France

Pour lutter contre l’asthme allergique, la piste prometteuse d’un vaccin se confirme

Le retour du printemps signe aussi celui des pollens. Ce qui n’a rien de réjouissant pour un certain nombre d’asthmatiques. Cette période est en effet pour eux synonyme du début des ennuis, qui peuvent parfois les conduire à des crises aiguës, voire jusqu’à l’hôpital en raison de difficultés respiratoires importantes. L’asthme est une maladie chronique qui touche 4 millions de personnes en France, dont la moitié des cas ont une origine allergique.

Si pour une bonne partie d’entre eux, un bon coup de Ventoline ou de corticoïdes leur permettent de faire face, pour les cas les plus sévères le traitement est beaucoup plus complexe et contraignant. C’est le cas de celui à base d’anticorps thérapeutiques qui s’avèrent très efficaces.

Ces derniers vont bloquer les cytokines IL-4 et IL-13, des protéines immunitaires qui sont produites chez les sujets allergiques lors des contacts avec des acariens, moisissures ou toutes autres sources allergènes. Or la présence de ce bataillon prêt à combattre l’ennemi venu d’ailleurs n’est pas sans conséquences. Il entraîne des réactions en cascade comme le développement d’une forte toux ou encore une inflammation des voies respiratoires. Injectés par voies intraveineuses ou cutanées, les anticorps monoclonaux vont alors jouer un rôle de régulateurs en ciblant les cytokines.

Traitement actuel coûteux et contraignant

En France, 40.000 à 50.000 patients ont accès chaque année à ce traitement. Mais, en réalité, ils pourraient être dix fois plus nombreux. « Malheureusement, ces anticorps thérapeutiques sont très coûteux : on parle d’environ 15.000 euros par an et par patient. Et avec un besoin de réinjecter les anticorps tous les mois, ce qui est une véritable contrainte pour les patients et l’hôpital », avance Laurent Reber, directeur de recherches au sein de l’Institut toulousain des maladies infectieuses et inflammatoires (Inserm/CNRS/UPS).

Depuis plusieurs années, avec l’institut Pasteur et la société Néovacs, son équipe planche sur le développement d’un vaccin efficace contre l’asthme allergique. « Nous, nous sommes dit que nous allions cibler les mêmes protéines IL-4 et IL-13, mais avec un vaccin pour que notre corps produise ses anticorps et le fasse sur le long terme. Dans le double but à la fois de réduire le coût et le nombre d’injections chez les patients », poursuit le chercheur.

Il y a deux ans, ils ont ainsi fait la preuve de concept chez la souris, montrant qu’il était possible de neutraliser ces fameuses protéines IL-4 et IL-13 avec un vaccin. Avec un taux d’efficacité qui était toujours de 70 % un an après l’injection. Mais, avant de passer à la phase des essais cliniques, il fallait encore prouver qu’il y avait de fortes chances que cela puisse marcher aussi sur l’homme.

« Nous avons utilisé ce que l’on appelle des souris humanisées, des souris dans lesquelles nous avons remplacé les gènes codant pour l’IL-4 et de l’IL-13 murines par des gènes codant pour ces deux protéines humaines », explique Laurent Reber. Les résultats, qui montrent « une très forte protection » du vaccin humain dans ces souris humanisées, viennent de paraître dans la revue spécialisée Allergy.

Tous les voyants sont au vert pour des essais cliniques

L’inflammation pulmonaire de ces souris, leur gêne respiratoire et leur surproduction avaient considérablement diminué. « Sur ces paramètres on a un taux de réponse très fort, on a un taux de protection de l’ordre de 90 % », assure le scientifique.

Un résultat prometteur d’autant qu’il pourrait être élargi à d’autres pathologies d’origine allergique, notamment alimentaire, ou encore la dermatite atopique. Les deux protéines ciblées sont en effet impliquées dans ces pathologies.

Reste que ces résultats demandent désormais à être validés lors d’essais cliniques qui devraient se dérouler en deux temps au cours des prochaines années. La première cohorte de patients retenus testera la sûreté du vaccin, afin de s’assurer qu’il ne présente aucun danger. La seconde cohorte vérifiera son efficacité et la durée de celle-ci. Même si tous les voyants sont au vert, le vaccin ne devrait pas voir le jour avant quelques années