France

Poitou-Charentes : « C’est un 49.3 écologique sur les bassines », estime un opposant à la veille d’une mobilisation

A l’heure de la sécheresse en hiver, les projets de bassines, ces retenues d’eau destinées à l’irrigation de certaines exploitations agricoles en été, sont plus que jamais sur la sellette. Le collectif Bassines non merci, les Soulèvements de la terre et la Confédération Paysanne appellent à un rassemblement festif, samedi, dans le Poitou, pour protester contre ces projets d’accaparement de l’eau.

Plus de 50 organisations locales et nationales participeront et de nombreux élus locaux, notamment écologistes et de la France Insoumise, ont annoncé leur venue en Poitou Charente. Dans le même temps, la préfecture de la Vienne a pris des arrêtés, notamment pour interdire les manifestations sur les périmètres autour des bassines de Sainte-Soline et de Mauzé-sur-le-Mignon.

Tracteurs et convois collectifs dans tout l’ouest

Tracteurs et autres engins agricoles venus de la Vienne, de la Haute-Vienne, du Maine-et-Loire et de Loire-Atlantique vont converger vers Lusignan, une commune de la Vienne en bordure des Deux-Sèvres. « Après on organise un ralliement à la zone de campement pour qu’ils puissent être présents sur place pour la manifestation du lendemain, le samedi, dans un lieu qui n’est pas encore communiqué », précise Nicolas Girod, porte-parole de la Confédération Paysanne.

La préfecture a pris une série d’arrêtés pour interdire les manifestations autour des deux bassines du secteur, « compte tenu des violences et destructions constatées lors des dernières actions des mêmes collectifs et afin d’éviter tout risque de troubles à l’ordre public », annonce le préfet de la Vienne, dans un communiqué. Le préfet a aussi annoncé « un renforcement de la présence de la gendarmerie, de jour comme de nuit, avec une intensification des patrouilles ».

Des dispositions qui sont loin d’intimider des organisateurs, dont l’un des porte-paroles a été placé sous contrôle judiciaire. Il l’avait déjà été avant la mobilisation en octobre à Sainte-Soline, les organisateurs se disent « habitués ». Le samedi, les opposants aux réserves d’eau sont appelés à se rassembler à partir de 10 heures. « On essaie de les guider pour les faire arriver de manière collective jusqu’au site, explique Nicolas Girod. Des convois de voitures sont organisés depuis plusieurs villes de l’ouest de la France. « Une Info line avec des indications en direct permettra aussi d’informer les gens sur les secteurs où ça bloque, ajoute le porte-parole de la Confédération Paysanne. On veut que tous ceux qui veulent manifester puissent le faire en sécurité. »

De 15 à 30.000 personnes attendues

« Ce qui est sûr c’est qu’on sera encore plus nombreux que la dernière fois à Sainte-Soline, assure Nicolas Girod. On s’est fixé entre 15.000 à 30.000 personnes comme objectif ». Le contexte climatique va dans ce sens puisqu’il y a « une urgence que tout le monde visualise », notamment avec la sécheresse qui a sévi en plein hiver et le niveau inquiétant des nappes. « Il y a aussi une convergence des milieux sociaux et écologiques, ajoute-t-il. Quelque part, on ne peut pas accepter de vivre un 49,3 écologique sur les bassines car c’est ça qui est en train de se passer ici. Il y a un déni de démocratie et on repousse toutes les discussions. »

Dès vendredi soir, des débats sur l’eau en présence de délégations internationales seront organisés et après la grande manifestation de samedi, suivront le soir des concerts, toujours à Melles. Et enfin dimanche, la journée est consacrée à des échanges, débats notamment sur la politique de l’eau et l’agriculture industrielle. Autour du site de la manifestation, non encore communiqué, des gestes de désobéissance civile et d’exemple d’agriculture paysanne pourraient aussi émerger.