quelques petits papillons dans le ventre. A Monaco, la salle Gaston-Médecin diffusera les matchs sur écran géant gratuitement, le Rocher arborera les couleurs de la Roca Team et une petite colonie est espérée en Lituanie pour soutenir Mike James et consorts, moyennant 1.200 € pour les trois jours. Sur le reste du territoire, malgré quelques irréductibles qui résistent encore et toujours aux couleurs rouge et blanc, ça poussera fort derrière Monaco ce week-end.

« Il y a quelque chose qui se passe, et pas seulement à l’échelle de Monaco, on le sent, on le voit, se réjouit Ouattara. On reçoit énormément de messages de soutien des joueurs adverses, de la part du monde du basket en général. » Comparable avec ce qu’avait vécu l’Asvel, à l’époque ?

Cette qualification avait été assez retentissante en France, se souvient Greg Beugnot, l’ancien coach de l’Asvel à la voix toujours autant caverneuse. Des personnalités comme Aimé Jacquet nous avait félicités, tout le monde du sport appréciait notre qualification. Aujourd’hui, je pense qu’il y a pas mal d’engouement derrière Monaco, même s’il y a des mauvaises langues qui disent que Monaco, ce n’est pas la France et patati, patata. Je trouve ça complètement stupide, car ce qu’ils ont fait, c’est un réel exploit. »

Les fans de NBA au soutien ?

Un exploit qui a presque permis de supplanter la NBA, au moment où sont disputés les play-off. Trashtalk, le média référence en la matière, s’est même mis à parler de Monaco, alors que le basket français et européen n’y est que très peu relayé. « Et, niveau audience, ça se répercute pas mal, estime Arthur Baudin, journaliste à Trashtalk. Ça a vraiment bien été accueilli par notre lectorat. Sur Twitter, Monaco revient pas mal au milieu des discussions NBA et ils rameutent pas mal de monde sur l’Euroligue. Je pense que, ce vendredi soir, beaucoup de fans de basket vont se mettre devant la demi-finale. »

Les fans de NBA qui trépignaient de voir le Game 2 entre Boston et Miami dans la nuit de ce vendredi à samedi, vont peut-être jeter un œil curieux sur la demi-finale d’Euroligue. « On peut avoir 10 % de cette population qui ne vit que pour la NBA qui peut se tourner ponctuellement vers le basket européen parce que Monaco est au Final Four », juge Greg Beugnot. Pourtant, rapporte Arthur Baudin, tout ce beau monde ferait bien de se mettre à la page européenne. « Un Final Four, c’est quarante minutes de combat, alors qu’en NBA, t’en es presque à te dire que le match commence au troisième ou quatrième quart-temps. On a vraiment cette notion de combat, de lutte guerrière, presque, avec un public qui pousse, ce qui n’est pas le cas en NBA. »

« C’est vraiment du très beau basket »

Remballez donc vos Jayson Tatum et Jimmy Butler (le temps d’un week-end, au moins), ici on va vibrer avec Mike James, Elie Okobo et Donatas Motiejūnas. D’autant que le jeu pratiqué par les hommes de Sasa Obradovic est enthousiasmant pour tout fan de la grosse balle orange. « C’est une des équipes qui joue le mieux collectivement en Europe, et je ne dis pas ça car je suis chauvin, relève Greg Beugnot. Il y a des déficits à certains postes par rapport à certaines grosses équipes, mais collectivement, qu’est-ce que ça joue bien, qu’est-ce que c’est propre. C’est vraiment du très beau basket. »

Et on ose mettre quiconque au défi de nous dire que le cœur n’a pas palpité lors du match 5 des quarts de finale face au Maccabi, avec un quatrième quart-temps renversant, dans l’enfer de la salle Gaston-Médecin. Les pénétrations d’Elie Okobo, les dunks de Donta Hall, les shoots longue distance de Jordan Loyd, les facéties de Mike James vous feront, sans aucun doute, lever de votre canapé ce week-end.

Et pas que ce week-end, espère Fabrice Jouhaud, le directeur général de la Ligue nationale de basket : « Il y a quelque chose d’ultrapositif et tout le monde espère que ça ne soit pas juste un coup d’éclat, avec une répercussion éphémère. Pour nous, c’est parfait, au moment où nos propres play-off vont démarrer. Même si les salles sont remplies quoiqu’il se passe, ça décuple quand même l’intérêt médiatique global, car des gens, sans aller dans des salles, vont s’intéresser au basket, vont se demander contre qui joue Monaco en play-off LNB. » Ça sera face à Strasbourg. Le premier tour, prévu samedi, a été décalé. Ah, oui, ça aussi, la LNB ne l’avait pas trop anticipé.