Pologne, Roumanie, Estonie, Groenland : missions de l’armée française pour l’Otan en hausse
Le détachement de trois Rafale français affecté à la Pologne dans le cadre de l’opération « Eastern Sentry » a déjà effectué « un total de douze missions, ce qui représente vingt-quatre sorties aériennes ». Au total, 68 militaires français ont rejoint la base de Minsk Mazowiecki, à une cinquantaine de kilomètres de Varsovie.
Un peu plus de deux semaines après son déploiement, le détachement de trois Rafale français envoyé en Pologne dans le cadre de l’opération « Eastern Sentry » de l’Otan a déjà réalisé « un total de douze missions, ce qui représente vingt-quatre sorties aériennes », a déclaré en fin de semaine dernière l’état-major des armées.
Suite à l’intrusion de drones russes dans l’espace aérien polonais durant la nuit du 9 au 10 septembre, Emmanuel Macron avait décidé, le lendemain, de renforcer la contribution française au dispositif de protection de l’espace aérien de l’Alliance Air Shielding en envoyant trois Rafale. Coïncidence, les trois avions étaient déjà en Pologne depuis quelques jours dans le cadre d’un exercice de l’Otan, « ACE » (Agile Combat Employment).
### Un détachement de 68 militaires français
« Ces avions de combat sont configurés pour faire face à toute menace et [ont] pour mission de patrouiller aux côtés de leurs partenaires de l’Alliance dans une manœuvre coordonnée et totalement intégrée », indique l’état-major des armées. Sur les images fournies par le ministère des armées, ces appareils, des Rafale B de l’Escadron de chasse 2/4 « La Fayette » de Saint-Dizier (escadron de la dissuasion nucléaire stratégique française), portent des missiles air-air Mica. Ils ne sont évidemment pas porteurs de l’arme nucléaire.
Ce renforcement a également impliqué l’envoi en Pologne par A400M d’un détachement de personnel, d’un lot de manutention et de munitions. Au total, 68 militaires français ont intégré la base de Minsk Mazowiecki, située à environ cinquante kilomètres de Varsovie.
Les missions des équipages français consistent à détecter les drones hostiles, à les identifier, à transmettre l’information et, si nécessaire, à les neutraliser à l’aide de leurs missiles Mica ou avec le canon de 30 mm installé sur les Rafale. Les avions ont déjà été engagés dans des « alertes réelles », ou « alpha scramble », dans le cadre de cette opération, notamment lors de la détection de drones au-dessus du territoire ukrainien, se dirigeant vers la Pologne. Toutefois, ces derniers n’ont finalement pas franchi la frontière. L’opération « Eastern Sentry » mobilise, en plus des Rafale français, des Eurofighter allemands et britanniques ainsi que des F-16 danois.
« Dès les premières heures de l’agression russe en Ukraine en février 2022, la France a déployé ses avions de combat sur le flanc est de l’Europe », rappelle le ministère des armées. « Elle a depuis lors continué à participer à l’ensemble des mécanismes d’assurance de l’Otan en Roumanie, en Estonie et dans d’autres pays baltes, notamment à travers les missions *enhanced Air Policing* ».
### Formation de combat au corps à corps pour l’armée ukrainienne
On ne le sait pas forcément, mais la France est constamment présente sur le flanc oriental de l’Europe, que ce soit pour des missions de surveillance au profit de l’Otan ou des exercices, contribuant ainsi au « renforcement de la posture dissuasive de l’Otan ». Elle fournit également une formation militaire, notamment à l’armée ukrainienne.
Les forces françaises sont actuellement déployées à plusieurs endroits clés. Ainsi, toujours en Pologne, « la France maintient son engagement en soutien à la mission d’assistance militaire de l’Union européenne, EUMAM », au profit des forces armées ukrainiennes. Cette contribution « s’est matérialisée (la semaine dernière) par la poursuite des formations de chef de groupe d’infanterie, de reconnaissance et de combat au corps à corps », indique le colonel Guillaume. « Dans le domaine du Génie, des instructions au déminage ont également été menées ».
En Roumanie, « à Constanța, un avion de patrouille maritime Atlantic 2 est déployé depuis le 7 septembre pour mener des missions de surveillance ». Les armées françaises y ont réalisé des vols de patrouille maritime en mer Noire, au-dessus des eaux territoriales roumaines et bulgares.
« Ce déploiement témoigne de la volonté de la France de garantir la sûreté maritime et de réaffirmer la liberté de navigation dans la région ».
### Des exercices militaires jusqu’au Groenland
En Estonie, les forces françaises participent à l’exercice Pikné25. « Cet exercice majeur, mené au sein des Estonian defence forces et avec des militaires américains et britanniques, met en avant l’interopérabilité des forces de l’Otan », explique le colonel Guillaume.
En mer du Nord, l’exercice Neptune Strike a commencé lundi dernier. Une frégate multimissions française (Fremm) a rejoint trois bâtiments de la marine américaine, dont le porte-avions *USS Gérald Ford*, ainsi que plusieurs unités alliées. « Cet exercice inclut notamment des séquences de lutte anti-aérienne et anti-surface, ainsi qu’un exercice de tir de missile de croisière ».
Enfin, au Groenland, considéré comme une région stratégique en forte concurrence, le bâtiment de soutien et d’assistance métropolitain (BASM) Garonne participe à l’exercice Arctic Light 25 organisé par le Danemark. Un A330 MRTT de l’armée de l’air a réalisé des ravitaillements en vol pour les avions danois. Au sol, un groupement commandos de montagne (GCM) de l’armée de Terre, équipé de drones, a été intégré au sein d’une unité danoise.

