Pompiers, facteurs, éboueurs… Bon gré, mal gré, vous achetez toujours leurs calendriers
Vous les attendez avec impatience ou vous craignez leur passage. Vous donnez avec plaisir ou vous lâchez dix balles à contrecœur. Vous avez vos préférés ou vous prenez tout pour ne pas faire de jaloux. De toute façon, que vous le vouliez ou non, ils se pointeront à votre porte les bras chargés de calendriers à l’esthétique plus ou moins acceptable, les facteurs, pompiers et autres éboueurs. Tradition oblige.
Déjà, on va mettre les choses au clair, seules ces trois professions sont autorisées à faire du porte-à-porte pour fourguer des calendriers. Alors si vous voyez débarquer à votre porte dans cette intention des policiers, agents des eaux ou des techniciens EDF, c’est une arnaque. D’ailleurs quand on dit que c’est autorisé pour les facteurs, pompiers et éboueurs, c’est néanmoins hors de tout cadre réglementaire, l’Etat précisant qu’il s’agit d’une « coutume qui relève du droit commun ». A ce titre, les fameux calendriers ne doivent pas être vendus, mais donnés contre une gratification qui doit être laissée à l’appréciation de l’acheteur.
Très généreux pour les pompiers
Si toutes ces professions nous sont très utiles, il y a toutefois des chouchous pour les lecteurs de 20 Minutes. « J’ai toujours fait un don de 20 euros aux pompiers. C’est aussi pour moi une reconnaissance par rapport à ce qu’ils font tout au long de l’année », explique Claude. « Je ne prends que le calendrier des pompiers car on a toujours besoin d’eux », assure Bertrand. « 20 euros pour les pompiers. Les autres nada », tranche Jules. Et beaucoup d’autres témoignages font aussi état d’une somme moyenne de 20 euros pour les calendriers des soldats du feu.
Contrairement à ce que certains pensent, les pompiers ne se mettent pas dans la poche le fruit de la vente de calendriers. « Ce sont les amicales de chaque caserne qui organisent cette vente et l’argent leur revient, pour améliorer le confort de la caserne ou organiser des sorties ou des repas », explique à 20 Minutes un porte-parole du Sdis du Nord.
Les facteurs s’en tirent bien aussi. Brigitte, par exemple, lâche 50 euros au sien qui « est sympa » et qui lui rend « quelques services ». C’est 20 euros pour Marceau et 10 euros pour Erika. Vincent aussi donne au facteur, mais « pour avoir la paix ». Mésochrone, lui, qualifie ça de « racket » et se dit soulagé que son nouveau facteur ne tente pas de lui fourguer de calendriers.
Des recettes personnelles pour les facteurs
Au contraire des pompiers, la vente de calendriers est de « l’initiative propre des facteurs », assure La Poste qui tolère cette pratique ainsi que l’utilisation de son logo. Chaque facteur fait imprimer les calendriers à ses frais et garde pour lui le produit des ventes qui n’est d’ailleurs pas soumis à l’impôt. Ce business très lucratif est aussi un peu opaque. Plusieurs imprimeurs de calendriers auprès desquels se fournissent les facteurs ont refusé de nous répondre, notamment sur les prix pratiqués. Pour autant, si l’on estime qu’un tiers des 39 millions de possesseurs de boîtes aux lettres donne en moyenne 7,50 euros pour un calendrier, on frôle les 100 millions d’euros de recettes. Un chiffre d’ailleurs avancé par Le Monde en 2019.
Restent les éboueurs, bien malheureux car de plus en plus de collectivités leur interdisent la vente de calendriers. De nombreux lecteurs nous ont d’ailleurs fait remarquer qu’ils ne passaient plus. Ce n’est pas le cas pour Doriane, Erika ou Patrick, qui donnent 10 euros pour les colleteurs d’ordures ménagères, ou Didier, qui lâche un billet de 20.
Lire notre dossier sur les arnaques
Jean-Pierre achète aussi le calendrier des éboueurs, mais « à contrecœur », comme Vincent, pour ne pas risquer les fâcher. Parce que certains imaginent d’éventuelles représailles, à l’image de ce qui est arrivé à Epinay-sous-Sénart, dans l’Essonne, en 2021. Selon Le Progrès, des habitants ayant refusé d’acheter le calendrier des éboueurs avaient tout simplement constaté que leurs poubelles n’étaient plus vidées.