Pollution en Ile-de-France : Près de 7.000 cas d’asthme chez les enfants pourraient être évités
«J’ai trois enfants dont une qui n’avait jamais fait d’asthme. Mais après le mois de janvier 2024, elle a commencé à en faire », raconte Patricia, qui habite avenue Jean-Moulin, dans le 14e à Paris. Des travaux dans son quartier ont engendré un report de trafic important sur sa rue, où les taux de pollution se sont mis à dépasser quasi toute la journée les normes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Pour ces habitants et habitantes, ces normes ne sont pas qu’un chiffre sur du papier. Ils en voient les effets concrets, à l’instar d’Airparif, qui publie une nouvelle étude sur le sujet. Selon cette association francilienne indépendante de surveillance et d’information sur la qualité de l’air, près de 6.900 cas d’asthme chez des enfants pourraient être évités chaque année en Île-de-France en abaissant les niveaux de pollution de l’air sous les seuils recommandés par l’OMS.
Et il ne s’agit pas que d’asthmes. « Chaque année, plusieurs dizaines de milliers de cas d’AVC, d’asthme, d’infections respiratoires, de cancer du poumon, de broncho-pneumopathie chronique obstructive, d’infarctus du myocarde, d’hypertension artérielle et de diabète de type 2 pourraient être évitées en abaissant fortement les concentrations de polluants de l’air, au niveau des seuils recommandés par l’OMS sur toute la région » note Airparif.
18 % des cas d’asthme chez les enfants
Bien qu’elle se réduise, la pollution de l’air est encore responsable de 7.900 décès prématurés par an en Île-de-France, notait Airparif en 2024. Mais les données sur les maladies chroniques étaient moins connues, et pas encore chiffrées aussi précisément. En Île-de-France, si l’on réduisait les particules fines générées principalement par le chauffage au bois et le trafic routier aux niveaux de l’OMS, on éviterait ainsi 590 cancers du poumon, 1.360 accidents vasculaires cérébraux (AVC), 920 infarctus aigus du myocarde ou encore 16.590 cas d’hypertension artérielle.
La pollution de l’air serait responsable d’une bonne partie de ces maladies, par exemple de 6 % des diabètes de type 2 et de 18 % des cas d’asthme chez les enfants, les plus exposés car ils sont plus près des pots d’échappements et que leur système est plus fragile.
Un pédiatre confronté aux crises d’asthme
Une réalité dont est bien consciente Patricia. Selon une étude du laboratoire de mesure Plumelabs, commandée par l’association des habitants et riverains du quartier Jean-Moulin, l’avenue parisienne dépassait le seuil journalier de l’OMS pour le NO2 entre 5 et 7 jours par semaine en février 2024. Ses trois enfants ont été impactés. Outre que l’un d’entre eux, qui ne faisait jamais d’asthme, s’est mis à en faire, celui qui avait un terrain asthmatique s’est mis à faire des crises toutes les nuits. « On a dû se relever toutes les nuits pour lui donner de la ventoline. J’ai vu le pédiatre à ce moment-là qui m’a dit qu’il ne voyait que ça, des enfants avec de l’asthme, depuis le report de trafic », explique-t-elle.
Notre dossier pollution de l’air
La pollution de l’air a des effets très concrets sur les maladies chroniques, et coûte cher aussi. Près de 2,1 milliards d’euros de pertes pourraient être évitées, selon Airparif, si on abaissait les taux de pollution autorisés.