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Pokémon : « Je ne travaille pas, je vis de ma passion »… Théo est devenu collectionneur-entrepreneur

À 26 ans, Théo Gillet est un visage connu dans l’univers des collectionneurs de Pokémon. Derrière son air détendu et son sourire communicatif se cache un entrepreneur déterminé qui a su faire de sa passion d’enfance une véritable carrière. Pour 20 Minutes, il ouvre son Pokédex.

Dès le départ, son projet suscite des doutes, notamment au sein de sa famille. Théo explique qu’il n’a pas été pris au sérieux par ses proches, « qui voyaient ça comme un passe-temps, pas comme un vrai projet professionnel ». Déterminé, le jeune homme leur présente « les gains potentiels et les débouchées du milieu ». Résultat ? « Maintenant, ils sont fiers de mon parcours et de mon entreprise Collectoyzz. » Créée en septembre, sa société d’achat-revente est présente sur les réseaux sociaux, en ligne, sur la plateforme d’enchères en ligne Whatnot et lors de salons spécialisés. « Rencontrer mes clients me permet de rendre mon métier concret », détaille le jeune Lyonnais.

Des milliers d’euros en jeu

C’est ce contact humain que Théo recherche à travers son activité. Comme quand il était enfant et qu’il échangeait ses cartes dans la cour de récré, aujourd’hui, le jeune homme aime toujours « discuter, partager avec les autres passionnés, petits et grands ». « L’univers de Pokémon est toujours actuel pour la nouvelle génération », se réjouit-il. Plus qu’un divertissement pour enfants, « c’est un monde complet, avec des jeux vidéo, des cartes à collectionner, des figurines… » En riant, Théo raconte rencontrer des parents « qui se sont retournés dans le monde des Pokémon à travers la collection de leurs enfants ».

Mais, collectionner, « ce n’est pas juste accumuler des cartes, il faut se fixer des objectifs, échanger avec d’autres passionnés et consacrer du temps à chercher les pièces rares ». Parmi ses trésors, une boîte scellée de la série « Soleil & Lune, Tempête Céleste », qu’il a mis plus d’un an à acquérir. « Elle m’a coûté près de 7.000 euros, mais pour moi, elle a une valeur sentimentale inestimable. »

Comme les collections de timbres ou les pièces de monnaie, Pokémon est soumis aux fluctuations de l’offre et de la demande. « Certains produits peuvent prendre beaucoup de valeur avec le temps, ça reste un domaine imprévisible », constate le collectionneur-entrepreneur.

Attention, contrefaçon !

D’autres risques sont bien réels, comme les vols lors de conventions ou les pertes liées à la livraison. « Pour les objets de grande valeur, je préfère me déplacer moi-même, perdre des centaines d’euros en train, plutôt que risquer le vol de milliers d’euros », témoigne Théo. Autre point de vigilance pour les collectionneurs, la contrefaçon. « Aujourd’hui, les fausses cartes sont de mieux en mieux faites », déplore le collectionneur, pour qui même les expérimentés peuvent « se faire avoir ».

Le jeune homme, lui, veut « éduquer les gens à reconnaître les vraies cartes pour éviter les arnaques et leur transmettre la passion ». La sienne a démarré très jeune quand il accompagnait sa grand-mère à la boulangerie. « À la fin de la semaine, elle m’offrait un booster [une pochette scellée contenant des cartes « mystères », inconnues avant le déballage du paquet] ». Des moments inoubliables, ciment de son attrait pour l’univers de Pokémon.

L'entreprise de Théo, Collectoyzz, réalise de l'achat-revente de cartes Pokémon.
L’entreprise de Théo, Collectoyzz, réalise de l’achat-revente de cartes Pokémon. - Théo Gillet

« L’enfant que j’étais serait fière de ce que je suis devenu »

Si Théo en a toujours collectionné des cartes Pokémon, ado, il ne s’imagine pas en vivre et se dirige vers un cursus commercial après le baccalauréat. En parallèle de son alternance, il fréquente brocantes et vide-greniers pour étoffer sa collection. D’abord en « passe-temps », jusqu’au jour où, diplôme en poche, il décide de sauter le pas. « J’avais un bon stock et je me suis dit : si je ne me lance pas maintenant, je le regretterai toute ma vie. »

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Il crée donc Collectoyzz, pour « professionnaliser ce que je faisais déjà : vendre des cartes, des produits scellés et partager cette passion avec d’autres collectionneurs ». Aujourd’hui, « je ne travaille pas, je vis de ma passion. Et ça, c’est une chance immense. » Il rêve d’agrandir son entreprise, de développer son site Internet, d’organiser des événements pour fédérer la communauté des collectionneurs et d’ouvrir une boutique physique. « Pokémon, me permet de construire quelque chose de concret dans un domaine qui me fait rêver. Quand je regarde en arrière, je me dis que l’enfant que j’étais serait fier de ce que je suis devenu. »